Irlande-France, un soir de septembre, on entendait le train venu faire vibrer la tribune de Lansdowne Road quand Titi Henry marqua d’une superbe frappe enroulée.
Les journalistes s’enflamment, la public en redemande. Voilà enfin « Le Match Référence ». Je ne partage pas cet enthousiasme si français, qui a tendance à embellir dans la victoire. D’ailleurs les joueurs ne se mouillent pas. Au niveau défensif et tactique, on a vu qu’on pouvait voyager chez des hôtes peu hospitaliers et metttant une pression étouffante, et plier sans casser, et ça devrait suffire pour passer le tour, sauf oubli des fondamentaux. Surtout si nos meilleurs joueurs s’amusent à sauver la patrie sur des exploits individuels. Mais il va falloir d’autres arguments offensifs pour prétendre faire peur au gotha: du mouvement, des combinaisons, en plus de la grinta, de la solidarité entrevues hier. Les mouvements offensifs, malgré le but Titiesque, manquent encore de fantaisie, de jouerie et de prise de risque. Mais chaque chose en son temps. Goutons ce succès à l’arrachée comme il se doit, mais sans verser dans la béatitude.
Un groupe n’est pas né hier, mais il vient sûrement de grandir. C’est plutôt une transition bien négociée, une croissance accélérée. A souffrir ensemble on se connaît mieux. Chaque bleu est peut-être rentré d’Eire plus sûr de son mental, et de celui de son collègue, et c’est une bonne base. D’ailleurs les bleus ont fait le cri de la victoire ensemble dans les vestiaires, et c’était la première fois depuis Domenech. A n’importe quel niveau il y a des actes symboliques pour un groupe qui ne trompent pas. Est-ce que ça aurait été la même chose si les bleus n’avaient pas été au pied du mur. Les points perdus l’année dernière étaient peut-être indispensables à ce prise conscience, cette révolte en interne.
Une des satisfactions de la soirée réside également dans le comportement des bleus à la sortie de Zidane. Contre les Féroé ils ont eu vingt minutes de flottement. Mais hier ils n’y avaient pas droit. Et ça s’est plutôt bien passé. L’équipe est restée soudée, compacte, et a su garder la tête froide, temporiser quand il fallait, et dégager où il fallait. Il faut à tout prix limiter la zidane-dépendance, l’histoire récente nous l’a démontré.
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