Le football est un sport qui se joue à 11, et à la fin, ce sont les Roumains qui perdent.

Les colonnes de Parlons Foot vous sont ouvertes. Voici une contribution de PJ, à propos d’un football qui lui tient particulièrement à coeur : le football roumain.

« Un cauchemar », « Ils nous ont détruits », « Tragédie », voilà ce que l’on peut lire aujourd’hui dans les journaux roumains au lendemain de la défaite du Steaua Bucarest à Middlesbrough. Ces titres ressemblent fort à ceux lus après l’élimination de la Roumanie en 1994 face à la Suède (au penaltys après avoir mené 2-1). De nouveau, une équipe roumaine est éliminée après un parcours superbe et surtout, après avoir eu le match en main.

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La Roumanie, de par son histoire, sa culture, est-elle vouée à l’échec ? J’espère de tout mon cœur le contraire, mais après de longues discussions avec des Roumains, il semblerait que ces derniers ne seraient pas faits pour la victoire. Les raisons suivantes ont été évoquées.

La Roumanie est encore un pays jeune, indépendant en 1878 seulement. Le peuple roumain en tire le sentiment d’avoir toujours été opprimé. Dirigés successivement par les Romains, les Ottomans, les Austro-hongrois, les Russes ou le couple Ceausescu. Les Roumains n’ont pas aujourd’hui une mentalité de guerriers. La résignation domine. Hier soir, les Bucarestois n’ont pas été dominateurs. Même à 2-0, la pression a semblé les bloquer, les empêcher de jouer court, vite, comme ils l’ont fait au match aller, ce qui leur avait permis de battre assez facilement des anglais dépassés. Le jeu d’hier s’est résumé à de longs ballons, trop rapidement rendus à l’adversaire qui, en bon britannique, n’a jamais perdu l’espoir. Et ce point a été fatal. A 2-1, l’issue du match semblait déjà inévitable. Les Anglais ont gagné le match, mais se sont surtout les Roumains qui l’ont perdu.

C’est également ce complexe d’infériorité qui pousse les joueurs roumains à quitter leur pays pour signer dans des clubs de championnats équivalents, voire plus petits (Ukraine, Chypre, Turquie mais aussi Chine ou Corée du Sud !), ou chez des seconds couteaux suisses, allemands ou espagnols. Très peu réussissent (Moldovan, Mutu, Chivu) mais beaucoup échouent et perdent leur niveau (Raducanu, Neaga, Alexa…). Les différences de salaires ne sont pourtant pas toujours grandes, mais l’envie de quitter le pays est très présente en Roumanie, chez les footballeurs comme chez tous les jeunes Roumains. La formation roumaine, bien que manquant d’argent, arrive à avoir des résultats, mais les choix de carrière des jeunes joueurs ne sont parfois pas les bons.

L’autre grande raison culturelle est le « délire » de persécution dont les Roumains pensent être victimes. Jadis forte sur le plan international, la Roumanie est devenue un petit pays parmi d’autres, qui ne jouit d’aucune reconnaissance dans les pays d’Europe de l’Ouest. Les Occidentaux les prennent même pour des Slaves, sacrilège suprême ! Cette semaine, la presse s’est déchaînée sur Lubos Michel, l’arbitre du match d’hier. « Revoyez le penalty inventé par Michel pour les Norvégiens » (lorsque ces derniers ont éliminé la Roumanie du Championnat d’Europe 2000), Michel a arbitré tel ou tel match que les Roumains ont perdu… Cette campagne continue encore aujourd’hui puisque les journaux critiquent unanimement le Slovaque pour n’avoir pas sifflé un penalty « évident » , « clair comme la lumière du jour », à la 94ème minute. Cette paranoïa, fondée ou non selon les opinions, est omniprésente dans la presse et les médias. Gigi Becali, le président du Steaua, ou Gheorghe Hagi, l’entraîneur du Poli Timisoara, critiquent l’arbitrage après chaque match, gagné ou perdu. La persécution, sport national ? Oui, m’ont dit les Roumains rencontrés en France.

A coté de ces questions culturelles existent évidemment des questions plus sportives. Becali est-il attiré par le sport ou l’argent est-il le seul motif de sa venue au club ? Je ne saurais pas répondre à cette question universelle, puisque valable pour Abramovitch, Murdoch, Mister Kia ou encore Aulas. Pourquoi, avec le niveau des joueurs présents, l’équipe nationale n’est-elle pas présente dans un tournoi international depuis 1998 ? Entre guerres intestines, ambitions personnelles et autres problèmes internes, le Fédération Roumaine de Football a du mal à obtenir des résultats avec son équipe phare. Les réussites diverses des joueurs roumains font que le niveau de l’équipe est parfois trop hétérogène, entre les lignes ou entre titulaires et remplaçants. La encore, je ne suis pas le mieux placé pour avoir des solutions.

Je voudrais dire que ceci n’est qu’un constat. J’essaie d’être le plus objectif possible dans la présentation de mes idées, et je ne cherche surtout à n’offenser personne. J’aime la Roumanie de tout mon cœur, mais aujourd’hui encore, j’ai très mal.

PJ

 
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A mon avis, etant roumaiin, je pense qu’il s’agit d’une probleme de mentalite et deuxiememant c’est l’entreineur Lucescu qui a mis des joueurs qui n’ont pas joue chez leurs clubs, des preferences personelles de l’entreineur gitan qui conduit une equipe nationale : Florescu, Deac, etc. Dans le Liga 1 il y a beaucoup des joueurs en forme qui peuvent montrer quelquechose, si t’as vu , par exemple Rapa, qui a eu une bonne prestation, ou bien encore Torje. Mais l’etniques roms continuent a nous faire mal :)
Je suis curieux comment vont ils jouer demain face au Luxembourg, parceque le psihique est tres mal maintenant.
Salutations

par alexandru, 29.03.2011 à 05h28   | Citer