le 11 mai 2006 à 0:48Les Bleus peuvent-ils vraiment gagner la Coupe du Monde?

Ce n’est pas moi qui pose la question, mais Bruno Godard, puisqu’il s’agit du titre de son livre paru aux éditions Hugo et Compagnie. Livre pas vraiment consensuel et politiquement correct. A la question de savoir comment l’ouvrage a été accueilli, l’auteur a répondu dans Le Temps du 2 mai que « Parmi la presse sportive, personne n’en a parlé, ni en bien ni en mal. Je ne suis pas étonné, au contraire. Dans les milieux du football, il semble que Raymond Domenech et Thierry Henry soient fous de rage. Mais d’autres joueurs, aussi, sont soulagés. »

Henry, qui selon les statistiques n’aurait jamais marqué sur une passe décisive de Zidane et qui donc aurait depuis longtemps cherché à jouer sans lui, Zidane qui de son côté ne connaît que la droiture et l’humilité, Domenech, qui, « n’ayant pas beaucoup d’idées dans son sac de sport », commence par prendre une série de mesures toutes plus pathétiques les unes que les autres… Tout le monde, joueurs, sélectionneurs, officiels, est passé en revue.

Pour vous faire une petite idée et peut-être vous donner envie d’en lire plus, ou au contraire de vous mettre en rage comme Domenech et Henry qui en prennent pour leur grade, voici quelques extraits.

A propos de la blessure de Zidane en match amical contre la Corée du Sud, à 4 jours du début de la Coupe du Monde de 2002
« Si on me le demande, je préfère ne pas jouer cette rencontre, continuer à me reposer et à travailler pour être prêt contre le Sénégal. Mais je crains qu’on ne me le demande pas. » … Zinédine Zidane a joué pour respecter le contrat signé entre la FFF et LG, la multinationale qui a organisé cette rencontre. Ou plutôt acheté cette rencontre un peu moins de 250′000 euros. Il fallait faire descendre le dieu dans l’arène.

Quand l’auteur se demande où sont passés les vrais amoureux du foot…
…je n’étais pas le premier dans les boums du mercredi après-midi. Je n’étais qu’un footeux. A l’adolescence, tout s’est encore accéléré et il ne fallait pas manquer de courage pour affirmer que l’on aimait le football. Si vous avez plus de 30 ans, je sais que vous me comprenez. Si vous êtes plus jeune, vous devez être étonné. Car 1998 est passé par là. Le 12 juillet a tout changé. Ce jour-là, Zidane et les siens rendent le football glamour et sexy. Ce jour-là, on nous vole un peu notre passion. Tout le monde se met à suivre le football et y va de ses commentaires. Certains, et surtout certaines, ne comprennent toujours pas la règle du hors-jeu mais se permettent de donner leur avis sur le jeu.
…
Dans les tribunes, les hommes d’affaires sont arrivés en masse. Aller au stade est devenu chic. Au risque de passer pour un infâme conservateur et un immonde macho, je dois avouer que j’ai très mal vécu cette période où nous n’étions plus entre nous.

Sur les femmes des joueurs à l’époque…
Il y a trente ans, le club fournissait tout à certains joueurs. Une maison, une voiture, un frigidaire, une télévision… et une femme. On la choisissait jolie mais pas trop, gentille, bonne ménagère pour être sûr que le joueur, les veilles de match, mange à sa faim et ne s’épuise pas dans les bras torrides d’une maîtresse d’un soir. Un enfant venait très vite pour stabiliser le joueur dans la région.

…et aujourd’hui, selon un journaliste sportif cité par l’auteur
« Franchement, ça nous amusait plutôt, quand, dans une interview, un joueur nous parlait de son équilibre familial et qu’on l’avait vu la veille peloter une femme qui n’était pas la sienne. Mais après tout, quelle importance. Cela n’influe en rien sur leurs résultats et un joueur de foot est un homme comme un autre. Et puis, tout se passait entre adultes consentants… Cela a toujours existé. Avant, les joueurs fréquentaient les miss Poitou-Charentes, maintenant ce sont des bombes slaves. C’est aussi ça, la mondialisation! »

Après l’échec de l’Euro 2004, à propos des clans que Santini a laissé s’installer
On ne peut pas laisser s’installer autant de mini-groupes sans provoquer des étincelles. C’est sans doute pour cela que Thierry Henry et Robert Pirès en sont presque venus aux mains lors d’une séance d’entraînement un peu trop musclée au début de l’Euro. Jaques Santini ne se gêne pas pour parler, à mots couverts, de l’Euro catastrophique d’Henry. Mais au-delà du joueur, c’est surtout l’homme qui a déçu le sélectionneur des Bleus. Jaquot n’aime pas les arrivistes, les divas et les gens qui fuient leurs responsabilités. Et pour lui, Henry fait partie de ces trois catégories.

Comment Domenech a réussi son oral en 2004 après qu’il n’ait pas été retenu en 2002
Là, Raymond est déguisé en type sérieux. Raymond le rebelle s’est transformé en Raymond l’élégant. Tout un programme… Il vient au siège de la FFF avec « un projet de victoire pour les Bleus ».
…
Et puis Raymond était aussi féru d’astrologie. On raconte que, pour certains matchs, il n’alignait pas certains joueurs parce que leurs planètes n’étaient pas au mieux. « Je ne travaille pas que sur l’astrologie. Elle vient en bout de chaîne, une fois que tous les paramètres classiques sont vérifiés. Mais elle peut avoir une influence sur mes décisions », justifiera-t-il.

Domenech et ses joueurs
Les anciens vénéraient Jaquet, respectaient Lemerre et supportaient à peine Santini. Mais là avec Domenech, ça ne passe pas du tout.
Selon nos informations, Lilian Thuram a surnommé Domenech « l’imposteur ». … Pour le défenseur de la Juve, Domenech n’existe tout simplement pas. Ludovic Giuly, lorsqu’il était encore dans le groupe France, l’appelait « l’autre ». … Zidane, lui, ne prononce jamais son nom. … Dans les faits, on peut affirmer qu’aucun des membres du groupe n’aime Raymond Domenech.

Alors, peut-on dire que Bruno Godard est pessimiste pour la prochaine Coupe du Monde? Pas forcément, puisque le titre de son dernier chapitre est « On peut gagner sans s’aimer ». Certainement! Il n’empêche que pour la rencontre du 13 juin entre une Suisse dont les joueurs s’entendent bien et apprécient leur sélectionneur et la France, j’ai beau ne pas être astrologue, je vois bien sûr une victoire de Senderos et co.

Ce livre est plaisant à lire. L’auteur est un vrai amateur de football et ne lésine donc pas sur les formules assassines quand il a l’impression qu’on veut lui abîmer ce foot qu’il adore et qui le fait rêver depuis son enfance.

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