Un pari presque réussi

La Tunisie s’est inclinée lors de vingt dernières minutes fatidiques pour elle alors qu’elle avait tenu bon jusque là.

Soixante-dix minutes d’engagement, d’abnégation et de courage mais ça n’a pas suffit.
Au-delà du match, il vaudrait mieux s’attarder sur les raisons qui font que cette équipe de Tunisie s’est faite rattrapée et distancée deux fois, dont l’une de manière irrémédiable, lors de ce mondial.

Sans revenir sur le match de l’Arabie Saoudite, observons le scénario du match contre l’Espagne.

Pour une fois, Lemerre a pris des risques en alignant son équipe type malgré les cartons jaunes synonymes de suspension pour trois joueurs clefs (Hagui, Chedli et Bouazizi) et il a eu de la chance puisque aucun d’eux n’en a pris un deuxième.
Il faut avouer que cette crainte était perceptible chez les joueurs eux-mêmes qui n’ont pas eu leu rendement défensif habituel.

L’Espagne est largement supérieur à la Tunisie et cela personne ne peut le nier mais un gros match avec une performance à la clef n’est jamais impossible.

Avec son meilleur quatuor défensif, un « libéro de la défense » de classe comme Mnari, quatre milieux généreux dans l’effort et pas vraiment doué pour la construction et devant un poison en la personne de Jaziri, Lemerre a adopté une tactique bien connue et souvent efficace dans ce genre de rencontre : Marquer puis tenir ou tenir puis marquer (c’est au choix)

C’est la première option qui a été choisie par les tunisiens puisque Mnari a réussi à tromper Casillas d’entrée. Ce but fut le fruit du travail de Jaziri qui a réellement fait souffrir Puyol lors des vingt premières minutes.

A partir de là il fallait tenir et c’est ce que les tunisiens ont réussi à faire durant les quarante cinq premières minutes grâce à une grosse débauche d’énergie. Les alertes fuirent néanmoins nombreuses sur les buts de Boumnijel et les espagnols, par un manque de lucidité étonnant, les ont toutes ratées.

Sans s’attarder sur la deuxième mi-temps, essayons d savoir pourquoi les tunisiens n’ont pas tenu jusqu’à la fin du match.

La principale raison est la qualité des espagnols. Quand on a Xavi, Torres et sur le banc Raul et Fabregas sans oublier Reyes, on peut dynamiter n’importe quelle défense.

Il y a aussi d’autres raisons moins évidentes pour ceux qui ne suivent pas vraiment le football tunisien.

-La majorité des tunisiens sont des remplaçants, au mieux, dans leurs clubs respectifs et n’ont pas les moyens physiques pour lutter sur un rythme élevé comme ils auraient dut le faire.

-La liste de Roger Lemerre ne comprend aucun milieu de terrain créatif et doué techniquement ce qui lui permettrait de garder le ballon et enter de prendre la maîtrise du jeu. La possession de balle était de 35% pour les tunisiens et dans le football, on ne peut pas jouer sans ballon. Malheureusement ce profil n’existe que chez les joueurs locaux et Lemerre leur est allergique.

- La sortie de Ayari est une erreur gravissime. Premièrement parce que la liste ne comprend qu’un seul arrière gauche de métier, l’autre, blessé, fut remplacé par Gmamadia. Deuxièmement parce que Yahia n’est pas vraiment un joueur compétitif puisqu’il ne joue presque jamais avec l’ASSE et qu’il n’a pas les qualités requises pour jouer à gauche (parfois je me demande s’il a les qualités pour jouer tout court)
L’argument qui voudrait que Ayari fût sorti à cause d’un carton jaune ne tient pas car dans ce cas il faudrait autoriser 6 changements dans cette coupe du monde vu le nombre de cartons distribué par match.

Pour résumer, Lemerre :
- ne s’est pas donné les moyens dans sa liste pour joueur ce genre de matchs.
- n’a pas su user des rares solutions sur le banc qui, on le rappelle, est à l’image de ses choix.

Les chances de la Tunisie n’ont pas disparues puisqu’il lui faut une victoire face à l’Ukraine pour passer…et ça on le savait bien avant la coupe du monde.

 
CM 2006

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