le 1 janvier 2007 à 19:27L’intégration dans l’UE, une aubaine pour le foot roumain

La Roumanie a intégré l’Union Européenne cette nuit à minuit. Elle rejoint, avec la Bulgarie, les 25 autres pays européens déjà membres de l’UE. Cette intégration attendue depuis tant d’années a été fêtée comme il se doit sur la Place de l’Université de Bucarest, avec concerts et feux d’artifices. Mais cette intégration, qui laisse espérer de grands changements sur le plan économique, devrait également bénéficier au football de ce pays.

Le 15 décembre 1995 est peut-être le point de départ de cette histoire. Ce jour-là, Jean-Marc Bosman remporte son procès et permet à tout joueur d’un pays membre de la CEE d’être transféré librement dans un autre pays de cette communauté. Cette décision, basée sur la libre circulation des travailleurs dans l’UE, offre dès lors de grands avantages aux clubs et joueurs européens. Et elle créé deux catégories de joueurs: les communautaires et les extra-communautaires. Les fédérations nationales ont alors rapidement imposé un non nombre limité d’ extra-communautaires dans les équipes de leurs championnats afin de protéger leur «patrimoine» footballistique. Deux raisons qui ont longtemps empêché les joueurs roumains d’aller exercer leur talent dans les grands championnats européens.

Les joueurs d’Europe de l’Est avaient alors un statut de communautaire B, qui réunissait les pays européens non-communautaires ayant entamé un partenariat avec la communauté européenne. Avec ce statut des joueurs comme Craioveanu, Gâlca ou encore Cosmin Contra ont pu évoluer en première ou seconde division espagnoles.

Avec l’intégration de la Roumanie dans l’UE effective aujourd’hui, toutes ces barrières tombent, et l’avenir du football roumain devrait s’en trouver transformé. Avec leur entrée dans l’UE, la Pologne, la République Tchèque ou la Hongrie ont vu des clubs anglais, écossais, belges ou néerlandais être brusquement intéressés par leurs joueurs. Ils ont ainsi «exporté» sept fois plus de joueurs qu’auparavant. Cela devrait être la même chose pour les joueurs roumains (et bulgares). Le cas du jeune Dumitru Copil, qui a signé cette semaine chez les Hearts of Midlothian à tout juste 16 ans, en est un premier exemple. Les jeunes joueurs de 15 ou 16 ans pourraient fréquemment être formés à l’étranger, dans les grands clubs occidentaux, et non plus dans les écoles ou académies de football roumaines. Ils devraient donc par la suite apparaître de plus en plus nombreux dans le paysage footballistique européen. A l’inverse, le championnat roumain pourrait voir arriver de nombreux joueurs européens, mouvement dont on peut déjà voir les prémices à Cluj où le CFR accueille une colonie portugaise plutôt importante.

Les joueurs roumains les plus cotés devraient donc partir plus facilement dans les grands championnats, mais doit-on craindre un exode massif? Des joueurs comme Hagi ou plus récemment Chivu et Mutu montrent que les Roumains peuvent avoir le niveau pour jouer dans les championnats les plus relevés d’Europe. Et des joueurs comme les Stelisti Mirel Rădoi ou Nicolae Dică sont déjà courtisé par des grands clubs européens comme Manchester United, la Fiorentina ou l’Olympique Lyonnais. Le club bucarestois n’a lui évidemment pas les moyens d’empêcher ses joueurs de partir dans de tels équipes malgré la fortune personnelle de Becali.

De fait, le chemin de Rădoi et Dică (photo) vers l’occident s’ouvre encore plus aujourd’hui, mais d’autres joueurs sont susceptibles de rallier eux aussi de grands championnats: les joueurs du Dinamo Ştefan Radu et Cosmin Moţi sont eux aussi suivis depuis bien longtemps et pourraient profiter de leur nouveau statut de communautaire pour atteindre cet objectif.

Le départ, massif ou non, des meilleurs joueurs roumains pourrait être hautement bénéfique pour le football national, notamment pour la sélection – à condition de jouer et de ne pas cirer le banc des grands clubs – mais risque d’être préjudiciable pour les clubs. Quoi qu’il en soit, cette intégration suscite en football aussi beaucoup d’espoirs.