Découverte: Universitatea Craiova

universitatea-craiova.jpgRetour de la série Découverte, avec un deuxième arrêt en province, au sud-ouest de la Roumanie ce coup-ci, pour un mythe du football national: Universitatea Craiova.

4 fois Champion de Romanie (5 fois deuxième), 6 coupes nationales (5 finales perdues), première équipe roumaine en quarts de finale de C1 (1981-1982), première équipe roumaine en demi-finale de C3 (1982-1983), première équipe roumaine à avoir éliminé un club anglais ou allemand, à être présente 10 ans d’affilée dans une Coupe d’Europe… C’est tout ça l’U Craiova.

En 1921 naissent deux clubs à Craiova: Craiovan Craiova et Rovine Griviţa Craiova. Leur fusion en 1940 donne naissance au FC Craiova, la plus grande équipe de la région de l’Olt. En 1948, le club devient l’Universitatea Craiova, l’équipe des étudiants, qui deviendra même la première équipe étudiante d’Europe à devenir championne nationale.

L’équipe opte en 1950 pour le nom de Ştiinţa Craiova, et connaît en 1955 une première saison en Divizia B, sans réussite.

Ce n’est qu’en 1964 que le club de Craiova remporte la Divizia B et gagne ainsi sa place dans l’élite nationale. Redevenu l’U Craiova (en 1966), il quitte trois ans plus tard le Stadionul Tineretului (Stade de la Jeunesse) pour le Central, finit deuxième du championnat en 1973 derrière le Dinamo (accusant toujours l’équipe de la Securitate, la police politique, d’avoir truqué les derniers matchs) et le remporte pour la première fois la saison suivante, en occupant la première place de la première à la dernière journée ! Il est à noter que le club n’a depuis 1966 pas changé de nom, ce qui est plutôt rare en Roumanie.

Le logo a lui connu quelques modifications au fil du temps:
u-craiova-1.pngu-craiova-2.pngu-craiova-3.png

La saison suivante, le légendaire Ion Oblemenco, 4 fois meilleur buteur de Divizia A, marquera à la 89ème minute le but de la qualification face à la grande Fiorentina (0-0, 1-0), premier «coup» des Lions sur la scène européenne. Ce joueur aura profondément marqué l’histoire de son club, dont il deviendra également l’entraîneur à la fin de sa carrière. A tel point qu’aujourd’hui, le stade Central s’appelle Central – Ion Oblemenco.

Le début des années 80 est la meilleure période de l’Histoire des Bleus et Blancs, avec un titre en 1979-1980, un doublé et un quart de finale de C1 en 1980-1981 (perdue face au Bayern avec Oblemenco comme entraîneur) et une coupe nationale et une demi-finale de C3 en 1982-1983. Après avoir éliminé la Fiorentina, les Shamrock Rovers, les Girondins de Bordeaux et Kaiserslautern, Craiova perd en demi-finale face au Benfica, 0-0 à Lisbonne et 1-1 en Roumanie. Puis plus rien.

ucraiova1989
Ci-dessus l’équipe de 1989, 3e du championnat et vainqueur de ses matchs « contre les équipes soutenues par le régime communiste. » On peut reconnaître notamment Gheorghe Popescu, l’un des meilleurs défenseurs roumains de tous les temps, ou Emil Săndoi (passé par la suite par Angers). Cette photo est collector, notamment pour les bannières affichées en haut des tribunes clamant « Vive le Parti Communiste Roumain et avec lui son secrétaire général le camarade Nicolae Ceauşescu, » affiches qui tomberont peu après la prise de ce cliché…

Il faut attendre 1991 pour un nouveau titre dans l’Olt, et ce sera même un doublé coupe-championnat, avec notamment le gardien Florin Prunea et Gheorghe Craioveanu, qui vient de terminer sa carrière à Getafe. C’est la dernière fois que le titre était attribué à une équipe de province. L’U Craiova gagne son dernier trophée en 1992-1993, une Coupe de Roumanie. Commence alors le déclin.

L’équipe ne fait alors que des passages éclairs en UEFA ou en Intertoto, sans résultat notable. Dirigée de 2000 à 2002 par un sinistre personnage, un ancien sympathisant communiste proche du Dinamo haït par tous les supporters, elle plonge dans les profondeurs du classement. En 2002, une nouvelle équipe dirigeante la remet sur pieds, mais en 2004-2005, c’est un cauchemar. Les supporters sont toujours présents en nombre, mais les joueurs, dont certains internationaux, sont incapables de mettre un pied devant l’autre, et le club termine dernier détaché. Impensable: Craiova est en Divizia B… Même après s’être séparé de ses meilleurs éléments, le club risque la faillite, et c’est tout une région qui craint de perdre son club fanion, sa fierté. Un grand élan de générosité est alors lancé chez les supporters qui soutiennent financièrement le club et lui permettent de continuer sa route.

Et ils ont bien fait, car une seule saison a suffit pour revenir dans l’élite, et c’est toute une région qui attend aujourd’hui le réveil des Lions. Les ambitions sont là cette saison, avec notamment des arrivées de joueurs comme Prepeliţă, Wobay ou encore Tănasă, mais le début de saison est poussif. Les résultats tardent un peu à arriver mais l’équipe est jeune. Les saisons à venir verront peut-être Craiova revenir dans le peloton de tête.

 
Histoire | Roumanie

trackback uri 10 commentaires

Le meilleur public de Roumanie! Toute la ville respire l’Universitatea, tout le monde aime le club, des drapeaux aux fenêtres, des fanions dans toutes les voitures… Craiova.

Sympa ce petit article PJ. Merci :-)

par bowser, 06.11.2007 à 09h55   | Citer

J’ai pensé à toi en écrivant ce billet, content que ça te plaise!

par PJ, 06.11.2007 à 12h33   | Citer

Comme Bowser, je suis admiratif de cet article. Vraiment excellent, j’attends mon prochain voyage au pays pour enfin mettre les pieds dans le stade.
Vivement que Severnav et Building rejoignent rapidement la L1 pour qu’il y ait une vraie lutte régionale !

Merci PJ.

par Beckhamescu, 06.11.2007 à 14h32   | Citer

Merci beaucoup Beckhamescu!

Sinon, pour Severnav, je veux bien te laisser le bénéfice du doute, mais pour le Building Vânju Mare en L1, je suis mort de rire… ;-)

par PJ, 06.11.2007 à 14h39   | Citer

A découvrir sur kickofflabiere.com, un bien surprenant article sur le mystérieux Club Sportif de l’industrie du fil de fer sur le plateau de Turda, aussi appelé CS IS CT.

par Beckhamescu, 06.11.2007 à 19h49   | Citer

A découvrir en effet. Par contre, Beckhamescu, ne pas connaître Campia Turzii, comment je suis déçu. Sans céconner… ;-)

par PJ, 06.11.2007 à 20h12   | Citer

oh ouais, la honte….-)-)-)

par thi oc, 06.11.2007 à 20h39   | Citer

Diffamation inadmissible. Ce n’étaient que figures de styles, très chers.

par Beckhamescu, 06.11.2007 à 23h27   | Citer

On reparle de Craiova aujourd’hui en Roumanie, mais pour une sale affaire.

Le club a été condamné par la FIFA à 180 000 euros d’amende et à une interdiction de tout transfert pendant un an (soit jusqu’en novembre 2008). La décision est définitive et irrévocable.

C’est suite à une plainte déposée par 3 Brésiliens que l’affaire a été portée à la FIFA. Les 3 joueurs, Marquinhos, Edu Magri et Negri, étaient venus effectuer un test à Craiova en janvier 2005. Mais le dirigeant (Dinel Staicu) qui les avaient fait venir ne les a pas payés durant plus de 3 mois. Refusant obstinément de les recevoir, il les a en gros laisser crever en ville, où des supporters et des habitants les ont logés et nourris. Ce n’est qu’au bout d’un moment que leur agent leur a payé de quoi rentrer au Brésil.

Evidemment, les dirigeants du club (Mititelu en tête) ignorent quoi que ce soit de cette affaire… Ca craint quand même.

par PJ, 13.11.2007 à 15h26   | Citer

C’est grâce aux articles comme celui-ci que PF est d’utilité publique…

Franchement chapeau !

par Qui©he, 15.11.2007 à 18h44   | Citer