Dernière à Lia Manoliu

lia-manoliu.jpgMercredi sera joué au stade Lia Manoliu le match Roumanie-Albanie. Sans enjeu, la Roumanie étant déjà qualifiée pour l’Euro 2008, ce match sera l’occasion de fêter la qualification pour un tournoi final, ce que les Roumains n’étaient pas parvenus à faire depuis l’Euro 2000. Mais on fêtera également la fin du stade Lia Manoliu dans sa mouture actuelle, puisque les travaux de démolition du stade national commenceront (symboliquement) le soir même du match!

liaMais tout d’abord, qui est donc cette Lia Manoliu me demanderez-vous? Il s’agit d’une athlète roumaine, né en 1932 à Chişinău, actuelle capitale de Moldavie (qui faisait à l’époque partie de la Grande Roumanie). Lanceuse de disque, Lia Manoliu a participé à six éditions des Jeux Olympiques, remportant une médaille d’or à Mexico en 1968 et deux médailles de bronze, en 1960 et 1964. L’Histoire retiendra qu’elle est la toute première athlète à avoir participé à six éditions consécutives des JO, de 1952 à 1972. Elue sénateur de Bucarest en 1990, elle devient la même année présidente du CIO roumain jusqu’en 1998, année de son décès.

Mais assez parlé d’athlétisme sur PF et revenons à notre stade. Construit en 1953, il devient le plus grand du pays avec ses 60 120 places. Il s’appelle à l’époque Stade du 23 août, et est construit spécialement pour une grande manifestation communiste: le 4ème Festival Mondial de la Jeunesse et des Etudiants.

Rebaptisé Stade National en 1990, il est réservé aux équipes nationales de football et de rugby ainsi qu’à divers événements athlétiques ou extra-sportifs, mais son complexe compte également une patinoire, une piscine ou encore une grande salle pour les compétitions de gymnastique. La capacité du stade est ramené à cette époque à 50 000 places, avec la suppression des places debout. Il reste néanmoins le plus grand stade du pays.

stade-lia-manoliu

L’équipe de Roumanie y connaît de belles victoires, de terribles défaites (comme ce 2-5 encaissé contre le Danemark en éliminatoires de l’Euro 2004), mais c’est sur le plan extra-sportif qu’a eu lieu le plus grand événement: un concert de Michael Jackson (époque «je suis le roi du monde»). En 1992, alors que la Roumanie connaît une période extrêmement difficile deux ans seulement après la chute du communisme, la plus grande vedette américaine venait donner un show gigantesque. Au-delà du coté artistique, cette venue revêtait une grande signification pour le pays. A tel point qu’il fut reçu par le président Iliescu en personne au Palais du Peuple (d’où il a d’ailleurs répondu «I love you Budapest» devant une foule soudain beaucoup moins en délire, bref). Le Stade National connaît alors son plus grand fait de gloire: 70 000 personnes s’y déplacent, et le concert (retransmis en direct sur HBO) enregistre la meilleure audience de tous les temps.

dscn6943

Mais le stade vieillit, comme en témoignent ses loges à la mode communiste. On parle à partir de la fin des années 90 de la rénovation, voire de la reconstruction de l’arène. Mais les fonds manquent. La FRF tente tant bien que mal de la mettre aux normes que le stade Lia Manoliu (rebaptisé ainsi à la mort de l’athlète) soit aux normes européennes. Le but espéré est d’accueillir la finale de la Coupe UEFA en juin 2009 afin de fêter en grandes pompes (avec des crampons) le centenaire de la fédération roumaine. Las, l’UEFA n’est pas convaincu par la modernisation du stade et attribue la finale au stade Sukru Saracoglu, où évolue habituellement le Fenerbahçe.

projet-lia-manoliu.jpgCette échéance ratée, la FRF et le gouvernement ne baissent pas les bras et profitent d’avoir plus de temps pour lancer de grands travaux. Le Complexe Sportif National Lia Manoliu (de son nom complet) va donc subir 20 mois de travaux. D’une capacité de 55 000 places, le nouveau stade sera conforme aux derniers standards internationaux. L’investissement dépasserait les 143 millions d’euros, financés par l’Etat. Et c’est immédiatement après le coup de sifflet final du match Roumanie-Albanie que commenceront les travaux, avec la démolition symbolique d’un gradin de béton. Vous avez ci-contre le projet, et donc ce a quoi le stade devrait ressembler d’ici quelques mois. Je dis « devrait » parce qu’en Roumanie, on ne sait jamais quand même… Perso, j’ai du mal à imaginer un stade aussi imposant et froid au milieu de l’espace vert entourant l’enceinte actuelle.

L’histoire retiendra que ParlonsFoot y a été!

 
Roumanie | Stades

trackback uri 9 commentaires

Sourire, bel hommage au stade !

par Qui©he, 20.11.2007 à 16h47   | Citer

Je suis content d y avoir mis au moins une fois les pieds… c etait avec un chevelu que tout le monde connait :-)

par bowser, 20.11.2007 à 17h39   | Citer

Bien sympa l’article !

par Beckhamescu, 20.11.2007 à 23h37   | Citer

Très beau billet ! Merci ! ;)

Dave Stewart aurait dit : « PF was here »

par Xaxou, 21.11.2007 à 09h03   | Citer

Merci les amis!

Je viens de lire autre chose concernant ce stade: il détenait jusqu’en 1999 le record de spectaturs pour un test-match de rugby, avec 95 000 personnes venus voir Roumanie-France en 1957!

D’autres images de l’ancien stade ici et du futur ici.

par PJ, 21.11.2007 à 09h58   | Citer

bel fin qd meme. ils ont atomisé les albanais

par bowser, 21.11.2007 à 22h53   | Citer

Oui, 6-1, on ne pouvait rêver mieux!

par PJ, 21.11.2007 à 22h55   | Citer

Un petit retour à Bucarest pour un petit avant/après. Les travaux avancent (cliquez sur « inainte » pour faire défiler). Ca me fait toujours mal au coeur de voir un stade disparaître. C’est bizarre.

par PJ, 20.12.2007 à 13h54   | Citer

Et voilà où en sont les travaux en ce début d’année (cliquez sur les photos pour les agrandir). Ca fait toujours mal au coeur!

par PJ, 27.01.2008 à 18h52   | Citer