Suite du petit tour de Roumanie, avec aujourd’hui un club au nom bien long, le F.C. Unirea Valahorum Urziceni. En voilà un club dont tout le monde se fout! Oui, autant le dire de suite, le club, comme sa ville, ne suscite pas vraiment l’intérêt, sauf peut-être lors des inondations qui la touchent régulièrement. Et pourtant, Urziceni est aujourd’hui troisième du championnat, derrière le Rapid et l’intouchable CFR Cluj. Une bonne raison d’en parler un peu quand même.
Donc, comme je le disais, Urziceni n’est pas une ville de grand intérêt. Située dans le judeţ de Ialomiţa, département jouxtant Bucarest, Urziceni ne compte que 18 000 habitants. C’est donc la plus petite ville représentée en Liga I. Ceci résulte du fait que Ialomiţa a toujours été un département voué à l’agriculture. Pour première preuve, le nom de la ville d’Urziceni provient du mot urzică, qui signifie «ortie». Charmant… Urziceni a été chef-lieu de son département, mais a laissé sa place à Slobozia en 1833, parce quand même, un chef-lieu de moins de 2 000 habitants à l’époque, faut pas déconner non plus… En fait, le seul réel intérêt de la ville est son emplacement. Urziceni est pile à 60 km de Bucarest, de Ploieşti, de Buzău et de Slobozia. Un nÅ“ud stratégique donc dans les relations commerciales entre ces villes depuis le XVIe siècle.
La toute première association sportive de la ville est un club de football. Nommé Ialomiţa, ce club est fondé en 1954. Jouant sur un terrain improvisé dans le quartier Obor, l’équipe rencontre celles de Ploieşti, de Buzău et de Slobozia, mais joue surtout contre l’équipe montée par les soldats allemands de la caserne voisine. Une unité radar composée de 300 soldats est en effet stationnée tout près de la ville, dans la zone d’un lac appelée La Nemţi, en français Chez les Allemands, nom qui subsiste encore aujourd’hui. Bref, de quoi occuper les dimanches sur un terrain vague.
Le club attend 20 ans avoir son stade. Le bien champêtre Stadion Tineretului (Stade de la Jeunesse) est inauguré en 1976 (tout près des vignes Hagienoff pour les amateurs).
Le premier résultat notable du club est un seizième de finale de Coupe de Roumanie, perdu 3-1 contre Corvinul Hunedoara, club cher à notre ami Beckhamescu. En championnat, Urziceni végète toujours en Divizia C, la troisième division, dont elle ne sort qu’en 1989 grâce à sa deuxième place. Le club tient ensuite tant bien que mal pendant les années 90, vivotant en deuxième et troisième division, jusqu’à un événement qui va radicalement transformer son existence.
En 2002, la firme Valahorum S.A. prend en main la destinée du club. Le nouveau sponsor change alors tout au club: le nom, l’équipe dirigeante, le staff technique et même le stade, qui atteint en 6 mois une capacité de 7 000 places assises et bénéficie d’installations flambant neuves. Et à la fin de la saison 2002-2003, le nouveau club F.C. Unirea Valahorum Urziceni remonte en Divizia B. Il n’y reste alors que peu de temps, puisqu’en 2006 il gagne sa place dans l’élite pour la toute première fois de sa courte histoire en dominant le Forex Braşov et le FC Bihor Oradea en play-offs.
Voilà donc Urziceni en Divizia A, rebaptisée Liga I. Et pour sa première saison, l’équipe s’est plutôt bien débrouillée puisqu’elle pointe à la 10e place au classement final, loin devant les relégués. Le deuxième bouleversement intervient cet été. Alors que Steaua, qui vient de perdre son titre, s’enfonce tout doucement dans la crise, Urziceni suit le déroulement de l’action de près. Et quelques jours après son éviction du club bucarestois, Mihai Stoica signe à l’Unirea en tant que manager général. Serghescu Petrişor, l’actionnaire majoritaire, et le président Viorel Ilincă promettent un budget colossal (12 millions d’euros) et une place européenne en fin d’année. Et après Stoica, ils font signer Dan Petrescu comme entraîneur!
L’arrivée de Petrescu fait les gros titres de la presse. L’ancien de Chelsea qui signe à Urziceni, ça sonne quand même bizarre. Mais c’est la preuve que le club se donne les moyens de ses ambitions. Un autre illustre ancien international que l’on connaît bien en France arrive également au poste de directeur sportif: Viorel Moldovan. Côté effectif, le seul joueur vraiment connu est le préretraité Bogan Stelea, qui ne joue en fait pratiquement pas. Pour le reste, le club a réussi à récupérer plusieurs joueurs aguerris à l’élite, comme l’ancien dinamovist Galamaz, Marius Şuleap, Marius Onofraş, Bogdan Mara, Daniel Munteanu (champion d’Azerbaïdjan en titre avec le Khazar Lenkoran, et ça, ça pète) ou l’excellent jeune attaquant Bogdan Stancu, international espoir quand même. Le club est ensuite resté très calme cet hiver, ne recrutant que deux frères lituaniens et un Australien jouant en Pologne. Un recrutement qui sent les racines paysannes à plein nez, on ne se refait pas.
Deuxième à la fin des matchs aller, Urziceni est troisième à la reprise, et donc toujours en course pour la seconde place, qualificative pour le tour préliminaire de Ligue des Champions. Après Cluj, déjà quasiment qualifiée pour les groupes, la Roumanie du foot pourrait présenter un tout nouveau visage à l’Europe l’an prochain. De quoi continuer à faire marrer les journalistes européens…
trackback uri 12 commentaires
remarquer… avec ce que nous offre le steaua… on peux se demander si c’est pas franchement mieux de voir cluj ou urziceni… en se moment aucun club roumain ne tient la route cluj à la rigueur mais bon la défaite contre anorthosis en coupe uefa ( 5-1 ) je crois me marque encore aujourd’hui et c’est possible que le football roumain retourne dans ses travers et redevienne un des championnats faible et sans interets de ces dernieres années…
Excellent article, comme d’habitude.
Pour un peu, kickoff aurait réclamé encore les droits, mais loà , troisième, on n’est peut-être pas prêt de retrouver Urziceni chez nous.
C’est sûr. Mais bon, je vais me dépêcher de boucler aussi Vaslui avant que tout ça ne retombe. )
Merci Beckhamescu!
c’ est pathologique monsieur PJ, pathologique, vous m’ entendez!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!(-_-)
Petit écart pour parler des quarts de la Coupe de Roumanie qui se disputent ce week-end. A Urziceni (les matchs se jouant sur terrain neutre), le Dinamo a été éliminé 1-0 par Mioveni! Margaritescu a été expulsé dès la 5e minute pour un mauvais geste, laissant le Dinamo jouer à 10 pendant tout le match. Ca n’a pas empêché Danciulescu d’obtenir un pénalty, qu’il tire haut dessus du but! Mioveni marquera finalement, également sur penalty.
Steaua et Dinamo sont donc éliminés de la coupe, peut-être rejoints ce soir par le Rapid, qui joue contre Urziceni (à Constanta). Le 2e du championnat contre le 3e!
Les autres matchs (demain): Pandurii-Gloria Buzau et CFr Cluj-FC Brasov (le 1er de L1 contre le 1er de L2).
Et Urziceni a gagné 1-0 (Mara, 70′). Il n’y a plus de club bucarestois dès les demis, c’est rare.
Y a plus de clubs Hunedoaran, non plus, même si c’est déjà moins rare.
)))))))))
quoi, tu persifles ?
Euh… T’as vu le lien joli vers le Corvinul?
ouais, j’ai vu.
Magnifique.
Pour en finir avec ces quarts de coupe, Buzau a éliminé Pandurii aux tirs au but 3-2 (0-0 à la fin des prolongations) et le CFR Cluj a difficilement battu le FC Brasov de Razvan Lucescu 1-0.