Deux jours après le dernier fiasco en date, la France panse et pense ses plaies. Beaucoup de choses ont été dites et Domenech en a pris largement pour son grade. Le sélectionneur français récolte aujourd’hui tout ce qu’il a semé et malheureusement pour lui et pour nos Bleus, la récolte est perdue et le mot gâchis à propos du potentiel France reste le meilleur qualificatif approprié à cette piètre prestation d’ensemble.
Car c’est un collectif qui a failli et non seulement un homme même si ce dernier a dérapé lors de sa communication ultime juste à la fin du match manquant de discernement et de respect vis-à-vis du football français dans son ensemble. Je condamne malgré tout l’acharnement très dur de certaines personnalités dont on sent les rancoeurs personnelles rejaillir. Néanmoins, Domenech a eu et entretenu ses inimitiés fortes. Protégé au départ par l’institution, celle-ci est son dernier recours pour l’amener à poursuivre sa mission jusque la Coupe du Monde 2010. Cependant, ses erreurs tactiques sur et en dehors du terrain sont réelles. Si les joueurs sont sur le terrain et sont directement concernés par ce fiasco, le chef d’orchestre ne peut se mettre à part tout en continuant de clamer qu’il n’y a pas eu d’échec mais une simple déception. Reconnaître ses erreurs me paraît la moindre des choses même si les justifications peuvent dans le détail rester dans le secret des gens concernés. Préparation, liste des 23, organisation tactique, changements en cours de match, communication, repli total du groupe, blessures : tout est à analyser et le sélectionneur et son staff doivent comprendre pourquoi.
Malgré tout, le football est un sport de détails qui s’additionnent au cours d’une rencontre. Evidemment, ce n’est pas le hasard qui prime mais force est de constater que la gestion du fait d’appartenir soi-disant au groupe de la mort a depuis longtemps mis une pression supplémentaire qui aurait dû être soulagée dès l’entame face à la Roumanie. Là encore, le fil conducteur de ce groupe (Roumanie, Pays-bas, Italie) a au final été fatal aux Bleus dès lors que ceux-ci ont été amorphes contre les Roumains. Jouer la Roumanie d’entrée était un cadeau pour se chauffer que Domenech et les Bleus ont transformé en piège qui s’est doucement refermé. Après la victoire heureuse des Pays-Bas contre l’Italie (premier but hors-jeu de Van Nistelrooy+deux contre-attaques cinglantes), les trajectoires se sont installées. Les Italiens se devaient de réagir contre la Roumanie mais en souffrance (but refusé à Toni pour hors-jeu inexistant), la Squadra Azzurra se sauve grâce à Buffon (pourquoi n’a-t-il pas été élu Ballon d’Or???!!!!) en stoppant le pénalty de Mutu. La Roumanie laisse passer sa chance, l’Italie en obtient une inespérée et voilà le changement de mentalité et de confiance qui opère. Les Bleus en connaissance de cause, car jouant après, avaient encore tout en main pour eux aussi retourner la confiance à leur avantage. Mais l’arbitre ne vit pas la main de Oijer (pénalty, carton rouge), détail qui a des conséquences fâcheuses. Evidemment, Henry aurait dû mettre son lob et la France ne pas encaisser autant de buts mais le football se nourrit de détails de ce genre qui bâtissent les résultats ou du moins perturbent l’écriture du scénario du match. La force de caractère des Italiens va alors payer face à celle des Bleus lors de l’ultime match alors que les Roumains s’effondreront au moment de conclure face à l’équipe B des Pays-Bas, à la confiance au top. Si de nouvelles péripéties jouèrent sur la rencontre France-Italie, la mentalité et la confiance de tout un groupe a permis de faire la différence. En sortant les cadres de cette campagne de qualification, décriés et dénoncés souvent à juste titre (Thuram, Sagnol, Malouda, Anelka), avec un capitaine blessé (Vieira), Domenech a fait des options…perdantes indéniablement. De plus, depuis la Coupe du Monde 2006 et l’arrêt de Zidane, Ribéry est devenu l’unique moteur de jeu. En se blessant, il laisse un vide dans le jeu de cette équipe mais aussi mine le moral déjà vacillant des Bleus. De l’équipe vice-championne du Monde, après l’expulsion d’Abidal, il ne restait que Makélélé, Henry, Gallas voire Govou…tout est dit. Aux détails avérés des pérégrinations de ce groupe de la mort où le calendrier, les erreurs d’arbitrage, la confiance d’une équipe et la mentalité d’un groupe, s’ajoute une gestion hasardeuse.
Dernière de ce groupe de la mort, éliminée de la course au titre, meurtrie en son sein, la France a balayé une bonne fois pour toute l’héritage des années 98/2000 qui en réalité n’existe plus depuis longtemps. Les supporters ont me semble-t-il beaucoup de mal à soutenir une sélection stéréotypée et caractérisée par une défense absolue.
L’ère Domenech sous l’angle des résultats:
Au cours de l’année de la prise de pouvoir de Domenech, souvenez-vous des résultats : Bosnie (1-1), Israel (0-0), Féroé (2-0), Eire (0-0), Chypre (2-0), Pologne (0-0), Suède (1-1), Suisse (0-0), Israel (1-1), Hongrie (2-1).
Et puis le retour de Zidane-Thuram-Makélélé (dont Domenech ne voulait pas) donna la suite jusqu’à la Coupe du Monde 2006 : Côte d’Ivoire (3-0), Féroé (3-0), Eire (1-0), Suisse (1-1), Chypre (4-0), Costa Rica (3-2), Allemagne (0-0), Slovaquie (1-2), Mexique (1-0), Danemark (2-0), Chine (3-1), Suisse (0-0), Corée du Sud (1-1), Togo (2-0), Espagne (3-1), Brésil (1-0), Portugal (1-0), Italie (1-1).
Puis retour de Domenech au pouvoir avant l’arrêt de Zidane: Bosnie (2-1), Georgie (3-0), Italie (3-1), Ecosse (0-1), Féroé (5-0), Grèce (1-0), Argentine (0-1), Lituanie (1-0), Autriche (1-0), Ukraine (2-0).
Changement de clubs pour plusieurs joueurs cadres (Abidal, Malouda, Henry, Anelka, Ribéry) : Georgie (1-0), Slovaquie (2-1), Italie (0-0), Ecosse (0-1), Féroé (6-0), Lituanie (2-0), Maroc (2-2), Ukraine (2-2), Espagne (0-1), Angleterre (1-0), Equateur (2-0), Paraguay (0-0), Colombie (1-0), Roumanie (0-0), Pays-Bas (1-4), Italie (0-2).
Fais le bilan calmement:
- Domenech au pouvoir : 3 victoires, 7 nuls, 0 défaite (9 buts marqués – 4 encaissés);
- Retour des anciens : 12-5-1 (31/9);
- Année post-Coupe du Monde : 8-0-2 (17/4);
- 2007/08 – Changement de clubs pour les cadres : 7-5-4 (20/13)
Le bilan est plutôt positif sur l’ensemble même si les résultats bruts ne reflètent pas la qualité des matchs, avec pour exemple TOUS les matchs des Bleus sur l’année 2008. Le retour des anciens a été clairement salvateur pour la Coupe du Monde 2006, mais le changement de clubs pour certains cadres de l’équipe de France a été difficile et a joué un rôle évident. Ces changements ont été marqués par des blessures (Vieira, Henry), des prestations guère tranchantes (Abidal, Thuram) voire des mises sur le banc (Malouda, Anelka à Chelsea). Avec le recul des prestations et de l’état de forme, aligner une défense Abidal-Gallas-Thuram-Sagnol à l’Euro aura été une erreur qui a fait en partie déjouer les Bleus face à la Roumanie (manque d’ambition offensive dans les consignes pour ne pas mettre en difficulté notre ligne arrière) qui a fini par exploser contre les Pays-Bas pour finir par une arrière-garde contre l’Italie composée de Evra-Abidal-Gallas-Clerc complètement remaniée, qui a été laminée par les appels plein axe de Toni pourtant peu rapide. Paradoxalement, le tandem ulta-défensif au milieu de terrain Makélélé-Toulalan a été à la hauteur. Les absences de Clichy, Sagna et Mexes semblent alors incompréhénsibles autant que l’association dans l’axe de Gallas et d’Abidal qui n’avait jamais été alignée!
Les explications sont nombreuses, et bizarrement trop. Si je reste persuadé que le football peut se jouer, malgré toutes les analyses possibles, sur un détail (but refusé, blessure, pénalty oublié, frappe déviée, etc.), la France concentre trop d’approximations pour s’en contenter pour excuses. N’oublions pas que l’Italie a été privée de Canavarro, a pris une fessée contre les Pays-Bas, a subi deux grossières erreurs d’arbitrage à des moments clés de leurs deux recontres, avait le même match couperet que la France et n’était pas plus performante. La différence pourrait cependant être un détail, bonifié par un joueur exceptionnel, la fameux pénalty stoppé par Buffon…l’acte déterminant dans le dénouement de ce groupe d’un point de vue de la confiance qui rassemble aujourd’hui 75% de la performance d’un footballeur.
L’histoire du football français continue dorénavant avec la phase qualificative pour la prochaine Coupe du Monde 2010, avec ou sans Domenech. Nos adversaires directs (Roumanie, Serbie, Autriche, Lituanie, Féroé) attendront les vice-champions du monde avec intérêt avec toutes les incertitudes liées à cette phase éliminatoire étalée sur dix-huit mois.
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mec, ton résumé de l’euro est tout à fait excellent, ton article aussi !
chapeau (melon et bottes…)
;=)
bravo balbo.
« l’association dans l’axe de Gallas et d’Abidal qui n’avait jamais été alignée »: ça me dépasse complètement que l’on puisse décider de tester une nouvelle charnière centrale contre une équipe de la qualité de l’Italie dans un match de la dernière chance
une initiative intéressante :
http://lapetition.etoilemedia.com/
Je ne regarderais plus un match de l’edf avec ray comme sélectionneur.
@ ol : il n’ a vécu son role de sélectionneur que sur des coups comme ça…..
et ensuite, si ça marche, c’ est un génie, si ça foire, il fait une pirouette du genre qui ne tente rien n’ a rien…..
aberrant!
Bon papier, surtout quand tu parles de l’addition de détails nécessaire à la préparation. Le seul point avec lequel je ne suis pas d’accord, c’est quand tu évoques un « acharnement » envers Domenech (ou alors, j’ai raté quelque chose) : la composition de son groupe était aberrante.
Pourvu que le suivant relance la machine en alignant les jeunes et en cherchant l’animation offensive.
Une autre erreur de préparation qui cette fois n’est pas imputable à Ray : le refus d’avancer la finale de la coupe de France. et par conséquent la troncature de la préparation. Merci France télévisions!
J’ai bcp défendu le dom ces dernièrs temps, j’ai toujours pensé qu’il savait ce qu’il faisait. Force est de constater que sur cet Euro, il m’a semblé dépassé par les évènements et ayant des choix et des réactions face aux évènements d’un match plus qu’aberrants.
Ou alrs il l’a fait exprès pour creuser sa propre tombe, ce qui me paraitrait d’un cynisme absolu.
Autant je n’étais pas choqué par le choix de ses 23 (à part l’absence de Mexes) autant j’avoue avoir du mal à comprendre les choix fait pendant cet Euro.
Bref il faut repartir avec un autre mec qui a un plan réel de jeu et qui appelle les mecs en fonction de ce qu’il veut mettre en place.
Juste une petite analyse de la part de Nanard tapie que j’ai entendu sur France Inter ce matin et qui m’a fait rigoler : il prend la défense de Domenech argant que n’importe quel selectionneur aurait eu le même résultat avec ces joueurs là.
Pour Nanard prendre autant de Lyonnais qui sont incapables de passer les 1/4 de finale de LDC et prendre des joueurs qui ne jouent presque pas en club etait une aberration.
Merci pour les compliments.
@Pop9 : pour l’acharnement, c’est à propos de certains « consultants » qui ont été trop virulents à mon goût sur la personne même de Domenech (notamment sur RMC Larqué et Courbis pour ne pas les citer, voire Dugarry ou Lizarazu, les potes-de-Zidane donc-on-ne-touche-pas-car-champions-du-monde-jadis).
Et Frid, je suis plutôt d’accord sur la finale de Coupe de France, un détail de plus qui compte dans la somme totale.
Dans l’ensemble, je trouve que les français sont sévères avec Domenech (Si vous soulez, on vous refile Köbi…:-).
Quand dans un groupe il y a les PB, l’Italie et la France, c’est clair qu’il y en a un Grand qui va tomber. Tout le monde imaginait que ce serait les PB, ça aurait pu etre l’italie (si SuperBuffon n’avait pas arrêté ce péanlty), finalement c’est la France. Se faire éliminer par les PB et l’Italie, c’est pas une honte, je ne vois pas l’intéret de virer l’entraineur.
comme le dit l’article, un match, et meme un tournoi, ça ne se joue à rien. En 98, la France a passé les 8ème contre le paraguay à la 118ème (sauf erreur), contre l’Italie au pénalty, contre la Croatie miraculeusement (les deux seul buts de Thuramen EdF) et une finale où elle était la seule équipe. A un détail près, l’EdF aurait pu perdre en 8ème, elle a fini par gagner la finale (je suis pas en train de dire du mal, je constate juste que ça se joue à rien)
Avant le Mondial, tout le monde criait que Domenech était incompétent (meme chose sur Jaquet), et il vous a conduit en finale…
Aujourd’hui, on veut virer Domenech. Pourquoi? Parce que Mutu à rater son Péno… c’est ridicule.
tout de bon
Encore une petite remarque.
la défaite contre les PB, c’était un Vendredi 13… comment se fait-il que Domenec n’en ait pas parlé???
un bon WE à tous
Non il veule viré domenech pas ce que sa fait 4 ans qu’il est la et la fin de cycle est plutôt dure avec les problèmes des jeunes ben zema nasri … Et les vieux henry sagnol … Il faut à cette équipe un meneur d’homme si gèrets était pas à l’om il irait bien comme sélectionneur de la france puis il nous ferait de belles analyse avec ses fameux »goals ! »
Bisso, par pitié, apprends à taper en français!