Les équipes nationales sont-elles meilleures quand les joueurs qui la composent jouent tous au pays ? Oui, semberait-il.
C’est l’affirmation nuancée d’un point de vue paru dans Le Monde récemment, histoire aussi d’alimenter un débat entamé ici sur la corrélation éventuelle entre qualité du championnat et qualité de la sélection nationale.
Dans l’article en question, l’auteur remarque que « ce sont les équipes rassemblant les plus grosses concentrations de joueurs évoluant dans des clubs du championnat national qui ont été le plus loin dans le tournoi« .
Ainsi, sur 23 sélectionnés, la Russie avait emmené 22 joueurs de son championnat. L’Allemagne 19 sur 23. L’Espagne et l’Italie 18 sur 23. Puis la Turquie avec 16 sélectionnés. Soit tous les demis-finalistes et un quart de finaliste accrocheur…
On se souviendra que la Grèce s’était appuyé sur un socle solide de nationaux pour s’imposer en 2004, ainsi que l’Allemagne 1996.
Dans tous ces pays, les championnats (sauf en Turquie) sont très bien côtés en Europe : la Russie a fourni avec St Petersbourg un champion d’Europe. Traditionnellement, ces pays ont peu d’expatriés, les joueurs préférant évoluer dans un contexte culturel qu’ils maîtrisent mieux, d’un point de vue « footballistique » et linguistique. Il semble que cela soit un avantage pour réussir dans une grande compétition européenne : c’était aussi le cas de l’équipe de France en 1984 mais l’équipe de 2000 constitue l’exception éclatante à cette règle. Mais les Français se sont méchamment plantés – deux fois – depuis !
C’est depuis l’arrêt Bosman – et la multiplication des transferts transnationaux – que cette remarque semble plus pertinente. En effet, avant les années 90, rares étaient les joueurs à s’expatrier.
Au niveau mondial, la règle énoncée est moins flagrante : l’Italie en 82 et 06 était très « nationale ». La France aucunement en 98, et l’argument n°1 annoncé pour expliquer la victoire était l’expérience accumulée dans les grands championnats (Italie principalement).
Le Brésil est un cas médian, puisque les différents sélectionneurs veillent toujours à respecter une forme d’équilibre entre les joueurs évoluant en Europe et ceux jouant au Brésil.
Pour finir avec un cas particulier, que penser de l’Angleterre, incapabable de se qualifier malgré une insolente réussite en compétition de clubs, qui n’a que rarement exporté de joueurs, mais qui en importe par dizaines tous les ans, au point d’empêcher ses jeunes joueurs d’éclore et d’enlever toute fierté à son équipe nationale ?
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Petit complément à l’article sur le classement FIFA post-Euro 2008:
http://fr.fifa.com/worldfootball/ranking/lastranking/gender=m/fullranking.html
L’Espagne atteint la 1ère place pour la 1ère fois, devant Italie et Allemagne. Domenech entraine la France à une splendide 10ème place. Merci Raymond, vivement demain pour savoir.
En général les expats reviennent au pays lors de la retraite. Quand ils reviennent, ils sont dépaysés, le pays d’origine change , ils ne se sentent plus chez eux.
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Largeur.com: La nation, soluble dans le gazon