Sur un précédent billet, contant les liens entre joueurs de l’Inter et victoires italiennes, Pop9 me faisait remarquer, à juste titre, que l’épisode du légendaire Giuseppe Meazza était bien succinct. Une lacune que j’espère combler en partie avec cette anecdote.
5 juin 1938, Coupe du Monde, Stade Vélodrome de Marseille. 82e minute du huitième de finale Italie-Norvège. La Squadra Azzurra, tenante du titre, mène 1-0 grâce à un but marqué par Pietro Ferraris dès la 2e minute de jeu. Les hommes de Vittorio Pozzo pensent déjà au prochain tour lorsque le Norvégien Brustad surgit de nulle part pour égaliser. Les prolongations sont donc nécessaires pour départager les deux équipes. L’Italie s’impose finalement grâce à un but du Laziale Silvio Piola à la 94e minute. Les Italiens peuvent souffler, ils continuent leur parcours, qui les mènera à leur deuxième sacre consécutif. Leur prochain adversaire est l’équipe hôte, la France, victorieuse 3-1 de la Belgique.
Après leur difficile victoire lors du premier match de la compétition (un seul tour final avec 16 équipes), les Italiens ont cherché à éviter toute nouvelle déconvenue. Le légendaire Giuseppe Meazza (photo), capitaine intériste de la sélection italienne, est ainsi allé voir son sélectionneur. Sortie d’une longue période de préparation et d’entraînement, l’équipe est selon lui fatiguée. Il demande alors à Pozzo de leur laisser un peu de repos, et de les laisser sortir le soir, histoire de penser à autre chose et de se détendre. Réputé strict, le technicien accepte pourtant. Interrogé le lendemain afin de savoir comment il a passé ses quelques heures de libre, Meazza a répondu très calmement: «Avec deux superbes Françaises!»
Ces quelques heures de repos font en tout cas un bien fou à l’équipe. Les Italiens battent ainsi la France 3 buts à 1, avant d’éliminer en demi-finale le Brésil de Leônidas 2-1. Meazza et ses coéquipiers vont en finale pour y défier de solides Hongrois. Ces derniers ont en effet commencé la compétition par une victoire 6-0 face aux Indes Orientales Néerlandaises, avant de battre la Suisse 2-1 puis la Suède 5-1.
Avant le match, qui se dispute à Colombes, les joueurs italiens reçoivent une lettre de la part du dictateur Benito Mussolini. Le message est très simple: «Vaincre ou mourir!» La nouvelle circule rapidement, jusqu’aux oreilles des joueurs hongrois. L’équipe de Pozzo s’impose 4-2. Certains pensent alors que devant la menace faite par Mussolini à ses joueurs, les Hongrois ont laissé filer le match. Une idée qui persistera quelques temps, renforcée par l’humour du gardien hongrois à la fin du match: «On a pris 4 buts, mais au moins on leur a sauvé la vie.» Loin d’être une menace, le mot d’encouragement du Duce ne faisait en fait que suivre la syntaxe fasciste, et son slogan «Donnez ce que vous avez de meilleur». Une imagerie fasciste que les auteurs de l’affiche du Mondial (ci-dessous) devaient connaître, et que le reste de l’Europe n’allait pas tarder à découvrir…
trackback uri
7 commentaires
Bel article PJ,
Comme toutes les équipes ,ou compétitions, ou matchs, ou même joueurs qui sont rentrés dans la légende du foot , il restera toujours un doute concernant l’authenticité des succés italiens aux mondiaux de 1934 et 1938 étant donné le contexte de l’Italie fascite de Mussolini.
L’idée répandue d’un succès couru d’avance concerne à mon avis davantage celui de 1934 ou la Squadra évoluait à domicile devant son « Duce » . Avec un dictateur au pouvoir , faut s’attendre à tout .
Souvenez vous en 1978, les mêmes rumeurs ont couru concernant la victoire 3-1 a.p de l’Argentine à domicile face au grand favori hollandais , à l’époque c’était le dictateur Videla à la tête de l’argentine et on parlait de peloton d’éxécution en cas de défaite en finale .
Concernant le succés en France , 4 ansplus tard , certes, Mussolini est toujours là mais les spécialistes s’accorderont à dire que V.pozzo aura eu le mérite d’avoir reconduit une équipe bourrée de talents neufs et confirmés au sommet du foot mondial ( cf les joueurs que tu cites dans ton article).
) , je préfère quand même les succès italiens de 1982 et 2006 ou le contexte politique était sain , et puis 34 et 38 , ça fait quand même 2 étoiles qui ont bien pris la poussière
)
Mais c’est vrai , j’ai beau être chauvin
Au final , pas de chance pour les Hongrois , comme ils n’en auront pas plus en 1954 face l’ Allemagne, malgré les mythiques Kozcis et Puskas ( je ne suis plus des orthographes) . Là, aussi subsistera un doute autour de lAllemagne dont plusieurs joueurs souffriront de jaunisse quelque temps après la finale remportée 3 à 2 alors que les Hongrois menaient 2 à 0.
L’histoire du » vaincre ou mourir » sur le terrain qu’on entend parfois même aujourd’hui dans le jargon des sportifs pour dire qu’ils vont tout donner pour gagner vient peut être de cette « lettre de Mussolini »
toujours interressant tes articles !
quant à l’affiche, c’est vrai que ça fait très régime totalitaire mais n’était-ce pas plutôt la « mode » de l’époque ?
Personnellement, je la trouve formidablement bien construite malgré tout ce qui y est attaché.
Merci PJ
Ce mix de l’Histoire avec un grand H avec le foot, c’est toujours un régal.
A propos d’affiche, j’aime celle-ci :
(si quelqu’un de la team peut mettre directement la photo sur mon post ce serait cool. Je sais pô faire !)
voilà Fab, c’est fait
j’aime aussi bcp l’affiche de 2010
Merci Alex et félicitations pour Twente
Le mélange d’histoires et d’évènements sportif m’a toujours plu. Merci pour ce blog très intéressant et bonne continuation!!
[...] : Herodote.net, Parlonsfoot.com, [...]