Foé, Féher, Puerta, pour ne citer que les plus connus, les footballeurs décédés sur les terrains sont nombreux. Des décès dus à la même cause, un arrêt cardiaque, alors que ces joueurs étaient jusque-là en bonne santé. Un phénomène difficilement explicable, mais dont l’ampleur grandissante ces dernières années est inquiétant. Le laboratoire Genetest s’est penché sur le problème. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que l’étude récemment menée par ce laboratoire en Espagne n’est pas forcément rassurante. Ainsi, les footballeurs seraient, de par leur activité, naturellement sujets à des décès par arrêt cardiaque. Une fatalité donc?
La conclusion de l’étude du laboratoire Genetest, signée par les spécialistes en cardiologie et médecine du sport les plus renommés d’Espagne, est claire: «La cause la plus fréquente de mort subite dans le football est la myocardiopathie hypertrophique, se produisant suite à l’épaississement des parois du cœur. Il s’agit d’une affection génétique qui, suite à un effort physique intense, peut produire une arythmie ventriculaire fatale. De plus, la coïncidence avec d’autres maladies, comme une bronchite asymptomatique, peut mener au même résultat dramatique.» Autrement dit, ces infarctus proviennent d’un défaut génétique, souvent indétectable, même avec des appareils de pointe. Lorsque celui-ci est combiné à une affection banale, le plus souvent une grippe, on peut arriver à l’arrêt cardiaque.
Cette combinaison défaut génétique+affection banale+effort intense peut donc être fatale. Bien. Mais pourquoi alors le football est-il plus touché que les autres sports collectifs? La même étude espagnole l’explique en démontrant que le cœur d’un footballeur ne présente pas les mêmes caractéristiques que celui d’un autre sportif. Ce qui le rend plus vulnérable. Les footballeurs sont donc plus exposés aux risques mortels qu’un autre sportif, et, a fortiori, qu’une personne ayant une activité professionnelle normale.
Parmi les volontaires pour cette étude se trouvaient une trentaine de footballeurs professionnels licenciés à Cadiz et Xerez. Les tests ont consisté en une analyse de sang et d’urine, un électrocardiogramme, une IRM, des tests génétiques et un test antidopage. La comparaison des résultats a mené à la conclusion suivante: «le football est un sport très dynamique qui, avec le temps, provoque une augmentation de la masse musculaire du myocarde. Ces modifications de dimensions sont similaires à celles remarquées chez les malades souffrants de myocardiopathie hypertrophique en phase naissante. Durant ses premières phases de développement, cette maladie est pratiquement indétectable. Il est donc possible que ces décès deviennent quelque chose d’habituel dans les années qui viennent.» Une conclusion qui fait froid dans le dos. Sans progrès de la science, les footballeurs resteront apparemment des cibles privilégiées.
Ce qui ne veut cependant pas dire que tous les accidents cardio-vasculaires doivent être fatals aux joueurs. David Sommeil en a récemment été un exemple. Nwankwo Kanu l’a également été il y a quelques années. Lors de son arrivée à l’Inter, le Nigérian a appris qu’il souffrait d’une malformation cardiaque, ce qui ne l’avait pourtant pas empêché de connaître jusque là une belle carrière à l’Ajax Amsterdam. Il s’avère que le joueur avait subit en Hollande les mêmes tests qu’en Italie, mais que son problème n’avait alors pas pu être décelé. Après une intervention chirurgicale, Kanu a pu revenir sur les terrains sans complication. Si cet exemple heureux reste isolé, beaucoup n’ont pas eu cette chance. 50% des accidents cardiaques sur les terrains n’ont cependant pas été mortels lorsque les équipes de réanimation ont pu intervenir rapidement.
trackback uri
3 commentaires
Intéressant, cette affaire de myocarde.
Puisque le risque vient de la combinaison « défaut génétique + affection banale + effort intense », je vais expliquer à mon patron que, comme j’ai une hérédité désastreuse et un petit rhume, je vais un peu lever le pied. Juste deux-trois saisons. Ensuite, je reviendrai peut-être, façon Kanu.
Bonne idée Pop9 !
)
Excellent article PJ………….comme d’hab.
Ca fait froid dans le dos quand même.
Quand je disais que ça faisait froid dans le dos, je ne croyais pas si bien dire. Info sur yahoo ce soir :
« Cet après-midi, à Vaires-sur-Marne, sur un terrain de foot, un enfant est mort à la suite d’un problème cardiaque. Le match opposait les jeunes de Torcy à ceux de Vaires-sur-Marne, en Seine-et-Marne.
Selon les secours, le drame s’est produit quand le jeune garçon « s’est effondré au cours du match ». Le match a été arrêté sur le champ.
L’autopsie de la jeune victime est prévue, lundi. C’est le commissariat de Chelles qui a été chargée de l’enquête. »