le 4 novembre 2009 à 18:01La surprise Kazan

14 contre 1. C’était la cote pour une victoire des Russes du Rubin Kazan sur le terrain du FC Barcelone. Et malgré 3 tirs seulement contre 24 pour les Catalans, ce sont bien les joueurs du champion de Russie en titre qui se sont imposés 2-1 lors de la dernière journée de Ligue des Champions. A la veille du match retour, il est temps d’en savoir un peu plus sur cette surprise qu’est le club de Kazan, capitale du Tatarstan.

Si le CSKA Moscou et le Zenit St-Pétersbourg ont récemment remporté la Coupe de l’UEFA, c’est bien le Rubin Kazan qui commence à dominer le championnat de Russie. En quête d’un deuxième titre national consécutif, le club est en tête du championnat russe à 5 journées de la fin de la saison. Sur le plan européen, le club de Kazan est un petit nouveau. Mais un nouveau qui fait déjà trembler le FC Barcelone et l’Inter Milan, les deux gros clubs de son groupe. Avec pour ambition de se qualifier pour les huitièmes de finale, ce qu’aucun club russe n’a réussi à faire depuis le Lokomotiv Moscou en 2002-2003, avant d’être éliminé par l’AS Monaco.

Si ce club était inconnu il y a encore deux ans, c’est que son parcours est plutôt fulgurant, à l’image de ce que l’on a pu voir ces dernières saisons en Roumanie avec le CFR Cluj ou l’Unirea Urziceni. Bien qu’il ait été fondé en 1958, le Rubin Kazan n’accède à la première division russe qu’en 2003. Sa première saison dans l’élite est excellente, au point de se qualifier pour la Coupe de l’UEFA. Son parcours européen sera cependant de courte durée. Malgré une victoire 2-0 au match aller face au Rapid Vienne, les Russes sont éliminés après une défaite 3-0 au retour. Cette élimination augure d’une saison plus moyenne que la précédente. Le Rubin ne termine en effet que 10e du championnat. Mais les choses vont rapidement aller mieux.

La saison suivante, 2004-05, le voit disputer de nouveau pour la C3, jusqu’à une élimination face à Parme. Le club termine ensuite 5e du championnat en 2006 puis 11e en 2007, avant la magique saison 2008. Le Zenit St-Pétersbourg, champion en titre, est la nouvelle coqueluche du football russe. Mais Kazan ne tarde pas à inverser la vapeur. Vainqueur de la Supercoupe de Russie, le Zenit tombe en effet 1-3 sur son terrain face au Rubin dès la deuxième journée. Le club tatar enchaîne ensuite sept victoires consécutives. Et alors que le Zenit brille sur le plan européen, avec une victoire en Coue de l’UEFA, le Rubin Kazan survole le championnat, et est sacré champion de Russie à la 27e journée. Son tout premier trophée en 50 années d’existence. Il devient ainsi le troisième club non moscovite à être sacré champion (après l’Alania Vladikavkaz en 1995 et le Zenit St-Pétersbourg en 2007). Cette saison, le club tatar est encore leader du championnat, après 18 journées, mais avec une avance minime sur son principal concurrent, le Spartak Moscou, qui n’est qu’à un petit point.

L’équipe de Gurban Berdiyev s’appuie sur un bloc défensif solide et une grande vitesse de contre-attaque, deux points qui sont à la base de la victoire contre les Catalans il y a deux semaines. Obsédé par la stratégie, Gurban Berdiyev, qui occupe également le poste de vice-président du club, est son entraîneur depuis 2001. Souvent comparé pour ses méthodes avec Rafa Benitez dans les médias russes, Berdiyev est donc celui qui a porté le club de la deuxième division à la Ligue des Champions en moins de 10 ans.

Le Rubin Kazan est détenu par Aleksandr Petrovitch Gusev, un ancien officier du KGB entre 1983 et 1985. Le club est pour cette raison considéré comme le club du KGB. Et son budget, de 60 millions d’euros, est financé en quasi-totalité par l’Etat russe. Avec ce budget, Berdiyev a réussi à composer un effectif surprenant, où 10 nationalités se côtoient! Aucune grande star dans cet effectif, mais plutôt des joueurs habitués au niveau européen, comme le capitaine Sergei Semak, que l’on connaît depuis son passage en France, l’Ukrainien Sergei Rebrov ou l’attaquant turc Gökdeniz Karadeniz. Auteur du but de la victoire à Barcelone, Karadeniz est arrivé en 2008 à Kazan, après 11 saisons passées à Trabzonspor. Une réussite, puisqu’il a marqué 11 buts en 48 matchs de championnat depuis son arrivée. A ses côtés figurait l’an dernier le Serbe Savo Milosevic, qui a largement contribué à la victoire de son équipe en championnat pour sa dernière saison. Milosevic parti, le club a réussi à le remplacer par une ancienne connaissance. L’Argentin Alejandro Domínguez avait en effet passé trois saisons à Kazan, de 2004 à 2007. Transféré au Zenit début 2008 pour 7 millions d’euros, Dominguez a raté la saison du sacre. Une saison qu’il a d’ailleurs ratée tout court. Incapable de s’entendre avec son entraîneur Dick Advocaat, Dominguez est revenu en fin de saison à Kazan. Avec bonheur, puisque grâce à ses 14 buts en 20 matchs, il est devenu la vraie star de l’équipe. S’il tient un tel rythme jusqu’à la fin de la saison, Kazan pourrait bien doubler la mise sur le plan national, et pourquoi pas damer le pion à un grand d’Europe dans son groupe de Ligue des Champions.