Après Messi Ballon d’Or 2009 et Kaka probable Samba d’Or, voici l’histoire d’un autre Sud-Américain, qui n’a lui rien gagné.
A la question: quel est le meilleur joueur du monde, les personnes interrogées répondent en général Pelé ou Maradona… sauf Maradona. Diego dirait plutôt Jorge González. Mais personne ne se souvient de Mágico González. Et pour cause, malgré un style et une carrière reconnus comme brillants, Jorge González a participé à un match historique lors de la Coupe du Monde 1982, mais pas du bon côté. Si personne ne se souvient de lui, c’est principalement à cause d’un défaut, González était Salvadorien. Pas évident d’entrer dans l’Histoire quand on n’a pas de palmarès international. Histoire d’un joueur inconnu du grand public, mais que Maradona lui-même voyait comme le meilleur au monde.
Issu d’une famille pauvre, González démarre sa carrière à 17 ans au club de l’administration Nationale des Télécommunications. Mais il ne met pas longtemps à se faire remarquer et est transféré deux ans plus tard au FAS (Fútbolistas Asociados Santaneco), club de première division salvadorienne. Nous sommes en 1977 et c’est à cette époque que les médias commencent à l’appeler El Mago (le magicien). Car González est un joueur hors norme.
Son génie et son talent servent rapidement à tirer l’équipe nationale vers le haut. Et c’est presque à lui seul qu’il la qualifie pour le Mondial 82. C’est la seconde fois que le Salvador participe à cette compétition. Présent au Mexique en 1970, il n’avait pas pu faire mieux que 3 défaites, sans marquer un seul but.
Le Mundial espagnol ne commence guère mieux pour les Salvadoriens. Le premier match est en fait un désastre. La Hongrie écrase le Salvador 10 buts à 1. Le record tient toujours. C’est pourtant un match où Jorge González a brillé, obligeant le gardien hongrois Ferenc Mészáros à faire des arrêts incroyables. Les deux autres matchs, contre la Belgique et l’Argentine, se solderont eux par de courtes défaites. Jorge González n’aura donc jamais marqué en coupe du monde.
Il n’aura pas marqué, joué seulement trois matchs, mais cela s’avère suffisant pour que de nombreux clubs européens s’intéressent à lui. Les Espagnols de l’Atlético de Madrid et de Cádiz font une offre. Malgré le prestige du club de la capitale, c’est à Cádiz que González pose ses valises en cet automne 1982. Il y est immédiatement adopté par les supporters et devient El Mágico. González a beau être réputé être fêtard, sa réussite est telle que tout lui est passé. «Je reconnais que je ne suis pas un saint, admet-il d’ailleurs. J’aime la nuit. Je sais que je suis irresponsable et un mauvais professionnel, et que cela peut ruiner la chance de ma vie. Je le sais, mais je ne veux pas prendre le football comme un travail. Je ne joue que pour m’amuser.»
Pour sa première saison en Espagne, il marque 14 buts en 33 matchs. Même score la saison suivante, en 31 matchs joués. Malgré cela, Cádiz est relégué en deuxième division. Plusieurs clubs européens s’intéressent à lui, dont la Fiorentina et le PSG. Mais González ne veut pas partir. Durant l’été 1984, Cádiz fait une nouvelle tournée aux Etats-Unis. Mais cette fois-ci, Jorge González n’est pas la star. Le Barça d’un certain Diego Maradona s’est en effet joint à l’équipe pour cette tournée.
Tout le monde n’en a que pour l’Argentin champion du monde. Mais lui n’a d’yeux que pour González. «Un seul homme peut faire de la magie avec ses pieds, son nom est El Mágico González,» dit-il alors de lui. Maradona insiste auprès de ses dirigeants pour le faire venir en Catalogne. Mais son indiscipline refroidit vite les Catalans. Lors d’un match entre le FC Barcelone et Cádiz, le Salvadorien ne se présente pas au coup d’envoi. Il n’arrive qu’à la mi-temps. Barcelone mène alors 3-0. Un mi-temps plus tard, Cádiz l’emporte 4-3. González totalise deux buts et deux passes décisives. Le peu d’envie restant aux Barcelonais de l’engager sont réduits à néant quelques jours plus tard, lors d’un événement inattendu. Les deux équipes se trouvent dans un hôtel californien lorsque l’alarme incendie retentit en pleine soirée. Tout le monde quitte les chambres, sauf l’indiscipliné González, qui préfère rester dans la sienne en galante compagnie…
Son indiscipline chronique finit par lasser également son entraîneur. Et Mágico González est transféré à Valladolid. Il n’y restera cependant que quelques mois, le temps de marquer 2 buts en 9 matchs. Le marquage à la culotte dont il est la cible dans sa vie privée le pousse à réclamer un nouveau transfert. Cádiz, qui a changé d’entraîneur entre temps, est bien heureux de le voir revenir. Mágico González y joue 5 saisons, avant de revenir au pays en 1991.
C’est au Club Deportivo FAS, le club de ses débuts, qu’il revient. Il y restera jusqu’en 2000, année de sa 48e et dernière sélection en équipe nationale. Mágico a 42 ans. Il entame alors une courte carrière d’entraîneur au Dynamo de Houston, puis de chauffeur de taxi, avant de revenir une nouvelle fois au Salvador. Deux matchs en son honneur sont disputés en 2001 et 2004, le second à l’initiative de Diego Maradona lui-même. Mágico González marque trois buts dans ce match.
Preuve de son niveau exceptionnel, le gouvernement salvadorien lui a décerné en 2003 le Hijo Meritísimo, la plus haute distinction du pays. Le stade national Flor Blanca est lui renommé Estadio Nacional Jorge « Mágico » González la même année. Autre exemple, l’écrivain salvadorien Geovani Galeas a écrit en 2006 une oeuvre théâtrale basée sur la vie de Jorge González et intitulée San Mago, patrón del estadio.
trackback uri 7 commentaires
J’avais lu à quelque part qu’il avait manqué son propre jubilé, il ne s’était pas réveillé tellement il était bourré.
Super billet très intéressant merci qui? merci PJ !
Très intéressant ! Je l’ai sur une vignette Panini du Mundial 1982 ! Les stickers pour l’équipe du Salvador étaient des binômes ainsi Jorge apparait avec le non moins méconnu Escamilla … J’ignorais le talent de Gonzalez … Pourtant, Salvador et Honduras aussi avaient qd même réussi à chasser le Mexique des qualif ! C’était déjà un sacré exploit !
PJ, docteur ès sciences footballistiques
Quelle classe ce Magico, j’adore sa préférence pour les lobes, les trajectoires en cloche…c’est moins efficace que les grosses patates, mais c’est magique
Je crois me rappeler d’ un article a propos de lui dans un vieux vieux France foot.
Magico gonzalez, Ca me dit qqchose Ca
MERCI PJ
jorge » magico » GONZALEZ est né le 13 mars 1958 .
1m74 .
tres bon attaquant …235 matchs pour 90 buts en LIGA ESPAGNOLE !!
48 selections – 41 buts ( 1979 à 1998 )
Un joueur exceptionnel qui était d’une vitesse et d’une classe inouïe. Je ne l’ai pas vu jouer mais les vidéos que j’ai vu de lui m’ont ébloui. Quel talent. Diego a dit cela de lui. C’est la preuve de son génie. Dommage qu’il ne soit pas autant reconnu de tous.