Ces Français champions de Singapour

Etoile FC logoIls sont 23 joueurs Français à être devenus il y a maintenant 15 jours champions de Singapour. Arrivés en début d’année dans la cité-Etat, ces joueurs venus des quatre coins de France y ont fait un carton, remportant d’emblée la coupe de la Ligue avant de s’adjuger, pour un petit point, le championnat, et d’être éliminés en demi-finale de la Coupe de Singapour.

Créée en 1996, la S-League, nom du championnat de Singapour, regroupe cette saison 12 équipes – selon un système de franchises – dont trois étrangères depuis cette saison (disputée de février à novembre). L’un est un club chinois, Beijing Guoan – homonyme du club pékinois – et est composé de joueurs tous chinois. Le deuxième est l’Albirex Niigata, également un homonyme, est qui est entièrement japonais, à l’exception surprenante de son vice-président roumain. La troisième et dernière place a donc été prise par le représentant français, l’Etoile FC. Cette idée à première vue un peu farfelue doit à la volonté d’un homme, Johan Gouttefangeas.

Ancien chef d’entreprise, Johan Gouttefangeas a réussi à rassembler deux millions d’euros, somme nécessaire à la candidature pour l’introduction d’une équipe en S-League, grâce à différentes activités. A 33 ans, celui qui est devenu président de l’Etoile FC ne cache pas ses ambitions. « Je m’inspire beaucoup de Jean-Michel Aulas, qui a fait de l’Olympique Lyonnais une entreprise, une machine à gagner de l’argent, et ce qui lui a permis de devenir un grand club sportif, avance-t-il. C’est mon but. »

Après un passage en tant que joueur à Singapour il y a neuf ans, Johan Gouttefangeas y a vu un moyen de s’implanter pour ensuite construire à grande échelle en Asie. Il envisage ainsi depuis le début de créer des centres de formation à la française un peu partout dans le continent asiatique. « L’équipe pro sert à montrer que ce que je veux faire tient la route, » explique-t-il dans cette optique.

Pour y arriver, Gouttefangeas a dû monter son équipe dans l’urgence. Il active alors son réseau et trouve l’aide de David Ginola – devenu par la suite l’ambassadeur du club – pour l’organisation de tests de détection. A la baguette, le technicien Patrick Vallée, ancien entraîneur de Pacy-sur-Eure. Les joueurs sélectionnés fréquentent alors des clubs allant de National à la CFA 2, ou sont libres de tout contrat. Parmi eux, certains ont goûté à la Ligue 2, comme Khaled Kharroubi (champion de L2 avec Valenciennes en 2006) ou le capitaine Matthias Verschave, qui a évolué à Clermont, Reims, Nîmes, Brest et même l’Olympiakos Nicosie avant de tenter l’aventure. Une aventure en forme de bouée de sauvetage pour certains joueurs, qui étaient alors au chômage. « C’est la crise en France dans le football amateur, explique Flavien Michelini, milieu de terrain. On est venus à Singapour pour se relancer… ou se lancer tout court. Même si les salaires restent plutôt bas, entre 800 et 3 000 euros. »

Effecitf Etoile FC

L’Etoile FC a un contrat de 3 ans pour le moment. Soit deux saisons encore à disputer. Deux petites années pour redonner au football une place dans le paysage singapourien. Car il n’est pour le moment délaissé. Les stades sont vides et les parts de marché à la télévision faméliques. Gouttefangeas, qui a pris le pari de doubler le prix du billet d’entrée en le faisant passer de 2,5 à 5 euros, doit utiliser toutes les possibilités marketing pour remplir les 5 000 places du Queenstown Stadium. A la manière d’un Guazzini avec le Stade Français, Gouttefangeas use donc de feux d’artifice, de défilés de motos et de « shootings glamours » de ses joueurs dans les magazines locaux. Une nouvelle approche du foot dans cette partie du globe.

Si le club ressemble pour l’instant à un modèle de réussite, son développement risque de se heurter à un problème majeur. Le club est obligé de par son contrat avec la fédération singapourienne de n’avoir que des joueurs français dans son effectif. Or, selon le règlement de l’AFC, l’équivalent asiatique de l’UEFA, l’Etoile FC n’aura pas le droit de participer aux compétitions régionales asiatiques, en tant qu’équipe étrangère. Cette limite n’a pas effrayé Gouttefangeas, persuadé qu’une équipe de Français peut faire fureur en Asie, et donc rapporter gros. Un championnat dès sa première participation, voila qui n’est déjà pas mal.

 
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Belle aventure en tout cas, chapeau de nous avoir encore dégotter ce sujet.
Et PJ, sur cette page : http://www.etoilefootballclub.com/PlayersProfile.aspx on a l’effectif de ces français de l’étranger et quelques lignes sur Johan Gouttefangeas.
Le garçon a en effet des projets et l’intention de monter une academy. J’épère pour lui que ça va fonctionner.
Par contre, un peu ridicule le réglement de l’AFC par rapport à ce qui se fait en Europe.
Quand on pense à l’Inter, ou Schalke, ou…etc…etc…
Bon, c’est vrai, que des français ou que des chinois…
Un peu bizarre le contrat avec la fédé locale. Ne pas profiter de la réussite de l’étoile pour incorporer des joueurs locaux, ça fait un peu gars qui se tire une balle dans le pied.

par stef, 09.12.2010 à 16h01   | Citer

Au départ, la fédé souhaitait deux équipes avec « des joueurs à la nationalité identique », donc Français dans ce cas précis, dans le but de rehausser le niveau du championnat local.

En ce qui concerne les compétitions internationales, le règlement a été mis en place après l’introduction du club néo-zélandais Wellington Phenix au sein du championnat d’Australie, la A-League. La FIFA avait alors stipulé que cette introduction ne devait pas nuire aux clubs australiens. Ce qui rejaillit dans le cas de l’Etoile. Plus près de chez nous, ce serait la même chose je pense si Vaduz devenait champion de Suisse ou Cardiff champion d’Angleterre. En gros, ils représenteraient leur pays sans que cela n’interfère sur les clubs suisses ou anglais. Là, pareil, sauf que l’Etoile ne va pas représenter la France.

par PJ, 09.12.2010 à 16h16   | Citer

Article très intéressant, j’avais déjà entendu parler de ce club dans un numéro de france football.
Effectivement Pj, en suisse Vaduz est mal considéré, c’est d’ailleurs un problème en Suisse.

par Bastien, 09.12.2010 à 18h42   | Citer

Moi je trouve ça débile.

C’est en quelque sorte ne pas bénéficier entièrement de l’apport d’une spécificité locale voulue.
On trouve une idée pour booster un championnat, mais on ne va pas jusqu’au bout.
Et la FIFA qui y met son grain de sel à coup de principe limite nationaliste, bof.
Et puis pour Vaduz ou Cardiff, je ne vois pas le problème, on a bien Monaco en ligue 1.

par stef, 09.12.2010 à 19h47   | Citer

stef: Moi je trouve ça débile.
C’est en quelque sorte ne pas bénéficier entièrement de l’apport d’une spécificité locale voulue.
On trouve une idée pour booster un championnat, mais on ne va pas jusqu’au bout.
Et la FIFA qui y met son grain de sel à coup de principe limite nationaliste, bof.

Tout à fait d’accord.

stef: Et puis pour Vaduz ou Cardiff, je ne vois pas le problème, on a bien Monaco en ligue 1.

Là par contre, ça n’a quand même rien à voir.

par PJ, 09.12.2010 à 20h00   | Citer

C’est vrai que c’est dommage de ne pas jouer en coupe régionale…
On aurait pu avoir 2 équipes françaises en CdM !!

par Vince, 09.12.2010 à 20h52   | Citer

Non Stef, dans le cas du club francais de singapour et de Monaco en ligue francaise, effectivement cela ne change rien.
Par contre Vaduz n’apporte rien en football suisse, je comprends d’ailleurs pas pourquoi l’ASF a accepté que ce club évoule en deuxième division.

Donc je partage absolument pas ton avis concernant Vaduz, par contre pour Monaco ou L’Etoile Fc à singapour, c’est différent.

par Bastien, 09.12.2010 à 21h43   | Citer

J’admet que concernant le FC Vaduz, je parle un peu sans savoir…
PJ, t’as pas fait un topic là-dessus ?
J’ai dû passer à côté…

Pour en revenir à L’Etoile FC, j’ai regarder les vidéos sur leur site, plus certains résumés sur Youtube. Plus une pub marrante, un peu à la Canto, avec Flavien Michelini.
Patrick Vallée est en tout cas bien chaud sur le banc.
Au final je trouve que c’est une très belle aventure.

par stef, 09.12.2010 à 23h18   | Citer

Ah bon, Vaduz dérange tant ? Pourtant, lors de leur bref passage en L1, ils n’ont pas embêté bcp de monde puisqu’ils sont redescendus illico.
C’est bien que les bons joueurs du Liehtenstein puissent jouer des matches de « haut niveau » (c’est mieux que de jouer entre eux). En plus, je ne me souviens pas des noms, mais il y a des joueurs suisses qui n’étaient pas retenus par leur clubs de formation mais qui jouent maintenant à Vaduz.
Certes, vaduz n’apporte peut-etre pas grand chose au foot suisse mais la suisse apporte bcp au Liechtenstein. C’est beau de donner sans recevoir (mode Florent Pagny off).

par Xaxou, 10.12.2010 à 12h15   | Citer

Et le Liechtenstein apporte un système fiscal encore plus avantageux :-)

par Moriarty, 11.12.2010 à 11h06   | Citer

[...] Ces Français champions de Singapour [...]