le 22 juillet 2011 à 8:15Jimmy Hill, le football sous tous les angles

Certains ont joué un peu partout sur le terrain, comme Laurent Blanc, milieu offensif couronné champion du monde en défense centrale. D’autres se révèlent au bord du terrain, tel Brian Clough, qui a joué 213 matchs pour Middlesbrough mais reste dans les mémoires pour ses deux victoires en Coupe d’Europe des Clubs Champions en tant que manager de Nottingham Forrest. Aussi brillants soient-ils, ils n’ont pas fait le tour de la question. Le seul a avoir vu le football sous tous ses angles, c’est Jimmy Hill.

Né en 1928, Jimmy Hill a longtemps fréquenté les stades avant de sauter le pas. Supporter de Crystal Palace, il ne débute sur les terrains qu’à 21 ans, sous le maillot de Brentford. Transféré trois saisons plus tard à Fulham, il y terminera sa carrière professionnelle 276 matchs et 41 buts plus tard, en 1961. Sa carrière est à peine terminée, mais Jimmy Hill est déjà sur plusieurs fronts. Il est en effet président depuis 1957 de la PFA, l’association anglaise des footballeurs professionnels. Avec succès puisqu’il lutte pour l’augmentation du salaire maximal autorisé – 20 livres – et qu’il remporte la bataille en 1961, lorsque son coéquipier Johnny Haynes devient le premier joueur payé 100 livres.

Sa carrière de joueur terminée, Hill se lance dans celle d’entraîneur. A 33 ans seulement, nous sommes toujours en 1961, Hill devient manager de Coventry City. Un club qu’il va bouleverser. Hill commence par modifier les couleurs du club. C’est la «Sky-blue Revolution» , nom tiré des nouvelles couleurs, bleu et bleu ciel, qui valent aux joueurs leur surnom actuel, les «Sky Blues.» Hill fait également modifier l’hymne du club, «The Sky Blue Song» , introduit la vente des fameux programmes du match autour des stades et est le premier à inciter les supporters à venir tôt au stade grâce à la création de divertissements avant-match. Il enclenche également la reconstruction du stade Highfield Road, le premier stade anglais entièrement composé de places assises, et fait monter l’équipe de la troisième à la première division. Le tout en seulement six saisons. En 1967, Coventry City est sur le point d’entamer sa première saison dans l’élite lorsque Jimmy Hill décide de donner sa démission. Il n’entraînera plus jamais.

Hill s’éloigne alors un peu des terrains, mais pas du football. Engagé par la BBC en tant que conseiller technique auprès de la série United!, basée sur le football, il quitte la chaîne entre 1967 et 72 pour prendre la direction des sports chez London Weekend Television. Puis, de retour à la BBC, il présente Match of the Day. Une émission qui fera de lui une icône de la télévision anglaise. Plus de 600 émissions jusqu’en 1999, et quelques moments forts, comme sa présence lors du drame d’Hillsborough en 1989. Lorsqu’il quitte la BBC, définitivement cette fois-ci, c’est pour passer sur Sky Sports avec une nouvelle émission, le Jimmy Hill’s Sunday Supplement. Une émission qu’il animera jusqu’en 2007 et son remplacement par Brian Woolnough.

Entre temps, Hill n’a pas totalement abandonné son club de Coventry. En 1975, Hill créé la surprise en y revenant, huit ans après avoir quitté son poste de manager. Il a déjà été joueur et entraîneur, ne manque plus qu’une fonction administrative. C’est ainsi qu’il revient au club en tant que président. Avec un épisode qui renforce sa position de légende auprès des fans. A la fin de la saison 1976-77, Coventry lutte pour le maintien en recevant Bristol tandis que son adversaire au classement, Sunderland, se déplace à Everton. Hill prend alors une décision unique en décidant de faire retarder le coup d’envoi de 10 minutes. Il fait ainsi d’une pierre deux coups: il permet aux supporters coincés dans les embouteillages d’arriver au stade au début du match, mais surtout, il connaîtra la résultat de Sunderland dix minutes avant la fin de match de son équipe. Après avoir appris la défaite 0-2 de Sunderland, Hill informe ses joueurs, qui font alors tourner le ballon jusqu’au coup de sifflet final. Coventry se sauve, tandis que Sunderland, Tottenham et Stoke descendent. Les supporters de Sunderland ne l’ont pas oublié. En 2008, à 80 ans, Jimmy Hill, devenu président de Fulham – qu’il sauve de la banqueroute et d’une fusion avec les Queen’s Park Rangers – est repéré dans les tribunes lors du match Sunderland-Fulham. Hué et visé par des projectiles, il doit être évacué par la police! Si Sunderland le hait, Coventry l’adore, jusqu’à faire construire une statue, financée uniquement grâce aux dons des supporters.

Hill a donc été joueur, entraîneur, président, commentateur… mais aussi arbitre! L’anecdote date de 1972 et du match opposant Arsenal à Liverpool. Lorsque l’arbitre de touche Dennis Drewitt se blesse, le match risque d’être suspendu faute d’arbitre remplaçant. Le speaker d’Highbury fait alors un appel désespéré: y’a-t-il dans le public un arbitre de touche avec sa licence sur lui? Licencié en tant que tel, Jimmy Hill, simple spectateur, descend des tribunes, échange son costume contre un survêtement, enfile les chaussures de Drewitt trop petites pour lui et permet au match de se poursuivre.

Au-delà de cet aspect touche à tout, Hill est surtout célèbre en Angleterre pour son personnage et ses phrases cultes au micro de la BBC. Parmi elles: «Je l’appellerais sans aucun doute en équipe d’Angleterre si j’étais sélectionneur et qu’il n’était pas des Bermudes.» «Ils sont toujours dans le match, et ils essaient d’y revenir.» «C’est un remplacement judicieux opéré par Terry Venables: trois hommes frais, trois jambes fraîches.» «Si l’Angleterre veut gagner ce match, il va falloir marquer un but!»

Jimmy Hill fête aujourd’hui ses 83 ans.

Source: IF