El Clásico, plus qu’un match, un affrontement entre le Real Madrid et le FC Barcelone, l’événement footballistique des clubs le plus regardé après la finale de la Ligue des Champions. Le Derby della Madonnina opposant Milan AC et Inter de Milan est lui aussi un grand nom et une attraction touristique à lui seul pour la Lombardie. En Amérique du Sud, le Superclásico, duel argentin entre Boca Juniors et River Plate, provoque lui les folies les plus grandes. En Angleterre, c’est le derby entre United et City qui a fait la Une ce week-end grâce à la renversante victoire 6-1 des Citizens. Tous ces derbys ont une aura, un intérêt immense. Tout ce que n’aura jamais le Clásico de la Fuga. Un match que beaucoup voudraient même oublier.
Le 9 octobre 1949 se prépare une rencontre décisive. Un match à la vie à la mort. C’est à l’Estadio Centenario de Montevideo, où s’est disputée la finale de la première Coupe du Monde, que le Nacional – champion en titre – et Peñarol doivent disputer le grand derby uruguayen. Le match de la saison entre les deux plus grandes équipes du pays. Bien que comptant pour la huitième journée du championnat, la rencontre est déjà décisive. Le Nacional a en effet remporté ses sept premiers matchs quand son rival compte cinq victoires pour deux matchs nuls. Le titre et l’orgueil sont en jeu.
C’est pourtant Peñarol qui semble avoir sous-estimé son adversaire en début de match. Une lacune qui permet au Nacional, excellent défensivement, de tenir la comparaison jusqu’à la 38e minute. Schiaffino offre alors un caviar à Alcides Ghiggia. L’attaquant, qui sera le bourreau du Brésil l’année suivante, bat le gardien Paz d’un tir violent et ouvre le score. Le stade explose.
Trois minutes plus tard, c’est au tour de l’arbitre Horacio Bochetti de se mettre en valeur en accordant un penalty indiscutable au Peñarol. Oscar Míguez s’avance pour tirer le penalty. Un tir croisé à mi-hauteur, puissant, qu’Aníbal Paz repousse sur son côté droit mais ne peut capter. Vidal est le premier à se précipiter sur le ballon et marque le deuxième but de Peñarol. C’en est trop pour Tejera, qui craque et se fait expulser pour insultes.
Le Nacional termine la première mi-temps avec deux buts de retard à dix contre onze… et rapidement à neuf contre onze. A la 43e minute, c’est Walter Gómez qui est expulsé à son tour pour une agression envers l’arbitre. Avec un tel handicap, c’est un festival de buts qui est attendu dans la seconde mi-temps. Une mi-temps qui n’aura jamais lieu.
Au terme de la première période, les deux équipes rentrent aux vestiaires. Une seule en ressort pour reprendre le match. Furieux des décisions de l’arbitre, les joueurs du Nacional refusent de revenir sur le terrain. C’est du moins la version officielle de ce Clásico de la Fuga, de cette fuite par le tunnel des vestiaires. Pour d’autres sources, les joueurs du Nacional auraient eu peur de subir une lourde défaite contre « l’escadron de la mort, » le surnom de son rival.
Le Nacional ne revient donc pas sur le terrain. L’arbitre et ses assistants attendent, regardent leur montre. Les joueurs de Peñarol sont eux persuadés que leurs adversaires vont revenir. L’arbitre Bochetti consulte son assistant Pedro Obregón sur le temps d’attente réglementaire, puis siffle la fin du match. En prenant une pluie de buts, le Nacional risquait la révolte de leurs supporters.. Mais en refusant le jeu, honte suprême, il a laissé son rival Peñarol remporter un match entré dans la légende. « Il a plu pendant toute la partie, mais dès que l’arbitre nous a annoncé que nous avions gagné, le soleil s’est levé ! » raconte Alcides Ghiggia. Ou quand les éléments font eux aussi la légende.
trackback uri 4 commentaires
Ce qui est marrant avec l’Uruguay, puisqu’on est sur PF, c’est qu’elle a longtemps été considéré comme étant « la Suisse de l’Amérique du sud » et qu’elle l’est peut être encore.
Schiaffino, Ghiggia… Des noms gravés dans la légende du foot mondial.
Aujourd’hui l’Uruguay c’est a peine trois millions et demi d’habitants et ça nous sort encore des Forlan, des Cavani et cie. (J’vais éviter de faire un commentaire sur Suarez…)
Le Penarol était encore en finale de la dernière Libertadores.
Mais bon je ne connaissais pas l’histoire de ce derby contre le Nacional.
Imagine le prochain OM-PSG et les mecs qui disent « ben non, ça suffit on revient pas »… Aie !
Bravo PJ, +1 ! Tu continues de faire pêter ton score.
Quelle histoire ! Il sort déjà quand ton livre ?
Petit reproche personnel : Dans les grands derby, tu as oublié de citer Galata – Fener !!! 1er au classement http://www.footballderbies.com/
En août prochain Doga, on a encore le temps.
« la Suisse de l’Amérique du sud » Ok sauf que l’Uruguay est la nation la plus titrée au monde !!!
Pas mal pour un pays de 3 millions d’habitants!!!