Appelé dès 2007 en équipe de France, Jérémy Mathieu a dû attendre quatre ans pour enfin honorer sa première sélection, samedi dernier contre les Etats-Unis. Petit joueur…
Dans les années 60 et 70, le football anglais est à son zénith. Gordon Banks, Bobby Moore, Alan Ball, Geoff Hurst, Jack et Bobby Charlton sont alors les locomotives d’un des plus beaux jeux au monde. Unique, parfait, efficace. A l’ombre de ces géants du football mondial, certains joueurs ont raté le coche et n’ont pas trouvé leur place dans la légende. Ian Callaghan fait partie de ceux-là. Il a pourtant vécu lui aussi une aventure unique avec l’équipe d’Angleterre.
18 années dans l’élite, cinq titres nationaux, cinq Cups, six Charity Shields, deux Coupes d’Europe des clubs champions, deux Coupes de l’UEFA, plus de 850 matchs disputés et 50 buts marqués sous le maillot de Liverpool, Ian Callaghan détient un palmarès qui peut faire bien des envieux. Avec de tels résultats, l’homme de base de l’entre-jeu de Liverpool, équipe dont il détient le record du plus grand nombre de matchs joués (857 matchs, de 1959 à 1978), aurait pu avoir une place garantie dans n’importe quelle équipe nationale. Pas en Angleterre.
Ce n’est pourtant pas faute d’avoir essayé. Titulaire avec Liverpool dès 1959, à 17 ans, Callaghan doit attendre sept ans pour connaître sa première sélection en équipe d’Angleterre. Elle intervient le 20 juillet 1966, lors de la Coupe du Monde anglaise. Ce jour-là, l’Angleterre rencontre la France en match de poule avec Callaghan sur le terrain. C’est la seule sélection pour lui… de la décennie ! Double champion d’Angleterre et finaliste de la Coupe d’Europe des vainqueurs de coupe, Callaghan ne le sait pas encore, mais il va lui falloir attendre 11 longues années et remporter bien d’autres titres pour retrouver la sélection.
Si Callaghan a dû attendre aussi longtemps, c’est principalement à cause de son poste naturel d’ailier. La réussite du sélectionneur Alf Ramsey est en effet passée par un nouveau système de jeu n’utilisant pas d’ailiers purs. Dans son équipe victorieuse, les « Wingless wonders, » l’axial Alan Ball est préféré à l’ailier Callaghan. A la fin des années 60, alors que Ramsey effectue de profondes modifications dans une équipe vieillissante, Callaghan délaisse son poste d’ailier pour un rôle plus axial. Sans plus de réussite.
Callaghan ne convainc pas les sélectionneurs Alf Ramsey et Joe Mercer. C’est Don Revie qui fait appel à lui le 7 septembre 1977, pour un match face à la Suisse. Ian Callaghan a 35 ans. Et un nouveau record : une attente de 11 années et 49 jours entre deux sélections en équipe d’Angleterre. Redevenu international, le natif de Toxteth – une banlieue de Liverpool où naîtra plus tard un certain Wayne Rooney – est néanmoins sur le déclin. Il quitte en effet Liverpool la saison suivante pour les Fort Lauderdale Strikers, en MLS. S’ensuivent quelques années où Callaghan bourlingue un peu partout dans le monde, de l’Australie à la Norvège en passant par l’Irlande. Il met un terme à sa carrière en 1982, à l’âge de 40 ans. Avec son grand palmarès, un titre de meilleur joueur anglais en 1974, un titre de Membre de l’Ordre de l’Empire Britannique remis la même année et… quatre petites sélections nationales.
Info IF: 11 ans et 49 jours entre deux sélections nationales, un record britannique qui pourrait être battu aujourd’hui. L’ancien grand espoir d’Aston Villa Lee Hendrie compte en effet une unique sélection honorée le 18 novembre 1998 face à la République Tchèque. S’il était de nouveau appelé en équipe d’Angleterre, ce serait donc plus de 13 ans après sa première sélection. Un petit événement qui ne devrait néanmoins pas avoir lieu, puisque après une année à Bandung, en première division indonésienne, Lee Hendrie vient de signer à Kidderminster, un club de Conference, le cinquième échelon anglais.
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Bah c’est toujours mieux que la poignée de secondes qu’a vécu Jurietti sur un terrain avec le maillot bleu…
Quand on y pense… Qu’est-ce qu’il y en a eu, dans l’histoire du foot, des joueurs qui sont passés à côté d’une grande carrière internationale. Comdamnés par un système de jeu, ou encore, bloqués par l’ascension d’une génération exceptionnelle. Sans parler des grands joueurs qui se retrouvent perdus dans des sélections moyennes et qui ne parviennent pas à tirer leurs coéquipiers vers le haut.
En tout cas merci de m’avoir rafraichi la mémoire, je ne me souvenais plus de Ian Callaghan. C’est vrai qu’il a remporté deux coupes des clubs des champions. Titulaire contre Mönchengladbach en 77 et remplaçant en 78 contre Brugge. D’ailleurs contre les allemands, petite anecdote, il y avait le cousin de Chris Waddle sur le banc des reds, Alan.
En tout cas, on se souvient plus surement des Dalglish, Keegan et autres Clemence que de Callaghan. Même le super-sub rouquin, David Fairclough est plus connu.
Ca me fait un peu penser, mais histoire différente, à Felix Lacuesta qui était parvenu en finale de l’UEFA avec Bastia. En bleu il n’avait jamais percé, bien qu’on lui ai prédit les sommets. En partie, la « faute » à un certain Platini.
Excellent billet ! J’adore cette anecdote, 11 ans pour entendre les hymnes. Faut dire qu’il y avait une sacrée concurrence en Angleterre à cet époque.
Excellent ! Cela dit un très bon joueur en club ne fait pas forcément un très bon international.
On reste sur notre faim, pour le moment, avec Messi et CR9 en sélections alors que des gars comme Klose, même poussif en club, restent indispensables à leur sélection (du moins jusqu’à un passé réecnt pour ce dernier).