On le voit au fil du temps, le multiculturalisme est de plus en plus présent dans le football. L’équipe de France compte depuis longtemps des joueurs aux origines diverses. L’Allemagne voit son contingent de joueurs d’origine turc grandir à grande vitesse, tandis que la sélection turque compte elle des joueurs nés en Allemagne. L’Italie a, avec Balotelli ou Liverani, elle aussi des joueurs d’origine africaine. Les exemples de groupes aux origines variées ne manquent pas. La sélection israélienne pourrait elle aussi connaître ce multiculturalisme. Et pas n’importe lequel, avec Weaam Amasha, un joueur d’origine arabe. Le résultat de l’Histoire mouvementée qu’est cette région du Proche-Orient.
Lorsque le Maccabi Haïfa est venu il y a un mois disputer son match de’Europa League à Bucarest, elle a failli le faire sans Weaam Amasha, son attaquant vedette. Car Amasha n’a aucun passeport. Descendu de l’avion où avait pris place son équipe, il n’a pu la rejoindre qu’après de longues discussions entre les dirigeants du club et l’Ambassade de Roumanie en Israël. Une situation ordinaire pour ce joueur. Un problème qui se renouvelle à chaque déplacement. Car Weaam Amasha est apatride.
Amasha est en effet né à Buq’ata, une ville des hauts plateaux du Golan, à la frontière israélo-syrienne. Une région où vit la communauté druze, une population dont la religion est dérivée de l’Islam, et dont est issu Amasha. Les Druzes du Golan vivaient en Syrie jusqu’à la Guerre des Six-jours, en 1967. Israël s’empare alors de cette région stratégique, et l’annexe officiellement en 1981. Une annexion jamais reconnue par la Communauté internationale. L’Etat hébreu propose aux habitants du Golan la citoyenneté israélienne. Coincés entre le monde musulman, qui les rejette, et la crainte de voir la communauté disparaître en rejoignant Israël, les Druzes rejettent la proposition. Les voici alors apatrides, vivant en Israël, mais sans citoyenneté et donc sans acte d’identité officiellement reconnu.
Lorsqu’il rejoint le Maccabi Haïfa, Amasha bénéficie grâce aux efforts de ses dirigeants d’un document de voyage israélien. Un visa lui est néanmoins nécessaire pour tout trajet. Pas une mince affaire en l’absence de passeport. Ce qui ne l’empêche pas d’être irrésistible sur le terrain. Meilleur buteur du championnat israélien à mi’saison, Amasha brille également en Europa League. Des performances qui n’ont pas manqué d’être remarquées.
La fédération israélienne, qui ne devrait pas reconduire le contrat de Luis Fernandez en juin prochain, souhaite en effet rendre Amasha sélectionnable. Pas une mince affaire, car Amasha refuse catégoriquement la citoyenneté israélienne, et le passeport qui irait avec, arguant que ceux-ci pourraient inciter sa propre communauté à l’exclure. « Je jouerais un an ou deux en équipe nationale, mais j’en souffrirais toute ma vie, » explique-t-il. Le règlement de la FIFA obligeant tout footballeur à détenir la citoyenneté d’un pays pour y être sélectionnable, les dirigeants israéliens ont fait le demande d’une dispense spéciale pour l’attaquant. Une demande que la FIFA a décidé de satisfaire, comme elle l’a annoncé vendredi dernier: « La FIFA a décidé de prendre en considération la spécificité du cas de Weaam Amasha et l’autorisera à jouer pour l’équipe nationale israélienne sans passeport. » Une annonce qui a ravi le premier concerné: « J’attendais cette nouvelle depuis longtemps et comme tout joueur, je souhaite progresser et jouer au meilleur niveau. » Reste plus qu’à être sélectionné, ce qui pourrait être le cas pour la campagne éliminatoire pour la Coupe du Monde 2014, qui démarrera l’année prochaine.
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2 commentaires
Epineux problème dans le contexte israélien.
Je ne sais qu’écrire à ce sujet.
Amasha semble attaché à ses racines druzes même si celles-ci le rendent, administrativement parlant, apatride… Et on ne saurait lui jeter la pierre.
D’un autre côté les israéliens semblent vouloir profiter d’un joueur talentueux.
Imbroglio ethnique, géographique et politique.
Je me demande comment cette situation est perçue dans l’opinion publique israëlienne.
Parce que si mes souvenirs sont bons, il y a quelques saisons, la sélection avait dans ses rangs un joueur arabe dont je ne me rappelle plus du nom. Les bleus de Domenech avaient fait match nul là bas d’ailleurs et Trezeguet s’était fait expulsé.
Mais je me souviens bien, le joueur en question se faisait sifflé à chaque fois qu’il touchait le ballon.
oui, c’est complexe. mais cet attaquant est bon. il est né à buq’ata ( syrie – israel ). né le 8 aout 1985. 1m77 et 75 kg
sa carriere en championnat :
04-05: hapoel kiryat shmone ( isr ) : ? – ?
05-06: hapoel kiryat shmone ( isr ) : ? – ?
06-07: hapoel kiryat shmone ( isr ) : 7 matchs – 0 but
07-08: hapoel kiryat shmone ( isr ) : 29 m – 1 but
08-09: maccabi ahi nazareth ( isr ) : 23 m – 6 buts
09-10: hapoel kiryat shmone ( isr ) : 27 m – 10 buts
10-11: hapoel kiryat shmone ( isr ) : 22 m – 14 buts
11-12: maccabi haifa ( isr )
belle progression !! a mon avis , il peut aussi devenir internationnal syrien