Né en 1882, ce milieu de terrain ecossais débarque en France en 1912, à une époque où le football professionnel n’existait pas encore. Après être passé par des clubs comme le Morton FC ou le Falkirk FC, il jouera également pour Plumstead, le club d’un quartier de Londres, où jouait Arsenal avant d’immigrer à Highbury en 1913. C’est même en provenance de l’Espanyol Barcelone, qu’il pose ses valises en la ville de Sète, qui s’appellait encore « Cette », l’ortographe de la ville ayant été changé en 1927. L’histoire ne dit pas si il y portait le numéro 7… Mais je m’égare, alors j’arrête.
C’est donc dans le Languedoc-Roussillon que commence l’aventure française de notre ami britannique, alors agé de 30 ans. Le président de l’Olympique Cettois, Georges Bayrou, l’un des pères du professionnalisme français, le fait venir pour en faire son capitaine et son entraineur. Bonne pioche, puisque l’ecossais aura un apport tactique et technique primordiale pour son équipe. Gibson est même à l’origine du maillot vert et blanc, que porte encore le FC Sète 34, en référence aux couleurs du Celtic Glasgow.
Sous ses ordres, les « cettois » remportent deux nouveaux titres de champion du Languedoc, avant que n’éclate le premier conflit mondial.
On ne sait pas si il y prend part en tant que combattant, mais après-guerre, il rechausse les crampons dans la cité des Dauphins. Le club a alors renoncé à l’appellation Olympique et est devenu le FC Cette. Ce qui n’empêche pas la bande à Victor de remporter cinq fois de suite le championnat de la ligue du sud-est. L’entraineur-joueur aura aussi un rôle prépondérant dans la formation des jeunes. Il n’y a que deux ombres au tableau de ses succès avec les Dauphins. La première concerne la coupe de France, il ne parvient pas à remporter le trophée. La seconde, bien qu’il ne soit pas responsable des évenements de l’histoire, c’est la détection du premier capitaine de l’équipe de France en coupe du monde, Alexandre Villaplane, sur lequel PJ a rédigé un excellent billet.
La période cettoise de Victor Gibson prend fin, il rejoint le Stade Olympique Montpelliérain pour la saison 1924/1925. A 43 ans, c’est la dernière qu’il fera en tant qu’entraineur-joueur et la seule qu’il passera au sein du club qui deviendra le Montpellier HSC tel qu’on le connait aujourd’hui.
Gabriel DARD, le président de l’Olympique de Marseille, fait alors appel à lui pour entrainer à plein temps les joueurs phocéens. Les olympiens ne parviendront pas à ravir le titre de champion de la ligue du sud-est au FC Cette, mais ils se consoleront avec la neuvième édition de la coupe de France. Cette saison là , ils se débarassent du CS Lyon en 32ème et du CS Sélestat en 16ème, sur le même score : 8-2. Ils passent 4 buts à Quevilly en huitièmes. En quart, ils battent Tourcoing sur le score de 4-2 et en demi, ils balaient le stade Français 5-0.
Mais avant de parler de cette fameuse finale…
Victor Gibson passera 4 saisons sur la Canebière. Avec lui à sa tête, l’OM fera le doublé ligue du sud-est/coupe de France, lors de la saison 1926/1927. Celle de 1928/1929, verra les marseillais remporter la ligue du sud-est et le titre de champion de France amateur.
Il rejoint ensuite le FC Sochaux, où il n’obtiendra pas les mêmes résultats et on le remerciera en 1934. Sa dernière saison en France, il la fait avec le SC Bastidienne à Bordeaux. Encore une fois, la réussite n’est pas au rendez-vous et en 1936, il décide de rentrer au Royaume-Uni après 24 ans passés dans l’hexagone.
On ne sait pas grand chose sur la vie qu’il a eu par la suite et encore moins sur sa disparition. De la même façon, on ignore si son surnom de « papey » lui vient de sa période cettoise ou marseillaise.
Mais ce dont on peut être certain, c’est que le bonhomme, valait le détour.
La preuve :
La finale du 9 mai 1926, au stade de Colombes, se joue devant 40.000 spectateurs.
L’OM affronte l’AS Valentigney, l’ancêtre du FC Sochaux-Montbeliard.
Et d’entrée, GIBSON surprend par ses choix. L’arrière gauche Paul Seitz est « muté », il jouera gardien de but à la place de l’habituel titulaire Robert Bastiani, tant il s’est montré doué et chanceux à ce poste lors des récents entrainements. Mais ce n’est pas ce qui sera le plus étonnant lors de cette finale, qui se déroule pour la première fois sous les yeux d’un président de la république, Gaston Doumergue à l’époque. En fait, cette rencontre sera marquée par une manière toute « scottish » de vivre un match depuis un banc de touche.
En effet, depuis le coup d’envoi, à chaque occasion en faveur des marseillais, Victor Gibson sort de sa poche un flacon de wiskhy à la vue de tous, pour s’en jeter une bonne rasade derrière la glotte.
Jules Dewaquez ouvrant la marque à la 16ème minute, sur la première des trois passe décisive de Maurice Gallay, la lampée a dû prendre un air de double dose. Douglas de Ruymbeke inscrit le second but de l’OM à la 26ème, suivi par Jean Boyer à la 33ème, qui porte le score à 3-0 sans se soucier de l’état de son entraineur.
Heureusement, Edmond Chavey reduit la marque pour les doubistes avant la pause.
Historiquement, vu les documents qui sont à disposition, on est pas sûr que le match soit reparti sur le même rythme… Sur le terrain.
Par contre, sur le banc de touche…
A la 80ème, Jules Dewaquez cloture la marque et offre sa deuxième coupe de France à l’OM.
La première de Victor Gibson, qui au coup de sifflet final se leva de son banc… Rond comme une queue de pelle !
C’est en zigzaguant dans ses godasses à bascule, qu’il se dirigea vers ses joueurs pour les féliciter et je regrette de n’avoir trouvé aucune info sur le déroulement de la remise du trophée, qui n’a pas dû être triste.
Autres temps, autres mœurs.
Si Fergusson avait fait pareil à chaque match avec United, son foie aurait été légué à la science depuis belle lurette.
Alors en ce jour de reveillon de nouvel an, n’oubliez pas cher Pfooteux, arrosez-ça avec modération.
trackback uri
6 commentaires
Je précise que je suis à peu près sûr d’avoir vu, il y a longtemps, une vidéo d’archive de cette finale, dans une émission de sport. Mais je ne me souviens plus laquelle. J’ai un peu cherché sur la toile, mais je n’ai rien trouvé.
Ce Ferguson qui fête ses 70 ans, dont 25 à la tête de MU !
Excellent réveillon à toi aussi stef !
Gibson, qui tenta même (et en vain) de relancer la carrière de Villaplane à l’Hispano- Bastidienne alors que ce dernier avait déjà plus la tête aux « petites affaires » et aux champs de courses qu’au foot.
L’épisode marseillais est à peu près aussi alcoolisé que celui d’une autre étoile olympienne, Gunnar Andersson!
C’est vrai.
Je ne me suis pas attardé sur le sujet, ni sur le changement de nom du SC Bastidienne, le club d’un quartier de Bordeaux, la Bastide, qui deviendra le SC Hispano-Bastidienne au cours de l’année 1934.
J’éspère que je n’ai pas marché sur tes plates-bandes avec ce billet PJ…
Quoi qu’il en soit bonne année à toi.
Bonne année à toi aussi Moriarty.
Oh la, il n’y a pas de chasse gardée! Et je n’avais rien sur lui, je suis donc ravi de le découvrir!
Joli billet Stef !
Bonne année à tous avec un bel Euro en point de mire !