United, le film de la controverse

Jaquette film UnitedPuisque nous parlons beaucoup de Manchester United depuis ce week-end, restons-y encore un peu avec le film United. Un film, ou plutôt un documentaire, qui a soulevé la controverse l’an dernier, controverse qui s’est de nouveau manifestée ces derniers temps, à l’occasion de la commémoration du 54e anniversaire de la tragédie de Munich. United raconte en effet l’histoire de ce sombre 6 février 1958, et de la disparition des Busby Babes dans un des plus célèbres accidents d’avion de l’Histoire.

Deux millions d’euros sont investis dans cette reconstitution diffusée en avril dernier sur la BBC, en générant immédiatement les opinions les plus contradictoires. Des survivants et descendants des victimes de l’accident s’élèvent contre le projet, critiquant notamment l’angle, volontairement artistique, sous lequel il est réalisé. Ils se montrent également mécontents de n’avoir pas été contactés par les réalisateurs du documentaire au sujet de la personnalité de certains personnages.

Mais faisons tout d’abord un petit retour sur les faits. Au lendemain d’un match disputé sur le terrain de l’Etoile Rouge de Belgrade comptant pour la Coupe d’Europe des Clubs Champions, les joueurs de Manchester United font halte à Munich avant de rentrer en Angleterre. Les compétitions continentales n’étant alors pas encore du goût des dirigeants de la fédération britannique, ces derniers n’ont pas jugé bon de reculer le prochain match de championnat des Red Devils. Et le vol 609 de British European Airways s’écrase peu après son décollage de l’aéroport Munich-Riem. 23 des 43 passagers ne survivent pas. Parmi eux, huit joueurs : Geoff Bent, Roger Byrne, Eddie Colman, Duncan Edwards, Mark Jones, David Pegg, Tommy Taylor et Billy Whelan.

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Si le film réalisé par Chris Chibnall (réalisateur notamment de la série Camelot) fait des remous, c’est parce qu’il est accusé de ne pas être fidèle aux faits. Notamment dans l’interprétation des personnages, qui sont accusés de n’avoir aucun lien avec les véritables protagonistes du drame, et de déformer leur personnalité. « Mon père est présenté dans ce film plus comme un gangster que comme un manager de football, accuse notamment Sandy Busby, le fils de Sir Matt. Il est toujours montré portant un manteau beige et un Borsalino, jamais en suvêtement, alors qu’il était connu comme étant le premier entraîneur portant des survêtements à l’époque. » Il met également en cause la fierté déplacée du personnage incarnant son père dans plusieurs scènes.

Harry Gregg mériterait lui un billet à lui seul. Agé de 26 ans au moment du drame, il en est devenu le héros. Blessé, le gardien de but de l’équipe s’extrait de l’épave mais y retourne plusieurs fois pour en extirper d’autres blessés. Bobby Charlton, Jackie Blanchflower, Dennis Viollet, Vera Lukic (enceinte) et sa fille Venona lui doivent ainsi la vie. Mais lui non plus n’est pas ravi de la tournure des événements : « Nous sommes présentés comme une équipe de bistrot. C’est pour moi une insulte à l’adresse de ces générations de joueurs. Le film laisse une impression faussée de ce qu’était le sport à cette époque. Par exemple, notre capitaine Mark Jones apparaît fumant une pipe dans le tunnel d’accès au terrain juste avant un match. Je sais que c’est une interprétation artistique, mais c’est loin de la réalité. »

Charlton-crashScène montrant Bobby Charlton, encore sous le choc, devant la carcasse de l’avion.

Productrice du documentaire, la BBC n’a pas tardé à répondre à ces remarques. En avouant notamment que son film ne traite pas les faits selon la base utilisée par les documentaires dits classiques. «C’est une interprétation artistique, dit ainsi le communiqué de presse de la chaine. Nous avons décidé de raconter le désastre à travers les visions de Jimmy Murphy et de la future légende de United, Bobby Charlton. Aborder différemment les faits aurait donné un tout autre résultat, mais ils peuvent être relatés de bien des manières. Ces événements ont eu un impact social énorme et ont une signification sociale majeure dans notre société. La portraitisation des personnages principaux a été réalisée selon les biographies et les témoignages des personnes impliquées dans ce terrible accident, et des preuves recueillies à l’époque. De plus, nous avons organisé dès la fin de la production une projection privée à laquelle ont été invitées toutes les personnes ayant un lien dans cet événement ainsi que les proches et parents des disparus. Personne n’a fait d’objection sur la qualité ou la nature de l’interprétation de notre film à ce moment-là.»

A chacun de se faire une opinion. Avec une petite pensée pour Sir Bobby Charlton, opéré hier à Manchester suite à un malaise. Maudit 6 février…

 
Angleterre | Télévision

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J’espère pouvoir le voir bientôt.
Dommage qu’il succite la polémique.

par stef, 09.02.2012 à 11h59   | Citer