Une lueur d’espoir dans un monde qui va mal ! Alors que le football roumain est en proie aux affaires en tous genres, et que son niveau ne cesse de baisser au fil des ans, au niveau des clubs comme de l’équipe nationale, Gheorghe Hagi est celui par qui reviennent les espoirs. Une fois de plus. Après avoir été la locomotive de toute une nation sur le terrain, il l’est aujourd’hui en tant que président. Celui du Viitorul Constanţa, une toute petite équipe promue ce week-end en Liga 1 qui pourrait changer bien des choses.
Dans le tumulte des cris et gueulantes des presidents de clubs contre leurs joueurs et entraîneurs, le Viitorul Constanţa apparaît comme un oasis de calme. Tout a démarré il y a trois ans à peine. Trois petites années où, à force de patience et de travail, Hagi a réussi à faire de son « Académie » le club vers lequel tous les regards se portent désormais. Avec une ligne directrice : la confiance aux jeunes.
Une ligne qui, mine de rien, tranche sacrément avec ce qu’on peut voir habituellement en Liga 1. A quelques exceptions près, les clubs préfèrent importer des étrangers de deuxième voire troisième zone plutôt que de faire jouer leurs juniors. Les exemples les plus frappants sont le CFR Cluj, à l’effectif très cosmopolite depuis son arrivée en L1, ou encore le Steaua de Becali qui préfère payer très cher des joueurs à peine confirmés ou des étrangers encore inconnus. Nommé entraîneur de club bucarestois il y a cinq ans maintenant, Hagi a tenté à cette époque de promouvoir les jeunes pousses du club. Il ne tiendra sur le banc que quelques mois. Même tentative pour Bergodi ou Dorinel Munteanu par la suite. Gigi, comme ses acolytes, veut tout, tout de suite. Pas question d’attendre que les jeunes arrivent à maturité.
La conséquence est inéluctable : sans jeunes au plus haut niveau, le niveau des différentes sélections roumaines est en baisse, quelque soit l’âge. Hagi décide alors de réaliser une vieille envie et de fonder sa propre école de football dans sa ville de naissance, Constanţa. Son savoir-faire – et son argent, il faut le dire – font le reste. Car s’il n’a jamais été un grand entraîneur, seul son passage à Galatasaray a été une réussite, Hagi connaît le football. En trois petites années et 10 millions d’euros dépensés – soit beaucoup moins que la plupart des équipes de L1 sur la même période – il a démontré que la formation pouvait payer. A condition de faire confiance aux joueurs.
Marius Onicaş (21 ans), Vlad Rusu (20 ans) et Emil Ninu (24 ans) sont trois exemples de cette politique. Tous trois ont eu leur chance en équipe première du Steaua. Tous trois ont été glorifiés par Gigi, avant d’être finalement virés avec pertes et fracas lorsque le colérique président décide de dissoudre son équipe junior pour « manque de résultats. » Arrivés ensemble au Viitorul, ils en sont aujourd’hui des pièces maîtresses.
Mais ils ne sont pas les seules figures de la réussite du Viitorul. Car ce club si bien nommé (son nom signifie « L’Avenir ») compte une trentaine de joueurs appelés dans les différentes sélections nationales juniors (voir ici). De jeunes talents qui ont eu en deuxième division un terrain de jeu idéal pour s’épanouir. Premiers de leur série à la mi-saison, ils ont gagné leur place dans l’élite grâce à une victoire 2-0 face au Săgeata Năvodari lors de la dernière journée. Une promotion dignement fêtée, qui est également doublée par le titre national de « l’Académie Hagi, » l’équipe des moins de 19 ans du club et les finales encore à disputer pour les catégories d’âge inférieures. La réussite est totale.
Le plus dur commence néanmoins pour le Viitorul. Soutenus par quelques joueurs expérimentés, comme Nicolae Dică ou Vasilică Cristocea, et par leur entraîneur Cătălin Anghel qui reste à son poste, les jeunes pousses vont maintenant devoir conserver leur place dans l’élite. Une opération compliquée, mais qui sera menée quoi qu’il arrive sans bruit. Car loin des tumultes des grands clubs, Hagi prône sérieux et continuité. Le seul grand changement prévu pour l’été est la construction d’un vrai stade, de 10 000 places, aux portes de Constanţa. Les arrivées se feront elles au compte-goutte. Et toujours dans l’idée de redonner leur chance aux joueurs, comme l’attaquant Denis Alibec, parti finir sa formation à l’Inter Milan voilà quelques années, et qui s’entraîne déjà avec le Viitorul en attendant d’y relancer sa carrière la saison prochaine.
Gheorghe Hagi a donc atteint ses deux premiers objectifs : montrer qu’un club peut réussir en se basant sur sa formation et relever de belle manière le niveau des sélections nationales espoirs et juniors. De très bon augure pour l’avenir. Quant à son club, il va au-devant de la saison la plus difficile de sa jeune histoire. Mais là encore, l’avenir pourrait être radieux : les deux dernières équipes à avoir aligné deux promotions consécutives avant le Viitorul étaient le CFR Cluj et l’Unirea Urziceni. Deux clubs sacrés ensuite champions nationaux. Tous les espoirs sont donc permis.
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9 commentaires
Belle histoire, et surtout l’espoir pour le championnat et pourquoi pas la sélection dans quelques années. Un peu de calme quelque part dans ce championnat, ouf.
Bon… J’éspère que cette fois-ci, les roumains ne vont pas te tomber dessus et que la phrase « …s’il n’a jamais été un grand entraîneur, seul son passage à Galatasaray a été une réussite… », ne les fera pas monter sur leurs grands chevaux.
En tout cas le Viitorul Constan?a est une belle bouffée d’air frais dans l’atmosphère pesante du foot roumain. Ca fait du bien de lire autre chose que des sujets sur les habituelles frasques des apparatchiks locaux. Comme quoi le football est également un jeu de patience. Je pense même que sans une politique cohérente de détection et de formation, aucune nation, aucun club, ne peut prétendre améliorer ses performances.
L’initiative de Gheorghe Hagi me fait penser à celle de Jean-Marc Guillou, même si les contextes doivent être bien différents. En tout cas, elle me fait dire qu’avant de faire du jeunisme ou de faire confiance aux jeunes, il faut les former. Ca passe par là.
Ton article PJ est encore reprit sur prosport.ro ! Bravo
Super article et interessant! je pensais que le club de Constanta s’appellait le Farul.
Mais peut-être que ce club a été dissout.
Est-ce que quelqun quelles seront les nouvelles équipe en ière division la prochaine saison a part le Viitorul?
Je l’ignorais Sancho, merci du tuyau. Mon Dieu, j’ai peur quand je vois ça…
@Bastien: le Viitorul est promu avec le CSMS Iasi (créé suite à la dissolution du Poli Iasi en 2010) dans la Serie 1. Dans l’autre série de L2, le Poli Timisoara est premier mais devrait être rapidement dissout à cause de sa situation financière (doublée d’affaires entre Iancu et Sandu et Dragomir dont je n’entrerais pas dans les détails). Du coup, ce sont ses dauphins qui montent, Gloria Bistrita et FC Turnu Severin (ex-Gaz Metan CFR Craiova et Gaz Metan Severin pour les connaisseurs).
Ok je vais donc suivre ce club du Viitorul qui me semble vraiment sympathique!
Est-ce que quelqun est au courant des transferts dans les clubs roumains?
Pour les transferts principaux on pourrait citer :
papp l’excellent défenseur de Vaslui qui signe au chievo
Geraldo Alves qui quitte le steaua libre et qui pourrait peut être y revenir.
Grozav la nouvelle vieille découverte rejoins normalement le petrolul ploiesti avec probablement Adrian Cristea et Tony de l’U Cluj, Bornescu du Rapid également.
Sepsi ( ex rennes nottament ) rejoins CFR Cluj.
Pour le reste comme toujours en Roumanie, on annonce du sensationnel… et on démonte la rumeur le lendemain. Plutôt que de tout résumer… dieu a créer le copier coller, et je vais le plagier
Voila une liste des départs et des arrivées probables ou déjà acquises
http://www.prosport.ro/fotbal-intern/liga-1/bursa-transferurilor-prosport-iti-prezinta-cele-mai-tari-mutari-din-liga-1-bourceanu-dorit-la-kuban-brata-pe-lista-lui-dinamo-9663604
Moi j’ai fait marcher google traduction et en effet…
PJ qui est cité en tant que « les journalistes français », c’est impressionant.
Faudrait peut-être leur préciser que PF est un blog suisse à la base ? Non ?
Je leur ai laissé un petit mot en commentaire sur l’article, mais je doute qu’il soit lu.