le 20 août 2013 à 19:47La surprise Karagandy!

Certes, ce n’est que le match aller, mais la victoire 2-0 du Shakhtyor Karagandy face au Celtic Glasgow est une énorme surprise, la simple présence du club kazakh à ce niveau de la compétition étant déjà inespérée. Après avoir créé une belle surprise (déjà!) au tout premier tour préliminaire de Ligue des Champions en battant les Biélorusses du BATE Borisov, plutôt bons en phase de groupes l’an dernier, le double champion en titre du Kazakhstan, n’est plus qu’à 90 minutes d’un exploit retentissant. La plus belle page d’un club plus que modeste jusqu’à ces dernières années.

Située à moins de 200 kms au sud-est de la capitale Astana, la ville de Karagandy a été fondée dans les années 30 sur ordre du pouvoir communiste soviétique, afin de profiter des riches ressources de charbon de la région. Construite par des prisonniers politiques puis de guerre dans les années 40, Karagandy compte aujourd’hui presque 500 000 habitants. Fondé en 1958, le Shakhtyor (Mineur) rend évidemment hommage à la richesse locale, comme tout bon club communiste qui se respecte (le Shakhtar Donetsk ukrainien ou le Shakhtyor Soligorsk biélorusse peuvent également en témoigner). Et en plus, ils jouent aussi en orange, la preuve.

Après des décennies passées dans l’ombre des grands clubs soviétiques, le club profite de l’explosion de l’URSS pour se retrouver en 1992 dans l’élite du tout nouveau championnat kazakh. Un championnat où il ne brille guère, se contentant de places en première partie ou milieu de classement, hormis une troisième place en 1995. La progression est lente, mais le club s’installe dans les places d’honneur à partir de 2005. Il prend néanmoins un coup d’arrêt en 2008, lorsqu’un match truqué lui coûte 9 points de pénalité et plusieurs années de suspension pour son staff (le FK Vostok Oskemen, son adversaire sur ce match est lui exclu du championnat). Rien d’étonnant finalement quand on sait que le championnat local est l’un des plus touchés par la corruption, comme le révélait en 2012 le Livre Noir de la FIFPro. Ce contretemps n’affecte cependant pas l’ascension du club, qui finit par toucher au but en remportant son premier titre national en 2011, puis en récidivant l’année suivante (le championnat du Kazakhstan se dispute sur une année civile).

Vainqueur de son premier match de play-offs en championnat, le club espère toujours un troisième titre. Mais plus important, puisque le football kazakh sera représenté pour la toute première fois de son histoire en phase de groupes d’une compétition européenne, puisque le Shakhtyor sera automatiquement reversé en groupes d’Europa League en cas d’élimination au match retour à Celtic Park. Un exploit d’autant plus grand qu’en 5 présences sur le plan européen, le club n’était parvenu à passer qu’une seule fois un tour préliminaire (en Europa League 2011-12). Passer deux tours cette saison était donc inespéré cette année, tout comme la manne financière que cela représente puisque le club doit toucher près de 3 millions d’euros de l’UEFA pour sa présence en play-offs, en attendant peut-être les 8,6 millions promis aux participants de la phase de groupes. Et comme un bonheur n’arrive jamais seul, un autre club kazakh pourrait se retrouver en groupes d’Europa League, puisque le FK Aktobe, quadruple champion national, doit rencontrer le Dynamo Kyiv en play-offs.

Les hommes du coach Viktor Kumykov ont en tout cas réalisé un bel exploit sur un terrain qui n’est pas le leur, puisque le Stade Shakhtyor (oui, on fait simple à l’Est) n’étant pas homologué par l’UEFA, c’est sur le synthétique du Stade Astana que le match s’est déroulé. Non sans que l’équipe et le staff n’y aient sacrifié hier un mouton, une tradition qu’il n’était pas bon d’interrompre selon Kumykov. A croire qu’il avait raison!