le 7 octobre 2013 à 10:44Quand Dortmund en prenait douze…

Le Borussia Dortmund fait aujourd’hui partie des grands clubs européens. Finaliste de la dernière Ligue des Champions, le club de la Ruhr domine la Bundesliga en compagnie de l’inévitable Bayern Munich. Le BVB a pourtant fait un mauvais pas ce week-end, en s’inclinant 2-0 face à Mönchengladbach. Un résultat qui peut paraître surprenant aujourd’hui, mais qui l’était moins il y a 35 ans, quand « l’autre » Borussia dominait l’Allemagne. Au point d’humilier son rival lors d’un Derby Borussen entré dans l’histoire.

Nous sommes le 29 avril 1978. A l’aube de la dernière journée du championnat, le FC Köln est en tête du classement, mais ne devance le Borussia Mönchengladbach qu’à la différence de buts. Triple tenant du titre, ce dernier n’espère pas de miracle au moment de recevoir Dortmund au Rheinstadion de Düsseldorf. Et pourtant, Netzer, Bonhof, Wimmer, Vögts, Heynckes et leurs coéquipiers vont faire trembler Cologne jusqu’au bout. Car ces dix buts de retard, ils vont les rattraper.

Juup Heynckes ouvre le score dès la première minute. Une véritable démonstration de football s’ensuit. Gladbach mène 6-0 à la pause, devant 38 000 spectateurs qui voient un miracle prendre forme. La seconde période est du même acabit. Six nouveaux buts sont marqués. Le score final est de 12-0, le plus gros score jamais enregistré en Bundesliga. Le Borussia Mönchengladbach efface ainsi un record qu’il détenait déjà, avec un 11-0 passé à Schalke 04 en 1967. Heynckes, buteur à cinq reprises, est le héros du jour. Malheureusement pour eux, cet exploit ne leur offre pas le titre. Car dans le même temps, le FC Köln s’est lui aussi imposé. Sur le terrain de Sankt-Pauli, bon dernier du championnat, les coéquipiers d’Harald Schumacher ne mènent que 1-0 à la mi-temps. Mais informés de la mauvaise tournure des choses, ils accélèrent en seconde période et s’imposent finalement 5-0, grâce notamment à un doublé de l’international japonais Okudera. Ils s’adjugent ainsi le titre pour trois petits buts d’avance. Cinq fois titré dans les années 70, Mönchengladbach ne sera plus jamais champion d’Allemagne. Le FC Köln non plus d’ailleurs.

Ce match est le dernier pour Otto Rehhagel sur le banc de Dortmund, dont il est viré dès le lendemain de cette défaite historique. Mais un autre homme attire l’attention : Peter Endrulat, le gardien du BVB en cet après-midi du 29 avril. Lorsqu’il arrive à Dortmund en début de saison, Endrulat n’a joué qu’un petit match de Bundesliga, en 1974 sous le maillot de Schalke 04. Passé ensuite par la Bundesliga 2, il rejoint l’équipe en tant que doublure du titulaire Horst Bertram. Ce dernier se blessant au printemps, Endrulat est aligné pour les derniers matchs de la saison. Il est toutefois averti au matin de la dernière journée que son contrat ne sera pas renouvelé, et qu’il lui faudra donc trouver un nouveau club. Conséquence ou non, Endrulat passe la sale après-midi que l’on sait. Après en avoir pris six lors de la première période, Rehhagel lui propose de la remplacer à la mi-temps. Endrulat refuse, ce qu’il regrette par la suite, comme il l’a avoué à 11freunde : « Il m’a demandé si je voulais continuer à jouer. J’aurais dû dire que je ne voulais pas continuer, mais je me suis dit : ‘ On en a pris six, on ne va pas en prendre six autres.’ Quand j’y repense aujourd’hui, je réalise que j’aurais dû sortir à la mi-temps. Au moins, Bertram en aurait pris six, j’en suis absolument certain. La plupart des gens oublient que j’ai arrêté beaucoup de tirs, du moins ceux qu’il était possible d’arrêter. (…) Je n’ai même pas remarqué les railleries des supporters. J’ai été totalement surpris quand l’arbitre a sifflé la fin du match. Je n’ai parlé à personne. J’ai couru à ma voiture et je suis rentré chez moi. Le fait que Cologne ait quand même remporté le titre a rendu les choses un peu plus supportables. » Ce 12-0 est le septième et dernier match de sa carrière en Bundesliga. Il rejoint par la suite de Tennis Borussia (TeBe) Berlin, avec lequel il évoluera en deuxième division jusqu’à la fin de sa carrière, en 1981.