Voila un bon moment que nous n’étions pas allés en Moldavie sur PF. Et comme je sais que ça n’a manqué à personne, partons aujourd’hui à la découverte du FC Veris, nouveau venu dans l’élite du football moldave. Une équipe à l’ascension fulgurante qui tient aujourd’hui tête aux grands de Chişinău, et compte venir chasser sur les terres du géant Sheriff Tiraspol, alors qu’elle ne compte même pas trois années d’existence ! Le FC Veris, ou l’histoire étonnante de l’équipe d’une bande de potes devenue en quelques mois l’un des meilleurs clubs du pays.
Tout commence au printemps 2011 à Drăgăneşti, petite ville de 2 500 habitants située à une centaine de kilomètres au nord de Chişinău. Un groupe de joueurs décide de frapper à la porte de l’homme d’affaires Vladimir Niculăiţă afin de lui demander de créer un club leur permettant de disputer un championnat départemental. Diplômé de Faculté de sports, spécialité football, Niculăiţă se prend au jeu et accepte de créer une équipe, à laquelle il donne le nom de son entreprise, Veris, en bon homme d’affaire qui se respecte. L’emblème du club reprend quant à lui l’arbre symbole de la région et les rayures noires et blanches rendant hommage à la Juventus de Turin. La couleur orange des maillots est, elle, une première pour une équipe moldave.
Patron du club, Niculăiţă en est également l’entraîneur, en collaboration avec un ancien joueur du Zimbru Chişinău. Avec un certain succès, puisqu’à la moitié du championnat, l’équipe pointe à un point du leader, mais avec un match en moins et surtout une différence de buts hallucinante : 84 buts marqués pour 2 encaissés seulement!
Encouragés par ces débuts tonitruants, les joueurs et leur dirigeant décident de viser plus haut et d’inscrire leur équipe en Divizia B, la troisième division moldave. Le FC Veris quitte alors son championnat local en cours de route – ces championnats se disputant sur une année civile, et donc du printemps à l’automne – pour rejoindre le giron fédéral et débuter la saison 2011-12.
L’homme d’affaires Niculăiţă transforme alors ce qui n’était alors qu’un projet local et mineur, créé pour le simple plaisir de jouer, en un club à part entière. Le FC Veris Sângerei – le club porte encore le nom de son département d’origine – se lance alors dans une campagne de transferts surprenante pour un club de troisième division. Il s’offre les services d’Igor Ursachi, un entraîneur de l’élite, ainsi que quatre de ses joueurs du Dacia Chişinău, dont Golban et Popov, deux anciens internationaux, ainsi qu’un joueur du Zimbru et un venu du Sheriff Tiraspol. Mais l’arrivée la plus remarquée est celle, six mois plus tard, de Viorel Frunză, buteur à la trentaine de sélections en équipe de Moldavie, que l’on a déjà vu passer sur PF puisqu’il a évolué au FC Vaslui puis au CFR Cluj voila quelques saisons. Avec ces arrivées, le club remporte son championnat sans le moindre problème et accède à la Divizia A.
Le FC Veris, encore en orange, remporte sa série de Divizia B.
Cette saison passée en deuxième division est une succession de records. Avec des moyens une fois encore bien supérieurs à ceux de ses concurrents, le FC Veris termine largement en tête du classement, avec une différence de buts de 103-5 ! Le gardien Sergiu Diaconu est ainsi parvenu à garder sa cage inviolée 1 288 minutes durant. Les victoires catégoriques sont enchaînées, avec en point d’orgue un cinglant 17-0 – record national – infligé au modeste Maiak Chirsova, un promu qui terminera bon dernier du classement. Malgré deux défaites et deux matchs nuls, le FC Veris termine la saison avec 10 points d’avance sur la réserve du Sheriff Tiraspol et est donc promu en Divizia Naţională, l’élite du football moldave. Avec 30 buts marqués, Viorel Frunză prend une part prépondérante dans cette réussite.
Mais le club ne se contente pas du championnat. Pour la première fois dans l’histoire du football moldave, un club de deuxième division accède à la finale de la coupe nationale. Après avoir éliminé trois clubs de l’élite, dont le Dacia Chişinău et Milsami Orhei, le FC Veris se retrouve en finale face au FC Tiraspol, vainqueur inattendu du Sheriff en demi-finale. Le match est disputé le 26 mai 2013, deux ans jour pour jour après la date de fondation du club !
Une rapidité qui, en cas de victoire, ne permettait pas au club de participer à l’Europa League. En effet, le règlement de l’UEFA stipule qu’aucune équipe ne peut évoluer en Ligue des Champions ni en Europa League durant les trois premières années suivant sa fondation. Le cas de figure n’a pas eu lieu, le FC Veris s’inclinant en finale au bout de la séance de tirs au but. En remportant la Coupe de Moldavie, le FC Tiraspol offre lui sa place européenne via le championnat au Milsami Orhei, qui se fera éliminer par Saint-Etienne lors de la phase préliminaire.
La déception digérée, le FC Veris met tout en place pour atteindre son objectif : une qualification européenne. Il commence par déménager, en quittant Drăgăneşti et son stade champêtre de 1 500 places (non-homologué pour la D1) pour la proche banlieue de Chişinău. Le club pose ses valises à Vadul lui Vodă, station balnéaire de l’est de la capitale, sur les bords du Dniestr. Le club y partage un stade de 1 000 places seulement, mais surtout sa pelouse synthétique ainsi que les structures d’entraînement construites il y a une dizaine d’années sous l’égide de l’UEFA. Le club accompagne ce déménagement d’un léger changement d’identité, en abandonnant la couleur orange pour le mauve, la couleur de son sponsor principal Moldcell, tant au niveau du maillot que du logo.
Viorel Frunză, fer de lance d’une équipe désormais en mauve.
Le club réalise de nouveaux transferts, dont le plus retentissant intervient sur le banc, avec l’arrivée de l’entraîneur Igor Dobrovolski. Bien que né sur le territoire de l’actuelle Ukraine, Dobrovolski est considéré comme une légende vivante en Moldavie. Après avoir grandi à Tiraspol, il a débuté sa carrière professionnelle à Chişinău, avant de partir au Dynamo Moscou puis de sillonner l’Europe, en passant notamment par Marseille au début des années 90. Revenu au pays pour terminer sa carrière en tant qu’entraîneur-joueur au Tiligul-Tiras Tiraspol, il prend en 2007 les rênes de l’équipe nationale moldave. C’est avec lui qu’elle obtiendra ses meilleurs résultats, passant en moins d’un an de la 106e à la 37e place du classement FIFA, avant de s’effondrer après son départ en 2009. C’est également avec lui à sa tête que le Dacia Chişinău a privé en 2011 le Sheriff Tiraspol d’un 11e titre national consécutif. Sans conteste le meilleur entraîneur du pays.
Avec Dobrovolski sur son banc, le club comptait tenir tête aux meilleures équipes du championnat et tenter d’empêcher le Sheriff Tiraspol de conquérir un treizième titre de champion en quatorze ans. Des ambitions revues à la baisse avec l’arrivée de la trêve la semaine dernière. Après 19 journées, le Sheriff caracole en tête du classement, loin devant ses poursuivants, donc le FC Veris Chişinău, qui pointe en troisième position avec treize points de retard. Avec un tel écart et une défaite 0-3 lors de la confrontation directe face au leader, le titre n’est plus en vue. D’autant plus que la deuxième partie risque d’être plus compliquée que prévu. Victime d’un arrêt cardiaque la semaine dernière, l’entraîneur Dobrovolski a dû être opéré d’urgence. Si l’intervention s’est bien déroulée, il n’est pas du tout sûr qu’il soit en mesure de tenir sa place sur le banc lors de la reprise du championnat au mois de mars prochain.
Malgré cela, le FC Veris vient d’être élu Meilleure équipe de Moldavie de l’année 2013 par l’Association de la Presse sportive locale et a toutes les chances de devenir l’an prochain un nouveau venu en Europa League. Avec une particularité, celle de ne compter que des joueurs moldaves dans son effectif, à l’heure où le Sheriff a débuté certains matchs avec onze étrangers sur le terrain cette saison. Le FC Veris, un petit nouveau à l’ascension plus que vertigineuse, désormais loin de ce qu’il était à ses débuts, pourtant proches. Aujourd’hui, plus aucun club ne joue en orange en Moldavie. Et plus aucun club ne joue à Drăgăneşti.
trackback uri 14 commentaires
T’es un grand malade PJ ! Change rien, c’est comme ça que je t’aime !
(Johnny retire toi de moi)
Je me souviens très bien de Dobrovolsky à l’OM… Il n’avançait pas vraiment sur le terrain et on ne peut pas dire qu’il ait laissé un souvenir impérissable du côté du vieux port. Mais ce n’est pas pour autant que je ne vais pas lui souhaiter un bon rétablissement après ce très gros problème de santé.
Très bon papier PJ, comme d’hab.
Et longue vie au FC Veris.
c’est incroyable une telle ascension
magnifique article !
on découvre des clubs dépaysants
Merci les gars! Content que ça vous plaise.
J’en prépare un autre dans ce style. On ira plus à l’est. Beaucoup plus… (teaser de très haute qualité)
super boulot PJ, un travail de fou !!!
voici la carriere de joueur de DOBROVOLSKY , ancien milieu international sovietique et russe ( malgré sa naissance à markove en ukraine )
effectivement il a jouer une saison a l’ OM ( 92-93 ) que 8 matchs pour 1 but
http://www.national-football-teams.com/player/15105/Igor_Dobrovolskiy.html
né le 27 aout 1967 . 1m78 et 78 kg
belle carriere d’entraineur aussi :
05-06: tiligul tiraspol
decembre 2006 à octobre 2009: équipe nationale moldavie
10-13: dacia chisinau
depuis juillet 2013: veris
incroyable mais vrai , VERIS pour sa premiere année en D1 , compte deja 6 internationnaux , tous moldave !!!!
- andrian CASCAVAL ( defenseur, 26 ans , 1m94 ) 1 selection
- petru RACU ( milieu 26 ans, 1m83 ) 19 selections –> venu du FC horring ( D2 danemark ) cet été
- alexandru ANTONIUC ( milieu 24 ans, 1m78 ) 8 sel – 2 buts –> passer par zimbru et rubin kazan
- maxim ANTONIUC ( milieu 22 ans, 1m76 ) 1 sel –> formé au zimbru
- anatoly DOROS ( attaquant 30 ans, 1m84 ) 28 sel. 3 buts –> passer par nistru otaci, legia varsovie, chernomorets odessa, pavlodar , FK astana
- viorel FRUNZA ( attaquant 34 ans, 1m90 ) 34 sel et 7 buts !!! le plus celebre attaquant de l’histoire de la moldavie !!
incroyable !!!! un vrai conte de noel , ce club
beau resumé de WIKIPEDIA sur ce club :
http://en.wikipedia.org/wiki/FC_Veris
pour l’instant , l’effectif est 100% moldave … pour l’instant
Super article PJ! très intéressant.
J’en profite aussi pour te féliciter sur le livre que tu as écrit.
Je l’ai lu et j’ai beaucoup aimé.
Continue dans cette voie, je suis féru de foot des pays de l’est et d’ailleurs aussi!
Merci beaucoup!
de l’aide PJ
l’attaquant viorel FRUNZA ( 34 ans ) 1m91 et 88 kg
je peux avoir les stats en championnat de ses 3 saisons au FC veris . MERCI , car à 34 ans , il est en pleine bourre !!!!!
11-12 : ? – ? en D3
12-13: 23 matchs et 25 buts en D2
13-14: 18 matchs – 13 buts en D1 –> saison en cours .
Il n’a pas joué en D3, Rcs. Il n’est arrivé du Shakhtyor Karagandy qu’en 2012, lorsque le club était en D2.
Le genre d’article qu’on ne lit nulle part ailleurs,génial !