Il devait être élu nouveau président de la Fédération Roumaine de Football (FRF) demain. Au lieu de ça, l’ancienne gloire nationale passe ce soir même sa première nuit en prison. Dans cet éternel Dossier des transferts, comme il est nommé en Roumanie, Popescu et ses sept co-accusés ont tous vu leurs peines être alourdies aujourd’hui par la Cour d’Appel. Un coup très dur pour l’ancien agent de joueurs, qui était malgré cette affaire vu comme l’homme de la situation pour redresser la fédération et tout le football roumain. Tant et si bien qu’on attendait qu’il soit acquitté. Rien de moins.
Comme nous en avons déjà parlé sur PF, cette affaire remonte à 2008 et concerne plusieurs transferts frauduleux entre 1999 et 2006. Le tableau ci-dessous résume les faits pour chaque transfert incriminé. Un bon résumé signé des journalistes de Gazeta Sporturilor, qui se sont beaucoup impliqués dans cette affaire depuis le début. On y trouve pour chaque transfert le montant déclaré, le montant réel de la transaction et les personnes incriminées.
Le principe est donc clair: les sommes déclarées étant moindres que les montants réels de chaque transfert, les intermédiaires ont pu détourner à leur profit une partie des sommes, via des comptes off-shore. Le tout causant un manque à gagner de 10 millions de dollars pour les clubs roumains, 1,5 million pour l’Etat et 600 000 dollars pour la FRF.
Condamnés fin 2012 à des peines de prison ferme ou avec sursis, les accusés ont vu dans quelques cas la Cour d’Appel alourdir leurs peines. Commençons par Popescu. Condamné à trois ans avec sursis, il écope finalement de trois ans, un mois et dix jours de prison ferme. Deux autres accusés ont vu leur peine s’alourdir: Jean Pădureanu (ancien président du Gloria Bistriţa)et Gigi Neţoiu (ancien actionnaire du Dinamo) passent de trois ans avec sursis à trois ans et quatre mois ferme. Les autres condamnés ont des peines un peu plus légères. George Copoş (propriétaire et président du Rapid) prend trois ans et huit mois ferme. Cristi Borcea (ancien actionnaire du Dinamo) écope de six ans et quatre mois de prison ferme. Même sanction pour l’agent de joueurs Ioan Becali. Son frère Victor prend quatre ans et huit mois ferme. Enfin, Mihai Stoica, manager du Steaua Bucarest, écope de trois ans et six mois de prison ferme. Tous se sont rendus à la police et passent cette nuit derrière les barreaux. A ces peines s’ajoute l’obligation de restituer les montants manquants, pour un total cumulé de 9 millions d’euros (de 145 000 euros pour Jean Pădureanu à 4 millions pour Ioan Becali).
Les réactions à ces condamnations sont loin d’être unanimes. Si certains se réjouissent de voir ces années d’agissement enfin punies, beaucoup parmi les présidents de club craignent que cette affaire ne poussent les hommes d’affaire à fuir les investissements dans le football. Surtout, cela laisse la voie libre à Vasile Avram pour prendre la présidence de la FRF lors des élections de demain. Ce que beaucoup craignent, l’ancien arbitre et président de la commission arbitrale ayant lui-même pas mal de casseroles au derrière. A moins que Mircea Sandu ne réalise un coup d’éclat dont il a le secret et ajourne ces élections…
Parmi ces condamnés se trouve donc Mihai Stoica, actuel manager du Steaua et bras droit d’un autre prisonnier, Gigi Becali. Une incarcération qui fait planer un beau flou sur l’avenir du club champion en titre. Aevc Becali derrière les barreaux, celui-ci a déjà perdu une partie de son pouvoir économique. Même avec sa présence en groupes de Ligue des Champions et la vente de Chiricheş et Rusescu, soit environ 40 millions d’euros d’entrée d’argent cette saison, le club bucarestois est limite financièrement. Pour preuve, tous les salaires ne sont toujours pas à jour et il a été impossible d’augmenter ceux de Tătăruşanu et Bourceanu, en fin de contrat. Sans compter les transferts ratés faute d’avoir pu négocier avec le grand patron. La situation pourrait devenir compliquée si le club n’était pas champion cette saison, et ratait donc l’unique place qualificative pour la Ligue des Champions.
D’autre part, Stoica était le seul appui de Reghecampf. Avec son incarcération, l’entraîneur devient seul à la tête de l’équipe. Un surplus de travail et de responsabilités qui pourrait s’avérer de trop. Plusieurs éventualités sont possibles. La meilleure pourrait être un retour au pays de Cosmin Olăroiu, plus vraiment en odeur de sainteté aux Emirats Arabes Unis. Proche de Becali et champion de Roumanie en 2006 avec le club, il pourrait être une bonne alternative dans un premier temps. Car ce qui est le plus probable, et la pire alternative, est le départ de Reghecampf. Ce dernier, très courtisé, notamment en Allemagne, où il a passé une partie de sa carrière de joueur, pourrait quitter le club cet été. Un départ qui serait catastrophique, tant il est seul responsable sur le plan sportif, et très actif en coulisses par le biais de sa femme Ana-Maria Prodan, elle-même agent de joueurs. Là encore, la solution Olăroiu serait la plus pertinente. Quoi qu’il en soit, même si elle n’augure rien de bien bon pour le club, cette journée reste une très bonne nouvelle pour le football roumain. Cela paraissait tellement impossible il y a six ans!
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10 commentaires
A chaque fois que je lis tes billets sur les affaires en Roumanie, j’ai de plus en plus l’impression que Scorsese pourrait en faire un film. Ou alors qu’une chaîne documentaire pourrait produire une série intitulée « chroniques mafieuses dans le football ».
La véritable question qui se pose au niveau du football roumain, c’est :
Qui n’a pas de casseroles au derrière ?
Puisque même un ancien président de commission arbitrale n’est pas blanc-bleu et que celui qui était sensé sauver la situation est déjà en taule.
Il n’y a donc personne d’irréprochable pour reprendre ce football en main ?
On se demande vraiment d’où viendra la solution…
Comme joueur je l’adorais
quel gâchis
Je pense que c’est une bonne occasion à d’autres personnes du Steaua de prendre les rênes et de permettre au club de continuer à gagner et progresser.
Il doit bien avoir d’autres personnes compétentes au sein du club.
J’espère également que Reghecampf restera car il a apporté beaucoup de stabilité.
A voir.
Un point très positif dans cette affaire, c’est l’incarcération des frères Becali. Voila presque vingt ans qu’ils ont la main sur tout ce qu’il se fait en Roumanie. Ca va libérer du terrain! La grande question est maintenant de savoir qui va récupérer les joueurs qu’ils avaient sous contrat. Et on parle d’un sacré pactole! Chiriches, Stefan Radu, Bogdan Stancu, la moitié des joueurs du Dinamo, une bonne partie du Steaua, Dorin Goian, Rusescu… Il y en a pour plus de 60 millions d’euros de valeur marchande au total. Le principal candidat est… Cristian Chivu! A la fin de son contrat avec l’Inter cet été, le défenseur a prévu de devenir agent. Les Becali étant ses agents, avec qui il s’entend bien, il n’est pas impossible qu’il reprenne les rênes.
Et PJ, tu sais qui va maintenant diriger le Steaua?
ici c’est d’abord le foot français , vu que c’est un site français !!!!!!!!
ce soir le retour des bleus et de plein d’autres selections !!!!!
Pour le moment, Reghecampf est seul maître à bord. Toujours en lien avec Becali, tant que faire se peut.
C’est là où tu te trompes, c’est un site suisse à la base.
Tout à fait d’abord! Et en plus, c’est un topic sur la Roumanie, alors pouët pouët!!!
Les élections ont eu lieu à la FRF. Et finalement, Vasile Avram a été battu. Bonne nouvelle donc. Le nouveau président de la fédé s’appelle Razvan Burleanu. Assez peu connu, et très peu médiatique, il est le président des fédérations roumaine et européenne et vice-président de la fédération internationale de minifootball. Un sport dont la Roumanie est quadruple championne d’Europe en titre. A noter qu’il est jeune (29 ans), ce qui peu laisser espérer qu’il n’ait pas été formé aux même « habitudes » que ses prédécesseurs. Pour ses premières déclarations, il a en tout cas marqué les esprits en déclarant lors de son premier discours qu’il voulait un audit financier de la FRF, en comparant les 24 de règne de Mircea Sandu à la dictature de Ceausescu et a déjà publiquement demandé (et obtenu) la démission d’Adalbert Kassai, le secrétaire général de la fédération. Burleanu a été élu au second tour par une large majorité, et avec le soutien des trois candidats éliminés au premier tour.
Quant à Popescu, on parle beaucoup de grâce présidentielle depuis hier. Plusieurs sénateurs, conseillers locaux et autres dirigeants ont lancé en ce sens une grande pétition à remettre au président Traian Basescu. Arguant que Popescu avait fait beaucoup pour la Roumanie durant toutes ses années de sportif, qu’il avait reconnu son erreur et que le préjudice financier avait déjà été récupéré (il a pourtant été condamné à remboursé près de 800 000 euros). Le président de la chambre des députés a déclaré aujourd’hui qu’il signerait cette pétition. Et même mieux: Victor Ponta, le Premier ministre lui-même, a déclaré: « En tant que Premier ministre, je ne peux pas me prononcer. Mais en tant que simple citoyen, je soutiens évidemment cette demande de grâce. »
29 ans, c’est jeune.
J’espère que c’est quelqu’un d’intelligent, d’honnête et d’indépendant, qui saura remettre ce football roumain sur les bons rails.
Il serait bon qu’on en parle uniquement pour ce qui concerne le terrain et plus les affaires en dehors.