Oui oui, vous avez bien lu: Colombie 86. Il s’agit bien d’une Coupe du Monde de football, cette compétition qu’on attend fébrilement tous les quatre ans, et dont on parle et reparle de génération en génération. Bizarrement, on ne parle pas beaucoup de cette édition colombienne. Sans doute parce que, à l’instar des JO de Barcelone de 1936 – annulés et attribués à Berlin pour cause de guerre civile en Espagne – la Coupe du Monde colombienne n’a jamais eu lieu. Un exemple que le Brésil, assez en retard sur des travaux de préparation aux montants devenus exhorbitants, aurait peut-être pu suivre.
Tout commence en 1974. Joao Havelange succède à Stanley Rous à la tête de la FIFA, dont il devient le septième président. Une des grandes décisions de l’année – la désignation du pays hôte de la coupe du Monde 1986 – a néanmoins déjà été prise avant sa prise de fonction. Et c’est la Colombie qui a eu gain de cause. Une victoire pour son président, Misael Pastrana Borrero.
Pastrana Borrero, qui a mené son dossier de main de maître, perd cependant les élections présidentielles quelques mois plus tard. Il ne reviendra jamais au pouvoir. La Colombie a elle les yeux ailleurs: la guerre contre les trafiquants de drogue accaparent tous les moyens -techniques, humains et économiques – au détriment de la construction des nouveaux stades. Six années plus tard, en 1982, la Colombie se résout à l’évidence: ses problèmes financiers sont insolubles et les infrastructures nécessaires à l’organisation d’un tel événement sont au-dessus de ses moyens. La feuille de route prévoyait en effet de grandes exigences, avec notamment douze stades de 40 000 places pour la première phase de la compétition, quatre stades de 60 000 places pour la seconde phase et deux stades de 80 000 places pour le match d’inauguration et la finale. Des exigences trop élevées pour la Colombie, dont le Président Belisario Betancur annonce le 25 octobre 1982 qu’elle renonce à l’organisation de sa Coupe du Monde.
Devant cette défection tardive, quatre ans seulement avant le début de la compétition, la FIFA tire la sonnette d’alarme et cherche de nouvelles candidatures sur le continent américain, afin de conserver l’alternance Europe-Amérique latine. Le Brésil, pas certain d’avoir les fonds nécessaires, refuse, préférant se concentrer sur une éventuelle candidature pour 1994. Le Canada, les Etats-Unis et le Mexique se portent eux candidats. C’est ce dernier qui est désigné le 20 mai 1983, devenant ainsi le premier pays à accueillir deux éditions de la Coupe du monde, après celle organisée en 1970. C’est d’ailleurs ce qui a motivé le choix de la FIFA, qui a jugé les Mexicains plus expérimentés que leurs concurrents et donc mieux armés pour faire face à cette situation d’urgence.
Adieu donc la finale à Bogota. Ironie du sort, la sélection colombienne n’a même pas réussi à se qualifier pour cette édition, échouant en barrages face au Paraguay. La Colombie disparaît totalement de ce Mondial. La FIFA n’est elle pas au bout de ses surprises. Un tremblement de terre de magnitude 8,2 secoue en effet Mexico le 19 septembre 1985, provoquant la mort de 10 000 personnes dans la seule capitale et d’importants dégâts. La capacité du Mexique à organiser l’événement est un moment mise en doute, mais les stades n’ayant été que très peu touchés, la préparation n’est finalement pas remise en cause. Et le Stade Aztèque verra bien l’Argentine de Diego Maradona récolter une deuxième étoile.
Un revirement de situation similaire s’est également produit en 2003. La Coupe du Monde féminine initialement prévue en Chine a dû être transférée au dernier moment aux Etats-Unis suite à l’apparition du virus SRAS provoquant une panique générale en Asie. Là encore, la FIFA a donné l’avantage à un pays expérimenté, les Etats-Unis, qui avaient déjà organisé l’édition précédente en 1999. La Chine aura son édition quatre années plus tard, en 2007.
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1 commentaire
C’est un billet qui m’a rafraîchi la mémoire, j’avais oublié la candidature de la Colombie. C’est vrai qu’à l’époque la guerre contre le trafique de drogue battait son plein.
Par contre, je me souviens très bien du tremblement de terre au Mexique, quelques mois avant le début de la compétition.