le 24 mai 2014 à 19:47L’Atlético, 40 ans après

L’Atlético Madrid retrouve les sommets. Vainqueurs de la regrettée Coupe des Vainqueurs de Coupe en 1962 et de l’Europa League à deux reprises dans les années 2000, les Colchoneros ne sont parvenus qu’une seule et unique fois en finale de la grande Coupe d’Europe. C’était en 1974, il y a précisément 40 ans. Une finale unique en son genre pour une tout autre raison, puisque c’est la seule à avoir été disputée sur deux rencontres. Un dénouement fatal aux Madrilènes, pourtant passés à une poignée de secondes du bonheur.

Vainqueurs de la Liga la saison précédente, les Espagnols démarrent péniblement leur campagne européenne. Au premier tour, Galatasaray s’accroche à Madrid (0-0), mais est éliminé à Istanbul sur un but marqué dans les prolongations. Au deuxième tour, c’est le Dinamo Bucarest des légendes Dumitrache, Nunweiller et Mircea Lucescu qui est éliminé (4-2 au total). Ce sont là les deux seuls but que l’Atlético encaissera jusqu’à la finale. L’Etoile Rouge de Belgrade et le Celtic Glasgow seront en effet tous éliminés sur le même score global de 2-0. En finale se dresse à lui le Bayern de Munich. Triple champion d’Allemagne en titre, le club bavarois commence lui aussi difficilement, avec une qualification acquise aux tirs au but face aux Suédois d’Atvidaberg au premier tour. Au deuxième tour, le Dynamo Dresde sera lui aussi difficilement battu (7-6 sur l’ensemble des deux matchs). La suite s’avérera plus simple, face au CSKA Sofia (5-3) puis aux Hongrois d’Ujpest (4-1).

Les deux équipes se rencontrent donc le 15 mai 1974 à Bruxelles, dans un Heysel pas encore tristement célèbre. Devant près de 50 000 personnes, les Madrilènes dominent le match mais aucune des deux équipes ne parvient à prendre l’avantage. Les deux équipes partent en prolongations. A la 114e minute, Luis Aragonés ouvre le score sur un coup-franc direct des 16 mètres. Le tir est imparable, Sepp Maier ne peut rien faire. Il ne reste que six minutes à jouer, l’Atlético a fait le plus dur! Le Bayern tente alors le tout pour le tout, se lance à l’attaque… et égalise! A 20 petites secondes du coup de sifflet final, le défenseur Hans-Georg Schwarzenbeck décoche une puissante frappe des trente mètres. Le ballon traverse une forêt de joueurs – les Bavarois sont cinq dans la surface adverse! – et se loge dans le petit filet de Miguel Reina, le père de Pepe Reina. Le rêve s’effondre à quelques secondes du terme. Invérifiable (et invérifiée), la légende veut que quelques secondes avant ce tir, Miguel Reina était tourné derrière son but, discutant avec des photographes qui souhaitaient récupérer son maillot.

Quoi qu’il en soit, c’est sur ce résultat nul que les deux équipes se séparent. Le règlement n’autorise en effet pas encore de départager une finale aux tirs au but. Le match doit être rejoué. Il l’est deux jours plus tard, toujours au Heysel mais devant une foule plus clairsemée (23 000 personnes environ). L’effectif de l’Atlético ne présente qu’un changement tandis que les Bavarois présentent le même onze, composé des Maier, Beckenbauer, Breitner, Hoeness et autres Gerd Müller bientôt champions du monde. Là encore, le match est serré. Jusqu’à la 28e minute de jeu et une longue ouverture de Breitner dans le dos de la défense madrilène. Lancé à la limite du hors-jeu, Uli Hoeness échappe à la défense adverse et se présente seul face à Reina, qu’il bat d’un tir entre les jambes. Le Bayern mène et ne se relâchera pas. En seconde période, Hoeness ajoutera un deuxième but et Gerd Müller marquera lui aussi un doublé. Alors qu’ils tenaient presque la coupe aux grandes oreilles entre leurs mains, les joueurs de l’Atlético craquent et perdent sèchement 4-0. Et tandis que le Bayern remportera trois Coupes d’Europe des Clubs champions d’affilée, il faudra 40 longues années à l’Atlético pour avoir droit à une revanche.