Ces petites choses des Coupes du Monde

Après l’Afrique du Sud, le Brésil. Dans quelques jours, le grand cirque de la FIFA pose ses valises en Amérique du Sud avec toutes ses nouveautés technologiques, ses médias omniprésents et une belle image bien lisse, du moins le plus possible. L’histoire des Coupes du Monde est pourtant parsemée de petits moments à part. Petit florilège de ces instants d’amateurisme romantique qui font du bien dans ce monde professionnel aseptisé. De quoi vous occuper le dimanche avant le début des hostilités.

Uruguay 1930

Pour cette première édition, seuls trois stades sont retenus, tous situés dans la capitale Montevideo. Le Stade Centenario, construit pour l’occasion, est fort de 90 000 places, tandis que les deux autres sont nettement plus modestes: l’Estadio Gran Parque Central compte 15 000 places et l’Estadio Pocitos, 5 000 seulement! Au premier tour, la Roumanie et le Pérou s’affrontent dans ce dernier stade, devant mois de 300 personnes. Ce qui reste comme la plus maigre affluence pour un match de Coupe du Monde.

Manuel Ferreira, capitaine de l’Argentine, rate le match contre le Mexique comptant pour la phase de groupes. Il n’est pas blessé ni suspendu, il est en périodes d’examens à l’université! Son remplaçant, Guillermo Stabile, en profite pour marquer un triplé, pour une victoire argentine 6-3, et terminer meilleur buteur de la compétition avec huit réalisations.

La demi-finale Etats-Unis-Argentine voit les Sud-américains jouer très dur. Au point de casser la jambe du milieu américain Rafael Tracey dès la 10e minute de jeu. Alors qu’il entre sur le terrain pour soigner un de ses joueurs, le médecin des Etats-Unis, agacé par ce jeu dur, manifeste son mécontentement en jetant sa mallette au sol. Un choc qui brise la bouteille de chloroforme qui s’y trouvait. En ouvrant la mallette, les vapeurs ont raison de lui et il faut une civière pour le sortir, inanimé, du terrain!

L’Uruguayen Hector Castro, auteur du dernier but dans la première finale de l’Histoire, était lui surnommé El Divino Manco (le manchot divin) par les supporters. Il était en effet amputé de l’avant-bras droit à la base du coude suite à un accident avec une scie électrique à l’âge de 13 ans.

Hector Castro - Photo whoateallthepies.tv

En finale, le gardien argentin Juan Botasso plonge dans les pieds de l’Uruguayen Hector Castro.


Italie 1934

Fait unique dans l’histoire de la compétition: le tenant du titre ne défend pas son bien. Plusieurs équipes européennes ayant décliné son invitation quatre ans plus tôt, l’Uruguay décide de ne pas participer à l’édition italienne. Autre équipe boudeuse, l’Angleterre refuse elle aussi de prendre part à la compétition pour la même raison qu’en 1930, à savoir le fait de ne pas avoir eu l’honneur d’accueillir le tournoi final.

Autre fait unique en son genre, l’Italie, pays organisateur, doit passer par les éliminatoires. Pour être présents, les Italiens doivent tout d’abord affronter la Grèce. Des Grecs battus 4-0 au match aller, une défaite si lourde qu’ils déclarent forfait pour le retour.

Le Mexique fait lui le déplacement jusqu’en Italie pour rien ! Vainqueurs du second tour de qualification face à Cuba, les Mexicains jouent leur qualification face aux Etats-Unis. Le match est disputé à Rome trois petits jours avant l’ouverture de la Coupe du Monde. Un quadruplé d’Aldo Donelli permet aux Américains de l’emporter 4-2, s’adjugeant ainsi le dernier billet pour le tournoi final.

En quarts de finale, le match Italie-Espagne atteint des sommets de violence. Terminé sur le score de 1-1 après les prolongations, le match – qui doit donc être rejoué – est surtout marqué par les blessures. Moins de 24 heures plus tard, quatre Italiens ne disputent pas le replay, dont Pizziolo, qui arrête là sa carrière avec une jambe cassée, tandis que sept Espagnols, dont le gardien Zamora, sont remplacés sur blessure. Avec ces onze changements au total, l’Italie gagne le match d’appui 1-0, et trois Espagnols devront quitter le terrain sur blessure. N’ayant joué qu’un seul match dans la compétition, Mario Pizziolo ne reçoit pas de médaille lorsque l’Italie soulève le trophée Jules Rimet. Le mal ne sera réparé qu’en 1988, deux ans avant son décès.

France 1938

Dans la zone Asie, deux pays sont inscrits pour les éliminatoires. Le forfait du Japon qualifie directement son adversaire, les Indes orientales néerlandaises. Ce pays, aujourd’hui l’Indonésie, est alors sous domination hollandaise. Les Pays-Bas étant eux-mêmes qualifiés, c’est la seule fois dans l’histoire de la compétition qu’un pays et celui dont il dépend sont tous deux qualifiés.

Le quart de finale opposant le Brésil à la Pologne est disputé à Strasbourg sous la pluie. Sur un terrain abimé, l’attaquant brésilien Leônidas se sent plus à l’aise pieds nus et quitte ses chaussures en seconde période. L’arbitre suédois M. Eklind lui demande cependant de se rechausser immédiatement. Ce qui n’empêchera pas le Brésilien de marquer à quatre reprises dans ce match.

Le 16 juin, jour de l’anniversaire du Roi de Suède Gustave V, la sélection suédoise rencontre en demi-finale son homologue hongroise. Féru de football, le roi attend une bonne nouvelle pour fêter son 80e anniversaire. Celle-ci ne viendra pas, la Hongrie s’imposant 5-1 au Parc des Princes. Une légende raconte que les Hongrois dominent tellement leurs adversaires qu’un merle a pu se promener plusieurs minutes dans leur moitié de terrain sans être inquiété.

Dans l’autre demi-finale, opposant le Brésil à l’Italie, les Brésiliens sûrs de leur force laissent Leônidas sur le banc, afin de le préserver pour la finale. Grave erreur, puisque les Italiens l’emportent 2-1 grâce à un but marqué à l’heure de jeu par Giuseppe Meazza sur penalty. Le capitaine italien, qui a des soucis avec son short durant ce match, est d’ailleurs obligé de le tenir d’une main lorsqu’il tire ce penalty. Mis sous pression, les Italiens remporteront leur Coupe du Monde.

Un résumé de cette édition 1938 est à voir absolument sur le site de l’INA.

Brésil 1950

Comme en 1930, le voyage est long et compliqué pour les équipes européennes. Deux nouveaux forfaits en découlent: ceux de l’Ecosse et de la Turquie. Les deux équipes étant prévues dans la même poule, cette dernière ne comprend que la Bolivie et l’Uruguay, qui se qualifie pour le tour final après une victoire 8-0 sur son seul adversaire.

Autre forfait, celui de l’Inde. Habitués à jouer pieds nus, les Indiens déclarent forfait, le règlement de la FIFA obligeant les joueurs à porter des chaussures.

Forfait jusque-là, l’Angleterre participe au Brésil à son premier Mondial. Venus avec des ambitions, les Anglais finissent battus 1-0 par deux fois, contre le Chili et les Etats-Unis. Un résultat controversé car l’équipe américaine compte trois étrangers dans ses rangs: l’Haïtien Joe Gaetjens, unique buteur du match, l’Ecossais Ed McIlvenny et le Belge Joe Maca. Trois joueurs non-naturalisés qui n’étaient pas sélectionnables. Sous pression et soucieuse de ne pas fausser sa compétition, la FIFA valide le résultat.

Lors du match Yougoslavie-Brésil comptant pour le premier tour, Rajko Mitic se blesse sérieusement au front en heurtant le linteau de porte alors qu’il sortait des vestiaires. L’arbitre gallois M. Griffiths refusant de retarder le coup d’envoi le temps qu’il se fasse soigner, les Yougoslaves entament le match à 10 contre 11. Leurs adversaires en profitent pour marquer dès la 4e minute. Mitic doit être soigné pendant une vingtaine de minutes avant de faire son entrée sur le terrain, et le Brésil s’impose 2-0 au final.

Brésil 1950 - Photo sport-histoire.fr

Grands favoris, les Brésiliens seront battus en finale par l’Uruguay du héros Alcides Ghiggia.

Suisse 1954

Lors des qualifications, la Turquie et l’Espagne se battent pour une place en phase finale. L’Espagne, favorite, l’emporte 4-1 à Madrid, mais s’incline 0-1 à Istanbul. La différence de buts n’étant pas appliquée, les deux équipes jouent un match d’appui à Rome, qui se termine sur le score de 2-2 après les prolongations. On procède alors à un tirage au sort pour départager les deux équipes. Un jeune Romain de 14 ans, dont le père travaille au Stade Olympique où a eu lieu le match d’appui, est chargé de tirer un billet au sort dans un bonnet. Les yeux bandés, Luigi Franco Gemma pioche le billet où il est inscrit Turquie.

Franco-Gemma - Image elenganche.es

Dans ces mêmes éliminatoires, la RFA joue elle contre un adversaire bien particulier, la Sarre! Placé sous protectorat français, ce territoire allemand jouit d’un statut autonome et a donc sa fédération nationale et son propre championnat depuis 1948. L’Allemagne de l’Ouest remporte ce groupe et se qualifie, mais la Sarre n’est pas ridicule et termine deuxième, grâce à une victoire et un match nul contre la Norvège, qui ferme la marche. C’est la seule participation du territoire à des éliminatoires de Coupe du Monde, avant son rattachement à la RFA en 1957.

Dans le même temps, la Hongrie est qualifiée sans même jouer, son adversaire, la Pologne, ayant déclaré forfait avant le match aller. C’est la dernière fois qu’une équipe se retrouve qualifiée sans avoir disputé le moindre match.

Suède 1958

Inscrite dans la zone Asie-Afrique des éliminatoires, Israël voit ses adversaires déclarer forfait les uns après les autres. En raison du conflit israélo-palestinien, la Turquie, l’Indonésie puis le Soudan refusent de jouer contre la sélection israélienne. Cette dernière remporte donc le tournoi de qualification sans jouer. La FIFA refusant dorénavant cette situation, elle décide de faire jouer un barrage contre une équipe européenne classée deuxième de son groupe. La Belgique est tirée au sort mais décline l’offre à son tour. Le Pays de Galles, éliminé par la Tchécoslovaquie, saisit sa chance. En battant par deux fois Israël sur le score de 2-0, les Gallois se qualifient là pour la seule fois de leur histoire.

L’équité sportive est parfois difficile à conserver. La France en profite. Qualifiés pour les quarts de finale, les Français ont quatre jours de repos avant le match, tandis que leurs adversaires nord-irlandais, qui ont dû disputer jusqu’aux prolongations un match d’appui pour se qualifier, n’en ont que deux. De plus, l’hôtel des Français se trouve à 30 kilomètres seulement du stade de Norrköping où est disputé ce quart de finale, quand les Nord-Irlandais, basés à Malmö, doivent parcourir 600 km en bus la veille du match. Les Français s’imposeront 4-0.

Bien qu’elle ait disputé ses premiers matchs en 1919, la sélection paraguayenne a attendu cette édition suédoise pour disputer ses premiers matchs hors d’Amérique du Sud. Eliminée dès le premier tour, elle ne reviendra jouer en Europe qu’en 1998.

Chili 1962

Alors que les préparatifs battent leur plein, le Chili est touché en mai 1960 par un séisme d’une magnitude de 9.5 sur l’échelle de Richter qui endommage fortement les infrastructures. Carlos Dittborn, président du comité d’organisation, lance alors une phrase qui restera comme le slogan officieux de cette édition: «Parce nous n’avons rien, nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour reconstruire.» Moins de deux ans plus tard, tout est prêt pour la compétition. Dittborn n’en profite pas, puisqu’il décède un mois avant le coup d’envoi de la compétition.

Ce Mondial chilien est très rugueux. Après les 24 matchs de la phase de groupes, on dénombre pas moins de 50 joueurs blessés, dont 4 sont hospitalisés pour des fractures! Le match opposant le Chili à l’Italie est resté célèbre sous le nom de «La bataille de Santiago.» Au terme d’un match d’une rare violence, les Italiens quittent le terrain sous la protection de la police tandis que l’arbitre Ken Aston déclare : «Je n’ai pas arbitré un match de football, j’étais un arbitre au milieu de manœuvres militaires

Chili-Italie - Photo sport-histoire.fr

Ken Aston en pleine discussion tandis que deux Chiliens sont au sol.

La présence du Chili en demi-finale est une réelle surprise. A tel point que les organisateurs échangent les stades des deux demi-finales. Prévue à Viña del Mar, le match Chili-Brésil est déplacé au Stade National de Santiago. Furieux, les habitants de Viña del Mar boudent le match Tchécoslovaquie-Yougoslavie, une demi-finale qui est joué devant 6 000 spectateurs à peine!

Angleterre 1966

Aucun pays africain ne prend part aux éliminatoires de cette édition anglaise. La FIFA ayant décidé que seul le vainqueur du barrage entre les vainqueurs des zones Afrique et Asie serait qualifié, les nations africaines boycottent la compétition. L’Australie et la Corée du Nord se retrouvent donc seules à se disputer cette place qualificative. Favoris, les Australiens sont lourdement défaits, sur un score cumulé de 9-2!

La qualification nord-coréenne ne va pas sans poser quelques problèmes. Depuis la Guerre de Corée, l’Angleterre n’a en effet toujours pas reconnu la Corée du Nord. Elle ne peut donc officiellement pas faire flotter son drapeau ni faire jouer son hymne national. Un arrangement diplomatique sera trouvé avec la FIFA (qui excelle déjà dans ce domaine) quelques jours avant le début de la compétition.

Une compétition dont le premier tour réserve bien des surprises à l’Uruguay. Le match d’ouverture qu’ils doivent disputer face à l’Angleterre est tout d’abord retardé, les joueurs Anglais ayant oublié leurs cartes d’identité à l’hôtel. L’attente dure quelques minutes, le temps pour un motard de la police de les ramener.

C’est ensuite leur match contre la France qui fait parler. Celui-ci est programmé à Wembley… le même jour qu’une course de lévriers ! Les propriétaires du stade refusant d’annuler l’événement, le match est finalement joué à White City, un autre stade londonien. Ironie du sort, cette enceinte est habituellement réservée aux courses de lévriers. C’est la seule fois dans l’Histoire qu’un match de Coupe du Monde est disputé dans un stade qui ne devait initialement pas accueillir la compétition.

Mexique 1970

En qualifications, la zone Asie-Océanie compte sept participants, dont Israël et… la Rhodésie du Sud ! Pays africain créé de manière unilatérale à la suite d’un mouvement séparatiste blanc, la Rhodésie du Sud n’est pas officiellement reconnue comme un pays indépendant. Les autres équipes africaines ne pouvant donc officiellement y disputer de match éliminatoire, la FIFA jongle avec la diplomatie et reverse cette sélection dans la zone Asie-Océanie, dont elle ne sera éliminée par l’Australie qu’après un match d’appui.

Pendant ce temps, la zone Afrique est pour la toute première fois assurée d’envoyer un représentant au tournoi final, son vainqueur n’ayant plus à affronter celui de la zone Asie pour se qualifier. Le boycott des pays africains quatre ans plus tôt n’a pas été vain. C’est le Maroc qui remporte ces éliminatoires et devient seulement le deuxième pays africain à participer à une Coupe du Monde, après l’Egypte en 1934.

En Europe, l’hiver est rude. Lorsqu’ils reçoivent Chypre, la pluie et le froid ont rendu leur terrain tellement dur que les joueurs écossais décident de jouer en baskets. Ils s’imposent 5-0 mais les deux équipes seront éliminées par la RFA.

Après s’être qualifiés pour la Coupe du Monde aux dépens notamment du Portugal, troisième de l’édition précédente, les Roumains doivent jouer leur dernier match de groupe face au Brésil. Et huit ans avant un fameux Hongrie-France, un problème de maillot se pose. Les deux équipes jouent en effet en jaune. Les Roumains n’ayant pas de jeu de rechange, c’est leur capitaine Mircea Lucescu qui part lui-même acheter un paquet de maillots bleus ciel avec son propre argent, ainsi que du fil pour y coudre les numéros.

En quarts de finale du tournoi final, l’Angleterre affronte cette même Allemagne de l’Ouest. Après avoir bu une bière mexicaine la veille au soir, Gordon Banks, le gardien anglais, souffre de maux d’estomac. Il essaie de s’échauffer pour jouer, mais cette intoxication alimentaire oblige son sélectionneur Alf Ramsey à titulariser son remplaçant, Peter Bonetti. Menés 2-1, les Allemands égalisent à 8 minutes de la fin sur une hésitation coupable du gardien britannique. Ils s’imposeront en prolongations sur une erreur du même Bonetti.

RFA 1974

Dans la zone Concacaf, le tournoi final de qualification se déroule à Port-Au-Prince, la capitale d’Haïti, pays alors gouverné par le dictateur «Baby Doc» Jean-Claude Duvalier. Les joueurs haïtiens survolent la compétition et se qualifient. Avec des résultats parfois suspects, comme lors de leur victoire 2-1 contre leur dauphin Trinidad-et-Tobago, à qui l’arbitre salvadorien, M. Henriquez, refuse pas moins de quatre buts. La FIFA suspendra ce dernier à vie l’année suivante.

Quelques mois plus tard, le défenseur haïtien Ernst Jean-Joseph devient le tout premier joueur à être contrôle positif lors d’un test anti-dopage, après avoir pris des médicaments pour traiter ses problèmes d’asthme. Jean-Joseph est renvoyé en Haïti, après que des officiels haïtiens, venus les chercher à l’hôtel, l’aient roué de coups sans se cacher de la presse ni des passants. Bouleversés, ses coéquipiers perdent 7-0 contre la Pologne le lendemain. «Baby Doc» demandera alors lui-même à Jean-Joseph de téléphoner à ses coéquipiers pour les rassurer sur son état de santé.

Autre surprise, le Zaïre remporte les éliminatoires de la zone Afrique. Mais après une défaite contre l’Ecosse (0-2) puis la déroute 0-9 contre la Yougoslavie, les joueurs sont menacés par Mobutu lui-même. Le président zaïrois envoie ses propres gardes en Allemagne pour menacer les joueurs, les prévenant que s’ils perdent par quatre buts d’écart face au Brésil, ils ne seront plus autorisés à rentrer au pays. La peur au ventre, les Zaïrois sont menés 3-0 par les Brésiliens à cinq minutes de la fin du match lorsque le défenseur Mwepu Ilunga cède à la panique. Une image amusante, qui illustre pourtant le désespoir et la peur qu’ont dû ressentir Ilunga et ses coéquipiers face aux menaces du dictateur.

La finale Allemagne-Hollande de cette édition est restée ancrée dans les mémoires. Un détail est lui tombé dans l’oubli: cette finale a démarré avec quelques minutes de retard. On s’est en effet aperçu quelques secondes avant le coup d’envoi que les poteaux de corner n’avaient pas été installés! Le coup d’envoi n’a pu être donné qu’après que des officiels soient allés les chercher et fassent le tour du terrain pour les installer.

Argentine 1978

Les éliminatoires de cette édition sont très sélectifs. 95 équipes sont inscrites pour 14 places qualificatives seulement (le tenant du titre et l’organisateur étant qualifiés d’office). L’Uruguay et l’Angleterre font partie des recalés. La FIFA élargira l’édition suivante à 24 équipes.

L’organisation de la Coupe du Monde dans l’Argentine de Videla fait grincer des dents. Un groupuscule réclamant le boycott de l’épreuve tente ainsi d’enlever le sélectionneur Henri Michel la veille du départ de l’équipe de France. Des malfaiteurs que le sélectionneur met lui-même en fuite (une histoire à retrouver en compagnie des fameux maillots de Mar del Plata dans Complètement foot). Michel ira en Argentine, ce qui n’est pas le cas de Johan Cruyff, victime avec sa famille d’une tentative d’enlèvement par un groupe armé.

Depuis 1966, deux joueurs par équipes sont tirés au sort après chaque match pour un contrôle anti-dopage. Le soir de Pérou-Ecosse, Kenny Dalglish et Archie Gemmill sont désignés côté écossais. Gemmill prétexte une forte déshydratation pour ne pas s’y rendre. Grand seigneur, Willie Johnston se porte volontaire pour le remplacer. Mal lui en prend: il est contrôlé positif à un stimulant interdit. Il est renvoyé dans un avion pour l’Ecosse dès le lendemain matin, escorté par deux gardes armés! Il ne rejouera plus jamais pour son pays. Son contrôle positif est dû à des pilules prescrites par le médecin de son club, West Bromwich Albion, qui sont alors en vente libre en pharmacie et très largement utilisées par les joueurs du championnat anglais.

Lors du second tour, la RFA est éliminée après une défaite 3-2 face à l’Autriche. C’en est trop pour une religieuse allemande, qui est arrêtée à Francfort après avoir tenté d’étrangler un homme qui fêtait la victoire autrichienne.

Espagne 1982

La Nouvelle-Zélande est le dernier pays à se qualifier pour cette édition espagnole au terme d’un véritable marathon: 15 matchs disputés, soit 1 350 minutes de jeu et plus de 88 000 km parcourus pour se qualifier pour la première fois en Coupe du Monde. Un record.

L’autre équipe qualifiée dans la zone Asie-Océanie est le Koweït, récent champion d’Asie avec à sa tête Carlos Alberto Parreira. Son match face à la France est inoubliable. Alors que les Français marquent pour la quatrième fois, le cheikh Fahid Al-Ahmad Al-Sabah, frère de l’émir du Koweït et président de sa fédération nationale descend sur le terrain pour contester le but, au motif qu’un coup de sifflet venu des tribunes a déstabilisé les défenseurs de son équipe. L’arbitre soviétique M. Stupar accepte et annule le but. Il sera radié à vie par la FIFA.

Lors de cet épisode, la Guardia Civil espagnole empêche Michel Hidalgo d’entrer sur le terrain. Il n’expliquera que des décennies plus tard qu’il avait eu un conflit avec elle avant le match. Un supporter français avait en effet tenté d’entrer sur le terrain avec un drapeau tricolore. La Guardia Civil l’avait arrêté et emmené dans une cellule située en haut du stade. Hidalgo avait tenté de s’interposer, menaçant même de ne pas faire entrer son équipe sur le terrain si le jeune supporter n’était pas libéré avant le coup d’envoi.

Après la compétition, le Stade José Zorrilla de Valladolid a été modifié avec l‘installation d’une fosse destinée à séparer les tribunes du terrain afin d’éviter toute nouvelle intrusion du public.

Mexique 1986

Lors du premier tour des éliminatoires de la zone Afrique, la Tunisie doit recevoir l’équipe du Bénin, mais le vol de cette dernière est retardé. Vainqueur du match aller (2-0), la Tunisie accepte de retarder le coup d’envoi du match retour de deux jours afin que son adversaire ne soit pas forfait. Un geste sportif qui sera récompensé, les Tunisiens l’emportant par 4-0.

En Asie, la Chine est éliminée malgré quatre victoires en six matchs et surtout une différence de but de +21 (23 buts marqués contre 2 encaissés)! La faute à ces deux buts encaissés lors d’une défaite (2-1) imprévue face à Hong-Kong, qui termine en tête de son groupe.

On note, toujours en Asie, la présence d’un nouveau et étonnant participant: la République Démocratique Populaire du Yémen, plus connue sous le nom de Sud-Yémen. Seul état communiste du monde arabe, il se libère du protectorat britannique pour devenir indépendant en 1967. Même si le pays n’est pas reconnu par l’entière communauté internationale, la FIFA lui autorise de s’aligner dans ces éliminatoires. Versé dans un groupe comprenant l’Iran et Bahreïn, les Sud-yéménites ne sont qu’à deux matchs du Mondial après que l’Iran (alors en guerre contre l’Irak) soit disqualifiée pour avoir refusé de disputer ses matchs à domicile sur terrain neutre. Battus 4-1 à domicile lors du match aller, ils mènent 3-1 à quelques minutes de la fin du match retour. Las, les Bahreïnis égalisent et se qualifient. Ce sera l’unique présence du Sud-Yémen en qualification, les deux Yémen se réunifiant en 1990.

Le premier tour de ce mondial mexicain est riche en sautes d’humeur : le sélectionneur du Paraguay Cayetano Ré est le premier entraîneur à être expulsé pour intrusions répétées dans l’aire de jeu face à la Belgique, le défenseur uruguayen José Batista est exclu par Joël Quiniou après 56 petites secondes de jeu face à l’Ecosse tandis que le défenseur irakien Mahmoud Shaker est lui suspendu un an par la FIFA pour avoir craché sur l’arbitre de la rencontre Irak-Belgique, bien qu’il n’ait pas été expulsé durant le match.

Après une victoire encourageante face à l’Angleterre, les Portugais réclament une augmentation de leurs primes à leur fédération, qui refuse. Les joueurs se mettent alors en grève. Le gardien et capitaine Bento ne joue pas le deuxième match, perdu face à la Pologne. C’est ensuite une équipe de remplaçants qui s’incline face au Maroc, qui termine premier du groupe. Les Français n’avaient donc rien inventé.

Italie 1990

Organisateur en 1986, le Mexique est absent quatre ans plus tard. Il n’est même pas présent aux éliminatoires à cause d’une suspension de deux ans dictée par la FIFA pour avoir triché sur l’âge de certains joueurs lors des éliminatoires pour les Jeux Olympiques de 1988.

Pour raisons politiques, la FIFA décide de reverser Taïwan et Israël dans la zone Océanie. Les Israéliens en profitent pour remporter la compétition, mais sont ensuite éliminés en barrages par la Colombie.

Dans la zone Asie, le tour final est très serré. Tant et si bien que les Emirats Arabes Unis se qualifient malgré une seule victoire et quatre matchs nuls en cinq matchs, et quatre buts marqués au total, dont deux lors de leur victoire (2-1) contre la Chine.

Lors du premier tour, l’Irlande ne fera guère mieux, en se qualifiant pour les huitièmes de finale sans remporter un seul match. Les Irlandais terminent ainsi deuxièmes du groupe F avec trois matchs nuls et deux petits buts marqués. C’est l’ensemble de leur groupe qui s’avère plutôt triste, avec seulement sept buts marqués en six rencontres.

Plusieurs pays participent pour la dernière fois à une Coupe du Monde sous leur forme: l’URSS, qui disparaîtra peu après, et la Tchécoslovaquie, qui ne passera pas les éliminatoires pour le mondial 1994. Quant à la RFA championne du monde, elle ne défendra son titre que sous une autre forme, avec une Allemagne réunifiée.

Protasov 90 - Image oldschoolpanini.com

Protasov portant ce qui restera comme le dernier maillot de l’URSS.

Etats-Unis 1994

Pour la première fois, aucune équipe britannique n’est présente, l’Angleterre ayant notamment été éliminée par la Norvège et les Pays-Bas. Pis, si les Anglais sont absents, l’Irlande est bien présente, qualifiée en compagnie de l’Espagne! Autre absence notable, celle du champion d’Europe en titre, le Danemark, éliminé par ces mêmes Irlandais à la différence de buts.

Deux joueurs camerounais battent des records. Roger Milla devient à 42 ans le plus vieux buteur en Coupe du Monde en sauvant l’honneur des siens face à la CEI (1-6), tandis que Rigobert Song est devenu quatre jours plus tôt le plus jeune joueur à être expulsé lors d’un mondial, en quittant les siens à la 63e minute du match Brésil-Cameroun, à l’âge de 17 ans.

Bien qu’évoluant en Série B avec la Fiorentina, Stefan Effenberg est présent aux Etats-Unis avec la sélection allemande. Sifflé par le public lors de son remplacement à la 75e minute du match face à la Corée du Sud, il répond par un doigt d’honneur. Berti Vögts le renvoie alors en Allemagne avant même la fin du tournoi. Effenberg attendra quatre ans avant de rejouer avec la Mannschaft.

France 1998

Une première dans les éliminatoires de la zone Afrique. Eliminée au premier tour par le Burundi, la Sierra Leone est repêchée après que son adversaire ait déclaré forfait pour la suite de la compétition, pour cause de guerre civile. Au deuxième tour, la Sierra Leone perd face au Nigeria et devient ainsi la première équipe à être éliminée deux fois dans les mêmes éliminatoires.

Quatre équipes se qualifient pour la première fois: l’Afrique du Sud, le Japon, la Jamaïque et la Croatie, qui ira jusqu’en demi-finales.

Rigobert Song, deuxième acte. En prenant un carton rouge face au Chili, le Camerounais devient le tout premier joueur à être expulsé lors de deux Coupes du Monde.

Miroslav-Blazevic - Photo theguardian.com

Très touché par l’agression du gendarme Daniel Nivel, Miroslav Blazevic s’est vu remettre un képi par les gendarmes qui assurent la sécurité de son équipe. Le sélectionneur croate ne le quitte alors plus, allant jusqu’à l’avoir avec lui sur le banc de touche lors des matchs de son équipe.

Japon/Corée du Sud 2002

A 13 ans et 310 jours, le Togolais Souleymane Mamam devient en mai 2001 le plus jeune joueur à prendre part à un match éliminatoire. Toujours dans la zone Afrique, l’Egyptien Abdel Hamid bat lui aussi un record en marquant un triplé en seulement 177 secondes lors de la victoire 8-2 de son équipe face à la Namibie.

Tout le monde se souvient de l’horrible coiffure de Ronaldo lorsqu’il soulève le trophée remporté par le Brésil. Une coupe qu’il n’arborait pas au début de la compétition. Ronaldo a en effet le crane entièrement rasé jusqu’aux quarts de finale. La raison de ce brusque changement est un appel téléphonique de sa femme qui lui raconte que leur fils embrassait la télé et criait « Papa ! » lorsqu’apparaissait… Roberto Carlos! C’est pour se différencier de ce dernier qu’il s’est décidé à se laisser pousser une vilaine houppette sur sa tête.

Ronaldo -Image youtube.com

Féru d’égyptologie, Ronaldo rend un hommage capillaire au dieu Pubis

Pendant que le monde a les yeux tournés vers la finale Brésil-Allemagne, 15 000 personnes assistent à un match opposant les deux équipes les plus mal classées au classement FIFA : le Bhoutan (202e mondial) qui reçoit la sélection de Montserrat (203e). Et devant 25 000 (!) spectateurs, ce sont les locaux qui s’imposent 4-0 grâce notamment à un triplé de son attaquant Wangai Dorji. Un match à la génèse et au déroulement intéressants à voir ci-dessous.

Allemagne 2006

En éliminatoires, la zone Asie se termine par un barrage opposant l’Ouzbékistan à Bahreïn. Un barrage qui va donner lieu à une belle controverse. Les Ouzbeks l’emportent 1-0 à l’aller, mais la FIFA, très pointilleuse pour une fois, annule le résultat et fait rejouer le match, estimant que l’arbitre s’était trompé en accordant le penalty victorieux aux locaux. Le match est rejoué, et Bahreïn arrache le match nul, avant de se qualifier à la différence de buts. Elle sera ensuite éliminée par Trinité-et-Tobago.

Avant le début de cette Coupe du Monde allemande, un prêtre venu d’Equateur s’est rendu dans tous les stades accueillant la compétition afin de les bénir et d’y écarter les mauvais esprits.

Le quatrième arbitre de la finale Italie-France, le désormais célèbre M. Medina Cantalejo, ne devait initialement pas être présent au Mondial allemand. Placé sur la liste de réserve, il est appelé en remplacement de son compatriote M. Mejuto Gonzalez après qu’un des assistants de ce dernier n’ait pas satisfait à des tests physiques!

Les arbitres présents ont la main leste durant la compétition. Pas moins de 345 cartons jaunes et 28 rouges sont sortis. Une statistique gonflée par l’erreur de Graham Poll, qui attend le troisième jaune pour expulser Josip Simunic lors du match Australie-Croatie. M. Poll a ensuite expliqué son erreur : lors du deuxième avertissement adressé à Simunic, à la 90e minute, il le note sur son carnet à côté du numéro 3 australien! La faute à l’accent australien du Croate Simunic, natif de Canberra.

Afrique du Sud 2010

853, c’est le nombre record de matchs disputés au total lors des éliminatoires de cette Coupe du Monde. 200 équipes y prennent part, pour 31 qualifiés au final.

Huit équipes sortent invaincues de ces éliminatoires : la Côte d’Ivoire, l’Allemagne, l’Italie, la Corée du Sud, le Nigéria, les Pays-Bas, l’Espagne et… les Iles Vierges Britanniques ! Ces dernières sont néanmoins éliminées après deux matchs nuls (1-1 et 2-2) face aux Bahamas au premier tour de la zone CONCACAF.

Les éliminatoires de la zone Océanie présentent une particularité, puisqu’ils intègrent Tuvalu, une sélection non-affiliée à la FIFA! Cela s’explique par le fait que les Jeux du Pacifique servent de tour préliminaire. L’archipel de Tuvalu participe donc aux éliminatoires, mais son statut ne lui permet aucun cas d’être qualifié.

Toutes confédérations confondues, les meilleurs buteurs de ces éliminatoires sont le Burkinabé Moumouni Dagano et… le Fidjien Osea Vakatalesau! Avec 12 buts marqués, ils devancent les plus connus Gekas, Rooney, Dzeko ou encore Eto’o.

 
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