Julio Grondona, le Parrain

Julio Grondona est décédé cette semaine d’une arrêt cardiaque lors d’une opération chirurgicale. Si son nom n’est que peu connu du grand public, il était l’une des personnes les plus influentes au sein de la FIFA. La clé de voûte du système Blatter, un homme dont on ne compte plus les magouilles. Après 35 années passées à la tête de l’AFA, la fédération argentine de football, le Parrain Don Julio a connu toutes les malversations possibles. Au point d’être traîté de « mafieux » et de se voir adresser un joli doigt à la télévision par Maradona lui-même (sic!). Et le tout sans jamais être inquiété. Du grand art.



Le nom de Julio Grondona reste étroitement lié au club de l’Arsenal de Sarandi. Dans les années 50, il le fonde avec quelques amis, avant d’en être le premier et unique président 58 années durant. Inamovible, il ne laissera sa place qu’à son fils. Inamovible, il l’est également à la tête de l’AFA. En 1979, au plus fort de la dictature de Videla et alors que l’Argentine est fraîchement championne du monde au terme d’une édition plus que douteuse, Grondona est nommé à la tête de l’AFA par l’Amiral Lacoste, bras droit du dictateur qui a supervisé l’organisation du Mundial argentin. C’est également à l’Amiral Lacoste qu’il succède en 1986 au sein du Comité exécutif de la FIFA. Ce qui en faisait jusqu’à hier le plus ancien membre de ce Comité. Comme il l’avait prévu, il aura fallu attendre son décès pour voir ces places se libérer. S’il s’est défendu toute sa vie d’être le président choisi par la dictature, arguant avoir été élu par les clubs et non par Lacoste, sa proximité avec le pouvoir n’est qu’un secret de polichinelle, comme le montre notamment le cliché ci-dessous où on le trouve sur la droite de la photo, aux côtés du Général Videla.

Videla-Grondona - Photo Ezequiel Fernandez Moores

Détournement de plusieurs dizaines de millions de dollars, venant notamment de l’argent versé à l’AFA au titre des droits télé, revente illégale de billets de Coupe du Monde (notamment via son fils)… Sa carrière a traversé bien des scandales. Des affaires dues notamment à sa position de vice-président de la FIFA depuis 1988. Grondona est le confident de Sepp Blatter. Celui qui sait et dirige tout, à la FIFA comme à l’AFA. C’est lui qui supervise l’opaque gestion des comptes de la FIFA (l’organisation à but non-lucratif qui possède le plus d’argent en banque au monde), mais c’est surtout lui la seule et unique personne à connaître, avec l’intéressé, le montant des rémunérations que se sont versées chaque année Joao Havelange puis son successeur Sepp Blatter. Homme de l’ombre, Grondona agit d’une main de fer, mais dans le feutré. Rien n’ébranle l’hégémonie du parrain. Ni la justice, malgré des perquisitions en pagaille au siège de l’AFA, ni les journalistes, ni les politiques, ni même ses adversaires, qui ne peuvent empêcher ses six réélections à la tête de l’AFA (son seul adversaire, candidat en 1995, n’aura qu’un vote). Même les scandales n’ont aucune prise sur lui, alors que Blatter n’a pas hésité à se débarrasser ces dernières années de proches devenus trop encombrants, comme le Qatari Bin Hamman, l’Américain Blazer ou le Trinidadien Warner.

Si Don Julio s’est parfois montré, c’est pour ses saillie publiques plus ou moins réfléchies, comme celle-ci, en 2003: « Les juifs ne sont pas capables d’être arbitres en première division argentine parce que le monde du football est quelque chose de difficile, de pénible, et que les juifs n’aiment pas les choses difficiles. » Une phrase qui lui vaut d’être poursuivi pour injures aggravées, avant que le dossier ne soit classé sans suite. Le journaliste à qui il s’était adressé a lui été viré de son poste et n’est plus réapparu dans les médias. Grondona, un homme digne d’être le second de Blatter…

Julio Grondona - Photo Agencias

 
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Un pourri de moins, bon débarras ! Plus que quelques-uns…
Si seulement il avait laissé des dossiers à dévoiler, une fois l’arme passée à gauche, ce serait une bonne chose. Dire qu’il va falloir se coltiner Blatter encore un bon bout de temps…

Petite réflexion : Personnellement, je n’ai jamais été un très grand fan de Diego Armando Maradona. J’ai toujours apprécié son incontestable talent, mais le côté came et dopage… Pas ma tasse de thé. Là dessus, quand il rajoute cet air de « pas touche à ma personne », ça m’gonfle.

par stef, 01.08.2014 à 15h06   | Citer