le 6 décembre 2014 à 15:28Moldavie: leader, le FC Veris quitte le championnat

Vous vous souvenez peut-être du FC Veris Chişinău, ce club moldave à l’ascension fulgurante, Il y a un an à peine, nous découvrions sur PF ce club devenu en quelques mois seulement une place forte du football moldave. Après une brève apparition européenne en début de saison, et une élimination dès le premier tour d’Europa League face au Litex Lovech, le club de Chişinău a fait une bonne première moitié de saison puisqu’il pointe en tête du classement à l’issue de la 16e journée du championnat. Arrive alors le quart de finale de Coupe de Moldavie. Le tirage n’a pas été favorable au FC Veris pour ce match, puisqu’il l’oppose à l’ogre de Tiraspol, le FC Sheriff. Ce match est évidemment la grande affiche de ces quarts de finale, et une nouvelle occasion pour chaque camp – la Bessarabie roumanophone d’un côté et la Transnistrie russophone de l’autre – d’affirmer sa supériorité.

Quelques semaines plus tôt, les deux équipes s’étaient déjà rencontrées en championnat. Le Sheriff avait alors administré une correction aux Mauve et Blancs en s’imposant 3-0. Mais depuis, le club de Tiraspol a baissé de niveau, en s’inclinant notamment face au FC Dacia puis en faisant match nul contre Milsami, des contre-performances qui ne sont pas dans ses habitudes ces dernières années. Le FC Veris pense légitimement avoir un coup à jouer dans ce match. A la fin du temps réglementaire, les deux équipes sont à égalité 0-0. Elles continuent à se neutraliser durant les prolongations, jusqu’à la 117e minute, où le Sheriff marque le but de la victoire. C’est la fureur sur le banc du Veris, surtout du côté de son entraîneur Lilian Popescu (qui a succédé à Dobrovolski voilà quelques mois). L’arbitrage est mis en cause. Selon le club, l’arbitre n’a pas sifflé deux penaltys en leur faveur en prolongations.

Dès le lendemain, le club annonce son retrait du championnat par son site internet. Le tout par une simple phrase: « L’équipe Veris Chişinău a annoncé par courrier qu’il se retirait du Championnat de Moldavie. La lettre a été déposée à la FMF dans la matinée du 4 décembre 2014. » Une simple phrase laconique qui laisse dans un premier temps le doute. Les joueurs continuent de s’entraîner comme si de rien n’était, en préparation du match de dimanche, face au FC Tiraspol, l’autre équipe de la capitale transnistrienne.

Mais les dirigeants sont bien décidés à retirer l’équipe. Une décision forte prise pour protester contre l’arbitrage du match contre le Sheriff et les deux penaltys non sifflés lors des prolongations. Plus généralement, la protestation vise l’hégémonie du Sheriff sur tous les rouages du pouvoir moldave. Riche et puissant, le Sheriff est accusé d’avoir trop d’influence sur les dirigeants moldaves, et notamment ceux de la Fédération Moldave de Football (FMF). Des accusations qui ne sont pas sans fondement.

Mais cette version officielle a rapidement été doublée d’autres, plus officieuses, qui pourraient également expliquer la célérité de Vladimir Niculăiţă à voir son équipe disparaître. La première a été dévoilée par le capitaine Petru Racu. Pris de cours comme tous ses coéquipiers par l’annonce officielle du retrait de son équipe suite à une réunion d’urgence du comité directeur de la FMF ce matin, le capitaine du FC Veris a avoué à un reporter de Moldfootball que le club n’avait plus d’argent. Le club compte selon lui plusieurs mois de retard dans le paiement des salaires. Fatigué d’investir à perte, Niculăiţă aurait arrêté de financer son club, et décidé de le faire disparaître. Une autre affaire a été dévoilée dans le même temps. On a ainsi appris qu’un des joueurs de l’équipe jouerait avec un faux passeport. Né en Ukraine, Alexandr Cucerenco a acquis voila quelques temps la nationalité moldave. Un changement de nationalité qui se serait accompagné d’une modification de sa date de naissance, passée de 1991 sur son état ukrainien à 1994 en Moldavie. Une affaire qui lui vaut une suspension de la part de la FMF mais pourrait causer des ennuis judiciaires à Niculăiţă, son employeur.

Petru Racu, défenseur de formation, fêtant la saison dernière son but face au Zimbru

Quoi qu’il en soit, le FC Veris est mort. Et comme le club s’est retiré avant d’avoir disputé la moitié du championnat, ses résultats sont annulés et il disparaît purement et simplement du classement. Un nouveau coup dur pour le championnat de Moldavie, puisque c’est la deuxième équipe à faire défection cette saison. Déçu par le manque de résultats son équipe, le président du FC Costuleni avait également décidé de retirer son équipe du championnat il y a deux semaines, et de la faire repartir en deuxième division la saison prochaine, afin de réduire ses dépenses. Le FC Veris ne pourra bénéficier d’une telle clémence. Son exclusion a été doublée par la FMF d’une interdiction de toute compétition pendant trois ans. S’il le voulait, le FC Veris ne pourrait revenir en division inférieure qu’à l’été 2018. Ce qui semble néanmoins peu probable…

L’histoire aura donc été courte. Mais en quatre ans d’existence, le FC Veris aura montré qu’il était possible de tenir tête au Sheriff Tiraspol. Avec des moyens financiers inférieurs, mais surtout avec une équipe composée exclusivement de joueurs moldaves, quand l’armada jaune et noire compte plus de Brésiliens que de joueurs locaux. Une bonne partie d’entre eux a d’ailleurs rejoint l’équipe nationale ces deux dernières années. Leader du championnat, le FC Veris bousculait les traditionnelles places fortes du championnat – Sheriff Tiraspol et Dacia Chişinău – et redonnait espoir et fierté à la partie occidentale du pays dans son combat politique contre la Transnistrie. Il laisse aujourd’hui un championnat totalement décrédibilisé (enfin, s’il a pu l’être vraiment…) et un paquet de joueurs libres de tout contrat. Le Dacia Chişinău en profite lui pour prendre la tête du championnat, en attendant le derby de demain face au Zimbru.

Le classement de Divizia Naţională jusqu’à aujourd’hui:

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Et le nouveau classement officiel depuis ce matin:

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Le Sheriff Tiraspol et le Zimbru Chişinău, seuls clubs à avoir battu le FC Veris cette saison, sont les grands perdants dans cette affaire parmi les clubs restant en lice. Mais nul doute qu’avec l’afflux massif de joueurs disponibles cet hiver, les cartes vont être différentes après la trêve.