Vous le savez, tout va très vite dans le football en Roumanie. Les clubs montent, descendent, apparaissent ou disparaissent plus vite qu’il ne faut de temps pour le dire. Certains, à l’image du Corona Braşov l’an dernier ou du Victoria Brăneşti voilà deux ans, ont disparu corps et biens à l’issue même de leur première saison dans l’élite. Oui, tout va vite en Liga 1. Les entraîneurs ne font pas exception à la règle. Cette première partie de saison 2014-15 non plus.
Après une saison 2013-14 plutôt calme, les hostilités ont repris de plus belle sur les bancs. Des présidents impatients, des résultats parfois médiocres mais également une période de crise économique qui touche les clubs de plein fouet, les raisons de ces valses d’entraîneurs sont souvent les mêmes. Les dernières en date ne sortent pas des clous: alors que la trêve était entamée depuis une semaine, Gigi Mulţescu a démissionné quelques jours avant Noël de son poste au Petrolul Ploieşti. Deux versions s’opposent sur son départ. Alors que les médias ont beaucoup parlé d’un problème de communication avec ses joueurs, qui auraient insisté pour son départ, Mulţescu avance une autre cause. « Ces derniers temps, j’ai protégé les joueurs vis-à-vis des problèmes du club. J’ai été à la fois entraîneur et psychologue, je les ai tenus à l’écart des difficultés du président, » a-t-il affirmé au journal Gazeta Sporturilor. Selon lui, ce n’est pas l’humain qui est en cause, mais plutôt l’aspect matériel. En difficultés financières (le club risque deux points de pénalité à la suite d’un plainte d’un hôtel pour une ardoise de 10 000 euros), ses dirigeants poursuivis, le club devrait voir ses meilleurs éléments quitter le navire dès cet hiver. Une idée que le technicien de 63 ans ne pouvait supporter. Dommage pour un entraîneur dont le bilan est excellent. Depuis son arrivée mi-septembre en succession de Răzvan Lucescu, Mulţescu avait redressé l’équipe de Ploieşti avec 8 victoires pour 4 nuls et une seule défaite (contre le Steaua) en championnat, et une qualification pour les demi-finales de Coupe de Roumanie.
Mulţescu n’aura tenu que trois mois sur le banc du Petrolul Ploieşti.
On pensait Mulţescu être le dernier débarqué de cette année 2014, on avait tort. Fidèle à ses habitudes, la Liga 1 s’est montré surprenante avec deux nouveaux entraîneurs quittant leurs fonctions entre Noël et le jour de l’An. Après avoir résilié les contrats de la majorité de ses joueurs, le Rapid Bucarest a mis fin à celui de son entraîneur Marian Rada. Dans le même temps, Cristi Pustai mettait fin à son contrat d’un commun accord avec l’ASA Târgu-Mureş. Une décision surprenante de sa part, puisqu’il avait amené le club transylvain à la 5e place du championnat après l’avoir rejoint en cours de saison. Encore plus surprenant, cette résiliation a été conclue à sa demande afin de lui permettre de rejoindre la lanterne rouge du championnat, le Rapid! Une décision difficile à comprendre de la part du technicien, qui quitte un club potentiellement européen pour le dernier détaché du classement, mais également de la part du club bucarestois. Après s’être séparé de 19 de ses 29 joueurs sous contrat, principalement à cause de ses problèmes financiers, le Rapid s’offre les services de Pustai pour un montant exorbitant: 12 000 euros par mois, ce qui en fait le deuxième entraîneur le mieux payé de Liga 1, après Oleg Protasov (15 000 euros par mois). Mieux, le club promet une prime de 50 000 euros s’il est sauvé en fin de saison! Un pari qui en inquiète certains dans l’entourage de ce club déjà relégué administrativement l’an dernier, mais qui explique certainement le choix sportif de celui qui avait fait des miracles avec les Pandurii ces dernières années.
Avec ces mouvements de fin d’année, la Liga 1 fait fort cette saison, avec 21 changements d’entraîneurs en 17 journées. Et encore, sans compter les nominations de l’intersaison. Sur les cinq techniciens arrivés cet été dans leur club, seul Constantin Gâlcă, l’entraîneur du Steaua, est encore en poste. Ce qui fait de lui l’un des entraîneurs actuels à la plus grande longévité en L1. La liste des entraîneurs virés ou démissionnaires cette saison est éloquente: Marin Barbu (Ceahlăul, 2e j.), Cornel Tălnar (FC Braşov, 3e j.), Bogdan Stelea (Viitorul, 4e j.), Marius Lăcătuş (Iaşi, 5e j.), Ionel Gane (U Craiova, 6e j.), Mihai Teja (U Cluj, 6e j.), Răzvan Lucescu (Petrolul, 7e j.), Hans Michael Weiss (Oţelul, 7e j.), Adrian Falub (Târgu-Mureş, 9e j.), Ionel Ganea (Rapid, 9e j.), Ionuţ Chirilă (Iaşi, 10e j.), Daniel Isăilă (Astra, 10e j.), Bogdan Vintilă (Viitorul, 10e j.), Flavius Stoican (Dinamo, 14e j.), Vasile Miriuţă (CFR Cluj, 15e j.), Cristian Dulcă (Gaz Metan, 16e j.), Petre Grigoraş (Pandurii, 17e j.), Ionel Dănciulescu (Dinamo, 17e j.) et donc Gigi Mulţescu (Petrolul), Marian Rada (Rapid) et Cristi Pustai (Târgu-Mureş) après la 17e et dernière journée disputée en cette première partie de saison. Gloire aux entraîneurs du FC Botoşani (Leontin Grozavu) et du Concordia Chiajna (Marius Sumudică), seuls survivants de la saison dernière!
Le phénomène n’est néanmoins pas nouveau en Roumanie. Le Steaua, à la relative stabilité actuelle, en est le meilleur exemple. Lors de la saison 2010-11 par exemple, le club bucarestois en était à son quatrième entraîneur avant même la trêve hivernale! Il en consommera encore deux pendant la seconde partie de saison. Depuis son arrivée à la tête du club à la fin des années 90, Gigi Becali, homme impatient s’il en est, a changé une trentaine de fois d’entraîneur dans son club. Une moyenne de deux par an.
Mais il n’est pas le seul. L’ensemble des clubs est ainsi touché chaque année. Les cinq dernières saisons en attestent: 23 changements d’entraîneur en 2009-10, 21 en 2010-2011, 25 en 2011-12, 26 en 2012-13 et 25 la saison dernière. Et encore, ces changements ne sont que ceux effectués en cours de saison, et n’incluent donc pas ceux d’intersaison, qui feraient encore gonfler les chiffres. Dans de très rares cas, l’entraîneur part pour un meilleur poste, comme Vladimir Petrovic parti de Timişoara pour la sélection serbe en 2010, Mircea Rednic parti du Petrolul en 2012 pour tenter sa chance au Standard de Liège ou Viorel Moldovan, qui a quitté cet été le Rapid pour prendre en charge la sélection espoirs roumaine. Les exceptions qui confirment la règle: les techniciens ne sont guère mieux traités que des mouchoirs en papier de mauvaise qualité. A ce titre, la saison actuelle est partie pour être un grand cru. Largement leader du championnat, lui-même n’est pas à l’abri. Les mauvaises performances européennes de son équipe ont causé un important manque à gagner. L’argent étant le nerf de la guerre, et plus encore en cette période difficile pour l’ensemble des clubs, un titre – et même un doublé championnat-coupe – pourrait ne pas suffire à le sauver.
Même quasiment assuré du titre, Gâlcă n’est pas certain de finir la saison au Steaua.
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Magnifique article très interessant et comme toujours très complet.Bravo Pj une fois de plus pour ta culture du football roumain et pour tes articles que j’adore.
Si Galca s’en va, je postule au Steaua.
Non aller je sors..
Ce serait marrant/intéressant de faire un classement des championnats avec le plus d’entraineurs limogés/remplacés ^^
Je pense que la Roumanie serait dans le haut du tableau, mais pas forcément la pire !
Quand je pense qu’en Angleterre, Ferguson était à son poste à Manchester avant même ma naissance ( Je ne suis pas encore vieux m’enfin, c’était pas avant hier non plus ) !
C’est vrai qu’en Roumanie, les entraineurs n’ont aucun pouvoir et ne sont que des kleenex ( et encore, un kleenex peut s’utiliser plus d’une fois ) et les patrons sont tout puissant, et d’une arrogance et d’une incompétence sans nom !
Je devrais postuler pour un poste de président de club en Roumanie, honnêtement je ne pourrais pas faire pire, au moins mon club ne disparaîtrait pas et l’entraineur pourrait se prendre un appart’ avec un bail de plus d’un mois !
J’espère tout de même que Galca restera, même si la saison européenne a été décevante, je le préfère à Reghecampf, trop sanguin à mon goût.. et qui pourrait le remplacer de toute manière ? à part Petrescu à la limite, la je veux bien..
Enfin bon, Pour Pustai, pareil.. incompréhensible ! Le patron de Targu Mures m’a l’air d’être un sacré débile ! Il aurait signé sans soucis pour le maintient en liga 1, et maintenant que l’équipe est 5e il trouve les résultats insuffisants ? Vil margoulin des marais !
Bonne année tout le monde tout de même !
Sanmartean et Szukala qui quittent le Steaua… Putain je vais chier mou pendant une semaine !
C’est quoi ces entraineurs Roumains qui quittent le pays pour aller prendre le fric dans le Golfe et qui en plus affaiblissent les clubs de leurs pays, un peu de nationalisme bordel de cul ! C’est foutu pour ces deux la pour le prochain euro en tout cas, même si pour Sanmartean je garde un peu d’espoir.. un peu comme Hagi en 2000
Tes sources concernant ces départs? ou ont ils signés?
Je viens de lire que Tanase allait quitter le Steaua.
Becali demanderait 3 millions de francs.
A l’époque, l’Olympiakos était interessé, à voir ou il va signer.
J’ai une idée d’article à ce sujet. Mais bon, ça fait bcp de Roumanie sur PF et rien d’autres pays. Embêtant.
Concernant Sânmartean, je pense qu’il vient de faire une croix sur la sélection avec ce départ. Il ne sera plus visible, et dans un tel championnat, difficile d’être vu à sa vraie valeur, même en faisant de bons matchs. J’ai pour souvenir Mirel Radoi, qui n’a plus été sélectionné dès qu’il a quitté le Steaua pour Al-Hilal, alors qu’il était incontournable à l’époque. Pintilii en est un exemple plus récent. Adulé l’an dernier, oublié aujourd’hui. La « chance » de Sânmartean, c’est qu’il est pour le moment difficile de lui trouver un remplaçant valable pour le moment. Prepelita peut-être? Bref, peut-être qu’il finira les éliminatoires, ou du moins une partie, mais je ne le vois pas aller à l’Euro.
L’ironie du sort, c’est que c’est le même Piturca, qui l’a ignoré pendant des années avec la sélection, qui finit par l’en priver en le ramenant dans le Golfe.
@Bastien: c’est officiel, ils ont signé tous les deux à Al-Ittihad, club entraîné par Victor Piturca. C’est également là que Tanase devrait partir. J’en ai parlé sur la page Twitter de PF notamment. L’Olympiacos, c’est vieux. Aucun club européen n’est sur le coup à priori.
Je viens de voir effectivement sur prosport, on arrive un peu à deviner même si c’est en roumain.
Szukala, c’est une grosse perte à mon avis.
Tanase, difficile à dire, il a un gros potentiel mais semble parfois un peu irréguliers.
Je me souviens d’un match entre le Steaua et le FC Bâle ou Tanase avait été decevant, mais j’avais bien aimé Popa et Latovlevici.
Pour en revenir aux transferts, je comprends que le club ait besoin d’argent mais j’espère que ca empechera pas le club d’être compétitif.
Cela vient surtout du fait que ces joueurs sont tous en fin de contrat en juin. Ils partiront donc libres en fin de saison, sauf si Al-Ittihad allonge la monnaie pour les prendre dès cet hiver. Enfin, pour le Steaua, le problème majeur n’est (à priori) pas la fin de cette saison, mais plutôt le début de la prochaine, avec une impérative qualification en LdC.
Oui j’espère sincèrement qu’ils se qualifieront pour la prochaine league des champions.
Mais ca va dépendre aussi de la capacité à aligner une équipe competitive et surtout ne plus se planter contre des adversaire du calibre de Ludogorets Razgrad ou du Partizan Belgrade.Je pense que le Steaua a toutes les armes pour passer ce genre d’adversaires.
Ils sont aussi partis du fait de leurs âge ( 34 pour Sanmartean et 30 pour Szukala ) donc un transfert dans une bonne équipe de l’ouest… cest limite trop tard, et autant avoir un peu d’argent pour la retraite.
Surprenant effectivement que Piturca enlève ses œillères et prennent Sanmartean en club maintenant, lui qui aime les joueurs physiques façon Goian ( ou Szukala ).
Reghecampf doit avoir les boules, lui qui adorait ces deux joueurs x)
Tanase devrait les rejoindre.. Potentiel ? Mouais, il n’a jamais élevé son niveau de jeu, toujours constant mais toujours un peu mieux que moyen quoi, il a fait son temps, qu’il parte
En sélection comme au Steaua, les remplacer sera difficile, aucun Roumain n’est similaire à Sanmartean, pas même Stanciu ou Iancu ( les sois disant futurs cracs ) qui pour le moment déçoivent.. La saison prochaine s’annonce assez difficile, si Tanase part et Arllauskis aussi, ils auront juste perdus leurs 4 meilleurs éléments. La non qualification en ligue des champions se paye maintenant..
Pour revenir au sujet initial de ce billet, on compte un nouvel entraîneur en Liga 1. Pas moyen de rester tranquille deux jours dans ce championnat de gros tarés! Aujourd’hui, c’est le FC Brasov qui annonce le départ d’Adrian Szabo, dont une bonne partie des joueurs demandaient encore le maintien jusqu’à hier.
Plusieurs entraîneurs ont néanmoins été contactés ces dernières semaines. Dusan Uhrin Jr en premier lieu, mais il a décliné l’offre, préférant rejoindre le Dinamo Minsk (qui avait éliminé le CFR Cluj en préliminaires d’Europa League cet été). Grigoras puis Isaila ont également refusé de signer. A chaque fois à cause de la situation financière du club qui est plus que précaire. C’est finalement un Croate qui dirigera les entraînements à la reprise. Il s’appelle Vjekoslav Lokica et arrive du FK Zagreb, leader de la deuxième division croate.
Coucou,
Merci pour cet article ! Je viens d’apprendre beaucoup sur le foot en Roumanie…