Aujourd’hui est disputée la finale de la Copa América entre l’Argentine et le Chili, hôte de la compétition, qui espère toujours le premier sacre de son histoire. L’occasion pour PF de se pencher sur l’un des plus illustres joueurs du continent sud-américain. Un joueur qui malgré son talent et son palmarès – il a remporté quatre fois cette Copa América avec l’Argentine! – reste trop méconnu en France. Jose Manuel Moreno est pourtant considéré comme l’un des meilleurs joueurs sud-américains du siècle dernier, derrière les éternels Pelé, Maradona et Di Stefano. Etincelant attaquant des années 40 et 50, l’Argentin surnommé El Charro est moins connu que ses illustres compatriotes, mais il reste celui qui le premier a remporté le titre national dans quatre pays différents. Un exploit qui en dit long sur ses qualités vu la courte liste des joueurs à avoir réussi cet exploit (Jarosik, Rivaldo, Robben, Deco en font partie).
Moreno naît en 1916 à l’ombre de La Bombonera, l’antre de Boca Juniors. Après avoir grandit dans les quartiers proche du stade, il fait naturellement ses premiers tests pour Boca à 15 ans, mais le club le refuse. Moreno promet que le club le regrettera un jour. En attendant, son rêve de football s’éloigne: son père l’envoie dès les jours suivants travailler à l’usine.
Sa revanche sur Boca, Moreno l’obtient trois longues années plus tard. Recommandé par Bernabé Ferreyra, illustre attaquant du club, Moreno intègre les équipes réserves de River Plate, avant d’être sélectionné par son manager hongrois, Emérico Hirschl, pour une tournée au Brésil. Du haut de ses 81 ans, c’est lui qui encourage et calme ses coéquipiers, fort d’une confiance inébranlable en ses capacités. A l’ouverture du championnat d’Argentine, Moreno joue son premier match et marque son premier but le 17 mars 1935, contre Platense. C’est le début de neuf saisons sous le maillot de River Plate. Neuf saisons exceptionnelles, couronnées par cinq titres de champion. Moreno est le joueur-clé de La Máquina, la ligne d’attaque inarrêtable qu’il forme avec Adolfo Pedernera, Ángel Labruna, Juan Carlos Muñoz et Félix Loustau. Si les cinq joueurs qui composent la Máquina ne jouent finalement que peu de temps ensemble, ils sont à la base d’une longue ère de domination de River, qui domine l’Argentine pendant près de dix ans, remportant le championnat en 1936, 1937, 1941, 1942 et 1945, et terminant quatre fois deuxième. En club, Moreno marque 156 buts en 256 rencontres. Dans le même temps, il remporte deux Copa América avec la sélection argentine, en 1941 et 1945, avant de partir pour le Mexique. Il marque également en 1942 le 500e but de l’histoire de la compétition lors d’un match contre l’Equateur remporté 12-0 où il s’offre un quintuplé.
Muñoz, Moreno, Pedernera, Labruna, Loustau, les cinq éléments de la Máquina.
Au lendemain de son cinquième titre national, Moreno est ainsi transféré au Club España. S’il ne reste qu’une saison au Mexique, c’est suffisant pour y emporter le titre national, en 1945-46. Il y gagne aussi son surnom, El Charro, terme désignant les cowboys traditionnels mexicains.
Après cette escapade mexicaine, Moreno revient à River Plate pour trois saisons. Un retour qui déclenche une journée de fête populaire qui dépasse le simple cadre du club. Avec lui et Di Stefano, le club remporte un nouveau titre de champion en 1947, avant de terminer deux fois deuxième du championnat. Il remporte également en 1947 une nouvelle Copa América, édition dont il est élu meilleur joueur.
En 1949, Moreno part au Chili, à l’Universidad Católica. C’est encore une fois un succès, puisqu’il remporte le championnat pour sa seule saison au club. Son passage au Chili y est aujourd’hui encore considéré comme le meilleur pour un joueur étranger. Le 18 septembre 2010, jour du Bicentenaire de l’indépendance du Chili, le journal El Mercurio publie une enquête qui le place comme étant le joueur étranger le plus important de l’histoire du football chilien.
Jose Manuel Moreno sous le maillot de la U
L’année suivante, Moreno réalise enfin son rêve d’enfant en jouant une saison sous le maillot de Boca Juniors. Le club termine deuxième du championnat (derrière le Racing Club mais un petit devant River Plate), et Moreno repart à l’Universidad Católica.
Une saison plus tard, nous sommes en 1952, Moreno tente sa chance en Uruguay, au Defensor Sporting de Montevideo, sans succès. Le championnat d’Uruguay reste le seul qu’il ait disputé sans le remporter. Une petite année plus tard, il rentre en Argentine, au Ferrocarril Oeste, pour quinze petits matchs, et toujours sans titre à la clef.
C’est en Colombie que Moreno termine sa carrière et remporte ses derniers titres. Il débarque en 1954, à 38 ans, à l’Independiente Medellin en tant que manager-joueur. Et c’est en 1955 qu’il devient le premier joueur à remporter quatre titres nationaux dans quatre pays différents, Argentine, Mexique, Chili et donc Colombie. Deux années plus tard, il remporte son dixième et dernier titre national. Et c’est avec ce même club qu’il dispute son jubilé en 1961 – à 44 ans! – contre Boca Juniors, un match qu’il dispute comme entraîneur et joueur, et qu’il gagne 5-2 en marquant deux derniers buts. Au total, celui qui est considéré comme le meilleur joueur de l’histoire de l’Argentine avant l’avènement de Diego Maradona a marqué 850 buts en 950 matchs durant sa longue carrière.
Sa carrière d’entraîneur sera elle moins brillante que sa carrière de joueur. Brièvement sélectionneur de l’Argentine en 1959, il passe ensuite sur le banc de Boca Juniors, Huracán et All Boys en Argentine et Colo-Colo au Chili, sans grand succès. Le leader de La Máquina passe ses deux dernières années à entraîner le Deportivo Merlo, en troisième division argentine, avant de s’éteindre le 26 août 1978, l’âge de 62 ans. Le stade du Deportivo Merlo est alors rebaptisé de son nom, et l’équipe est depuis connue sous le nom de Los Charros.
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3 commentaires
Super article PJ ! Merci.
Il n’a pas l’air commode à bouger le Carros… ll devait avoir un style à faire des rushs balle au pied, comme on aime tous. Dommage que l’on ait pas d’image…
Les 5 de la maquina font trembler…
http://www.national-football-teams.com/player/18643/Jose_Manuel_Moreno.html
voici sa carriere en championnat , un bon attaquant de seulement 1m78
dommage qu’il s’est éteint si tot à 62 ans seulement .
Super billet ! J’avoue que je ne le connaissais pas …